Cinq éléments à retenir de la convention démocrate

La convention républicaine aura lieu la semaine prochaine.

Quatre soirées et des dizaines de discours ont permis de mieux comprendre la stratégie démocrate en vue de l’élection présidentielle américaine. En voici quelques éléments.

1- Donald Trump, le président qui rassemble les démocrates

Cette semaine, son nom a été mentionné presque aussi souvent que celui de Joe Biden. Après quatre ans à la Maison-Blanche, le 45e président fait l’unanimité chez les démocrates. Selon la firme de sondage Gallup, 95 % d’entre eux désapprouvent son travail.

De Barack Obama, qui a reproché à son successeur de faire de la présidence une télé-réalité, à Bernie Sanders qui a appelé à s’unir pour défaire Donald Trump, les figures de proue du parti n’ont pas manqué de rappeler qu’en 2020, ce qui l'unit le plus, c’est sa volonté de faire de Donald Trump le président d’un seul mandat.

Une politicienne démocrate rencontrée cette semaine en Pennsylvanie me confiait qu’elle sentait un plus grand enthousiasme qu’il y a quatre ans chez les électeurs de son parti. Pas à cause de Joe Biden, mais en raison de Donald Trump, précisait-elle.

2- La crise de la COVID-19 au coeur des élections

En tant que président, la première chose que je ferai sera de contrôler ce virus qui a ruiné tant de vies, a promis le candidat démocrate jeudi.

Il ne fait aucun doute que les crises sanitaires et économiques aux États-Unis occuperont une place centrale dans le message du tandem Biden-Harris d’ici au 3 novembre.

L’échec de leadership de Donald Trump a coûté des vies, a lancé Kamala Harris, en référence aux plus de 170 000 victimes américaines de la COVID-19.

La colistière de Joe Biden, Kamala Harris, a dénoncé l'absence de leadership de Donald Trump. PHOTO : ASSOCIATED PRESS / CAROLYN KASTER

D’autres en ont profité pour mettre en relief le contraste entre l’actuel occupant de la Maison-Blanche et celui qui entend prendre sa place. Michelle Obama a par exemple promis que Joe Biden dira la vérité et écoutera la science.

Avec un taux de chômage qui demeure au-delà des 10 %, les démocrates voient aussi l’occasion d’attaquer Donald Trump à propos de son bilan économique, un des dossiers sur lequel le président entend miser en vue de sa réélection.

Parmi les autres thèmes abordés par Joe Biden et Kamala Harris, la lutte contre les inégalités raciales a évidemment pris beaucoup de place.

Les changements climatiques, l’accès à la santé et la lutte contre les inégalités économiques ont aussi été soulignés pendant la convention et dans le discours de Joe Biden.

3- Une unité à préserver

Il y a quatre ans, les dissensions entre le camp Clinton et le camp Sanders étaient évidentes au sein du Parti démocrate. Même pendant la récente course à l’investiture, des débats comme celui autour de l’accès à l’assurance maladie ont mis en évidence différents courants de pensée.

Pour éviter d’accentuer ces divisions, l’entourage de Joe Biden a donné une place de choix à son principal rival, Bernie Sanders, qui s’est exprimé le premier soir de la convention.

Même si l’ancien vice-président n’a pas adopté la proposition du sénateur du Vermont d’offrir l’assurance maladie pour tous, Bernie Sanders et certains de ses alliés ont participé à des groupes de travail qui ont fourni des recommandations pour la plateforme électorale.

Grand rival de Joe Biden dans la primaire, le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders a aussi prononcé un discours de façon virtuelle.

La coalition qu’entend bâtir Joe Biden va au-delà des différentes factions démocrates. Je serai le candidat des démocrates, mais le président des Américains, a-t-il déclaré dans son discours.

Tout au long de la semaine, différents républicains déçus de Donald Trump ont pris la parole dans le cadre de la convention.

Ainsi, John Kasich, l’ancien gouverneur républicain de l’Ohio, a présenté une vidéo de près de quatre minutes, alors que la représentante de New York Alexandria Ocasio-Cortez, véritable figure de proue du mouvement progressiste, ne s’est exprimée que pendant un peu plus d’une minute et demie.

Certains de ces choix ont d’ailleurs fait sourciller des militants. Moi-même je ne sais pas quelle est leur idéologie, m’expliquait hier une jeune électrice progressiste de Pennsylvanie, qui se questionnait sur la stratégie de son parti pour mobiliser la base.

4- Voter, voter, voter

Entre 2012 et 2016, la participation des électeurs démocrates a chuté dans des États-clés, notamment le Michigan et le Wisconsin, qui ont basculé dans le camp républicain.

Quatre ans plus tard, les démocrates veulent éviter que le scénario se répète et que certains de leurs sympathisants restent à la maison le jour du scrutin.

La participation, véritable clé de cette élection, a donc été au coeur des allocutions de nombreux orateurs, qui ont appelé les électeurs à s’enregistrer et à voter par tous les moyens possibles, que ce soit par anticipation, en personne le jour de l’élection ou par la poste, une méthode qui est dans la ligne de mire du président Trump.

Hillary Clinton a invité les citoyens américains à aller voter à l'élection de novembre pour éviter des lendemains décevants.

5- Une formule inédite

Être assis devant un écran de télévision ou d’ordinateur ne procure évidemment pas le même sentiment que celui de se retrouver dans un amphithéâtre rempli de militants.

Les applaudissements sur vidéo de quelques personnes à la fin des discours rendent par ailleurs difficile de juger du niveau d’enthousiasme des troupes.

Pour les partis, une convention virtuelle permet aussi d’éviter les imprévus.

En 2016, par exemple, des partisans de Bernie Sanders avaient choisi de quitter l’amphithéâtre Wells Fargo de Philadelphie en guise de protestation.

C’est l’un des grands défauts de l’exercice auquel les démocrates ont été contraints de se livrer cette année : il ne permet pas aux observateurs de mesurer en direct la dynamique au sein du parti.

La formule a néanmoins permis certaines innovations intéressantes, comme l’appel nominal pendant lequel les délégués de tous les États donnent leur appui à un candidat.

Cette année, les Américains ont pu voyager dans leur pays avec des délégations qui ont fait parvenir des vidéos parfois tournées devant un lieu iconique, ou encore mettant en vedette des personnalités importantes de leur État.

Rendez-vous la semaine prochaine pour la convention républicaine.