Dossier
La partie Est de la RDC, notamment la province du Nord-Kivu et particulièrement le territoire de Beni-Butembo, reste encore une poudrière. Les rebelles tuent, violent et pillent les paisibles citoyens sous la barbe tant des FARDC que de Casques bleus de la Monusco.
La preuve ? Dans la nuit de samedi 22 à dimanche 23 septembre, de 18h00 à 00h00, des armes lourdes et légères ont crépité en pleine ville de Béni, dans la province du Nord-Kivu. Le bilan provisoire fait état de 14 civils et de 4 militaires tués à l'issue de ces affrontements qui ont duré plus de 6 heures, soit de 18h00 à 24h00, aux encablures du centre-ville de Beni.
C'est la première fois, depuis quatre ans, que la guerre arrive jusqu'au centre-ville de Béni. Pourtant, Béni est une des rares villes à être surmilitarisée depuis les derniers événements malheureux que la ville a connus.
Même si elles ne sont pas toutes aussi meurtrières, ces violences sont quasi quotidiennes et ces massacres à répétition et à grande échelle ressemblent effectivement à un plan d’extermination de nos populations, au point qu’on parle parfois de la situation qui prevaut à Beni comme d’un « génocide oublié ».
Effectivement, les conflits du Kivu, dont Beni semble être le point névralgique, font rarement les unes des médias internationaux, sauf lorsqu’il s’agit des meurtres d’étrangers comme le massacre des 15 Casques bleus tanzaniens en décembre dernier.
Les guerres à l'Est: une des conséquences des tueries
Au cœur de la région des Grands Lacs, l'Est de la RDC a sombré dans deux guerres entre 1996 et 2003, avec un retournement d'alliance de Kinshasa contre le Rwanda et l'Ouganda.
Ces guerres sont contemporaines de l'explosion de l'industrie du téléphone portable ; de nombreux rapports ont qualifié le coltan de "minerai de sang" alimentant les groupes armés et la violence au Kivu.
Ces conflits, et ses conséquences (maladie, famine...), ont fait des millions de morts – dépassant même, selon certains experts, le nombre des victimes de la 2ème guerre mondiale – sans que cela n’émeuve la communauté internationale.
Un quart de siècle plus tard, le Rwanda et l'Ouganda n'interviennent plus directement sur le sol congolais, et le nombre de victimes a changé d'échelle. Mais la violence et l'instabilité menacent toujours la vie de millions de Congolais de cette région densément peuplée.
Si ce fut d’abord par Les Forces de Libération du Rwanda (FDLR, d'inspiration hutus rwandaises) et les divers groupes de rebelles congolais CNPR, M23 avant d’être vaincu ou de déposer les armes. Depuis octobre 2014 c’est une mystérieuse nébuleuse milice des ADF qui sévit et qui sont désormais tenues responsables du massacre à répétition dans la région.
Historiquement il s'agissait d'un groupe ougandais musulman qui s'est replié en 1995 dans l'est de la RD Congo pour combattre le président ougandais Yoweri Museveni. Les ADF ont massacré des centaines de personnes dans la région de Beni sans revendication précise.
En effet, après chaque attaque, cette milice n'affiche ni leader ni revendication. Son affiliation à l'islamisme radical n'a jamais été prouvée au point que beaucoup de rumeurs circulent sur les véritables commanditaires et intentions de ce groupe.
Le président Kabila avait promis depuis son premier quinquennat en 2006 de restaurer la paix dans l'Est de la RDC. Douze ans après, cette promesse demeure toujours vaine. De son côté, La communauté internationale, qui au travers de l’Onu, s’est toujours dite préoccupée par la situation à l’est pour notamment justifier la présence massive de la Monusco, et son déploiement en RDC, reste tout aussi inefficace face à l'insécurité à l'Est.
« Comment comprendre qu'avec la présence et le déploiement impressionnant des Forces armées de la République démocratique du Congo dans la région, avec la présence massive de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) (...) on n'arrive pas à endiguer ce fléau ? », s’interrogeait dernièrement encore, Mgr Sikuli Paluku, l’évêque de Beni-Butembo.
Une question pertinente qui, après plusieurs années d’atermoiement, se pose désormais ouvertement à tous et qui attend des réponses concrètes ; mais surtout des actes précis et efficaces de la part des autorités ainsi que de la communauté internationale.
Le Potentiel/AFP
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