Afrique
Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu en Tunisie le 6 octobre. Alors que le doute planait sur l'organisation du scrutin cette année, le chef d’État Kaïs Saïed, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs et a fait adopter une nouvelle constitution, l’a annoncée en début de semaine. Quels sont les enjeux de ce scrutin pour lui et pour l’opposition ? Michaël Ayari, analyste principal à l'International Crisis Group en charge de la Tunisie, est l’invité d’Afrique midi.
Le président tunisien Kaïs Saïed, au pouvoir depuis 2019 et dont le mandat de cinq ans touche à sa fin, a annoncé mardi la tenue d'une élection présidentielle le 6 octobre prochain. Le chef de l'État n'a pas précisé s'il serait candidat.
Une élection présidentielle sera organisée en Tunisie le 6 octobre, a annoncé mardi 2 juillet le chef de l'État, Kaïs Saïed, au pouvoir depuis 2019 et dont le mandat de cinq ans expire à l'automne.
Kaïs Saïed, 66 ans, qui s'est octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021 et a fait vaciller la jeune démocratie tunisienne née de la première révolte du Printemps arabe, n'a pas annoncé s'il briguerait un nouveau mandat.
"Le président de la République a émis un décret ce jour, le 2 juillet 2024, convoquant les électeurs pour une élection présidentielle le dimanche 6 octobre 2024", a indiqué la présidence dans un communiqué.
Spécialiste de la Constitution, élu démocratiquement en octobre 2019, Kaïs Saïed accapare tous les pouvoirs depuis son coup de force de juillet 2021 lorsqu'il a, après plusieurs mois de blocage politique, limogé le Premier ministre et gelé le Parlement avant de le dissoudre.
Il a depuis fait adopter une nouvelle Constitution par référendum à l'été 2022, instituant un nouveau système de deux chambres aux pouvoirs très limités : l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et un Conseil national des régions et des districts. Cette révision constitutionnelle a fait passer la Tunisie d'un régime parlementaire à un système ultraprésidentialiste qui consacre, selon ses détracteurs, la dérive autoritaire de Kaïs Saïed.
"Chasse aux sorcières"
Depuis le printemps 2023, les principaux opposants ont été emprisonnés, notamment le chef du parti islamo-conservateur Ennahda, Rached Ghannouchi, et la présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, nostalgique des dictatures du héros de l'indépendance Habib Bourguiba et de Zine el-Abidine Ben Ali, renversé lors du Printemps arabe en janvier 2011.
Depuis son coup de force, Kaïs Saïed dirige le pays par décrets. À plusieurs reprises ces derniers mois, le président a ordonné le limogeage de divers ministres et hauts fonctionnaires.
Depuis février dernier, une vingtaine d'opposants et personnalités ont été emprisonnés et sont "accusés de complot contre la sûreté de l'État" – des personnes que Kaïs Saïed a qualifiées de "terroristes". Des ONG dont Amnesty International ont dénoncé "une chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques".
Ennahda, bête noire de Kaïs Saïed, a dominé les coalitions des dix années qui ont suivi la révolution démocratique de 2011 contre la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali.
La grave crise politique que traverse la Tunisie depuis le coup de force de Kaïs Saïed se double de graves difficultés économiques avec une croissance poussive (environ 2 %), un taux de pauvreté en hausse (4 millions de Tunisiens sur 12 millions d'habitants) et un chômage très élevé (15 %).
La Tunisie est, avec la Libye, l'un des principaux points de départ des migrants qui risquent des traversées périlleuses en mer Méditerranée dans l'espoir de rejoindre l'Europe. Depuis un discours aux accents xénophobes du président Saïed en février 2023, des milliers de ressortissants d’Afrique subsaharienne séjournant illégalement en Tunisie ont perdu leur logement et leur travail, le plus souvent informel.
En mai, le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a dénoncé "l'intimidation et le harcèlement" dont sont victimes en Tunisie des avocats et membres des médias critiques du gouvernement et de ses politiques migratoires.
Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.
Les plus commentés
Société Justice : Constant Mutamba annonce l'ouverture, ce mercredi, d'un procès public contre Corneille Nangaa et ses complices
23.07.2024, 14 commentairesSociété Constant Mutamba : "Tout celui qui va détourner un seul dollar des Congolais aura sa place à la prison de Makala"
24.07.2024, 11 commentairesSociété Procès Nangaa : des cadres du M23, du PPRD et autres également sur le banc des accusés
24.07.2024, 11 commentairesSociété Judith Suminwa aux membres du gouvernement : « Nous devons bannir l’exposition d’une vie ostentatoire, d’un luxe isolent »
22.07.2024, 10 commentaires
Ils nous font confiance
Le président tunisien Kaïs Saïed, le 24 décembre 2023 (image d'illustration). © Fethi Belaid / AFP