Dossier
Comme indiqué lors de son discours de l'Etat de la Nation mercredi 05 avril, le président Joseph Kabila a nommé dans les 48h, l'opposant Bruno Tshibala Premier ministre en remplaçement de Samy Badibanga; qui avait déposé quelques heures plus tôt sa demission au chef de l'Etat.
Porte-parole du "Rassemblement" constitué autour de la figure historique de l'opposition congolaise Étienne Tshisekedi, Bruno Tshibala a contesté la légitimité de Félix Tshisekedi à la tête de l'opposition après la mort de son père le 1er février dernier et a été exclu pour cela du Rassemblement et de l'UDPS, le parti fondé par Tshisekedi, dont il était l'un des principaux dirigeants.
La nomination de M. Tshibala, âgé de 61 ans, découle de l'accord conclu le 31 décembre entre l'opposition et la majorité pour tenter de sortir la RDC suite au report des élections faute de moyens et, par conséquent, du maintien au pouvoir du président Kabila après le 20 décembre; date à laquelle a expiré son deuxième et dernier mandat constitutionnel. Au terme de l'accord de la Saint-Sylvestre, l'opposition s'est accommodée de ce maintien au pouvoir en échange de la promesse d'une présidentielle avant la fin de l'année 2017.
La mise en oeuvre de l'accord de la Saint-Sylvestre a été beaucoup plus longue que ne l'espéraient les évêques de la Cenco: la nomination d'un Premier ministre issu de l'opposition aurait en effet dû intervenir dans le courant du mois de janvier, selon le programme d'application de l'accord proposé par les prélats.
Entre-temps, des disputes entre le pouvoir et l'opposition sur le partage des postes au sein du nouvel exécutif et les modalités d'application de l'accord, compliquées par de profondes dissensions au sein du Rassemblement et des manœuvres dilatoires de la Majorité, ont retardé les choses provoquant le courroux de l'Église qui a dénoncé à plusieurs reprises "la mauvaise foi" des hommes politiques congolais, toutes tendances confondues, leur reprochant de privilégier leurs intérêts particuliers et non l'intérêt général.
Il aura fallu au final attendre une intervention personnelle du chef de l'Etat lui-même pour voir une solution se préciser par la personne de Bruno Tshibala. Toutefois, après plus de trois mois de tergiversations, cette nomination est un choix qui fait déjà polémique. Qui plus est, elle est susceptible de relancer le cycle de violences qu'a connu le pays durant la fin officielle du mandat du chef de l'Etat et, avec comme conséquence, le risque de voir la tenue d'élections dans le délai prévu par l'accord de la Cenco, et garantie par le président Kabila – qui ne cesse de déclarer vouloir mener la RDC vers les élections et une transition pacifique – comme hautement incertaine…
Belga/Mediacongo.net
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