Nvidia: de l’ombre des consoles de jeux à la lumière de l’intelligence artificielle, comment s'explique cette ascension fulgurante au firmament de la bourse et de la tech ?

De l’ombre des consoles de jeux à la lumière de l’intelligence artificielle, la société Nvidia, autrefois connue des seuls gamers, s’est hissée au sommet de la tech mondiale. Comment expliquer cette ascension fulgurante ?

En 2024, Nvidia a franchi un cap symbolique : sa capitalisation boursière a dépassé les 3 000 milliards de dollars (!!), propulsant l’entreprise dans le peloton de tête de la tech. Ce succès, Nvidia le doit en grande partie à l’explosion de l’intelligence artificielle, un domaine où ses puces graphiques, les GPU, excellent. Mais comment une entreprise spécialisée dans le gaming a-t-elle réussi à devenir un acteur incontournable de l’IA ?

Pour comprendre ce phénomène, il faut remonter aux origines de Nvidia, explorer sa stratégie visionnaire et son écosystème. On vous propose de tout comprendre sur cette entreprise relativement peu connue du grand public, et qui façonne aujourd’hui les “neurones” de ChatGPT, Gemini, et autres Mistral AI.

Très concrètement, Nvidia c’est quoi ?

Nvidia est une entreprise technologique américaine fondée en 1993. Elle est principalement connue pour ses processeurs graphiques (GPU), des puces électroniques initialement conçues pour accélérer l’affichage des images dans les jeux vidéo. Ces GPU sont dotés d’une architecture massivement parallèle, ce qui signifie qu’ils peuvent effectuer un grand nombre de calculs simultanément.

Cette capacité de calcul parallèle s’est avérée être un atout majeur pour l’intelligence artificielle. En effet, les algorithmes d’IA, tels que ceux utilisés pour la reconnaissance d’images ou le traitement du langage naturel, nécessitent d’énormes quantités de calculs. Les puces de Nvidia, grâce à leur architecture, sont capables d’accélérer considérablement ces calculs, ce qui a permis de démocratiser l’IA et de la rendre accessible à un plus grand nombre d’entreprises, de chercheurs et aujourd’hui du grand public.

Mais Nvidia ne se contente pas de fabriquer des processeurs qui excellent en calcul parallèle. L’entreprise a développé un écosystème complet autour de ses produits, comprenant des logiciels, des plateformes de développement et des bibliothèques d’algorithmes optimisés pour l’intelligence artificielle. Cet écosystème permet aux développeurs de créer et de déployer facilement des applications d’IA, ce qui a contribué à renforcer la position de Nvidia sur le marché.

Au-delà de l’intelligence artificielle, Nvidia est également présente dans d’autres domaines. Dans les voitures autonomes, en particulier : les puces de Nvidia sont utilisées pour traiter les données des capteurs et prendre des décisions en temps réel. Un marché clé où la firme est également leader.

Nvidia fabrique des processeurs graphiques… mais AMD aussi : comment la firme s’est imposée dans l’IA ?

Jensen Huang, le PDG de Nvidia, comprend le potentiel énorme de l’IA dès le début des années 2010 et déroule une stratégie imparable. Déjà réputées pour leurs performances dans les jeux vidéo, et déjà depuis plus d’une décennie devant son concurrent AMD, les cartes graphiques de la firme participent massivement à l’entraînement et l’exécution de modèles d’IA complexes dès le départ.

Mais la firme ne s’est pas arrêtée là : elle a su nouer des partenariats dans des secteurs stratégiques ce qui lui garantit un chiffre d’affaires particulièrement confortable. Ainsi, le fondeur collabore avec des noms comme Google, Siemens, mais aussi Amazon (AWS), Microsoft (Azure) ou encore Oracle. Mais aussi des acteurs du jeu vidéo comme Electronic Arts, ou des grands noms de l’automobile, comme BMW, ou encore Honda.En fait, les partenariats et collaborations sont si vastes que la firme est encore récemment venue en aide à Apple pour l’aider à concevoir les Persona, ces fameux doubles numériques des propriétaires du Vision Pro.

En 2024, l’avance technologique de Nvidia est énorme – et la firme continue d’investir massivement dans la recherche et le développement pour concevoir des puces toujours plus optimisées. Relevons un détail, et non des moindres : nous décrivions Nvidia comme un “fondeur” en introduction, c’est-à-dire comme un fabricant de puces. En réalité, la firme confie depuis un certain temps cette activité au fondeur taïwanais TSMC ce qui lui permet de se concentrer sur le développement tout en bénéficiant chaque année des procédés de gravure les plus avancés du marché. Tout en réalisant d’énormes économies.

L’activité de fabrication de puces proprement dite est en effet particulièrement complexe et coûteuse. Intel en sait quelque chose : mener ces deux combats simultanément signifie risquer de prendre un retard décisif sur la finesse de gravure. Une métrique signe de performances accrues et consommation électrique réduite. En sous-traitant comme aujourd’hui beaucoup d’autres entreprises la fabrication au fondeur le plus avancé de la planète, Nvidia peut se concentrer sur l’essentiel : la conception proprement dite des puces.

Quels défis se préparent pour Nvidia ?

On le voit, Nvidia a su prendre comme aucune autre entreprise le virage de l’IA, après avoir réussi à conquérir le marché des puces graphiques. Tout en enchaînant d’autres réussites dans l’automobile, dans les datacenters, et bien d’autres domaines. Des succès qui donnent à l’entreprise une position enviable pour l’ère qui s’annonce. Mais aussi qui présentent quelques inconvénients.

Par exemple, la tentative de rachat récente de ARM, responsable des technologies qui sont au coeur des puces de smartphones, entre autres, a été refusée par le régulateur, craignant que n’en découle une position de marché beaucoup trop dominante. Au-delà, la firme sait qu’elle ne peut pas se reposer sur ses acquis.

D’autres géants a priori impossibles à abattre ont mordu la poussière faute d’innovation ou de vision : IBM, Microsoft (avant sa remontée fulgurante ces dernières années), Apple (avant le retour de Steve Jobs)… D’autant que la concurrence sur le marché de l’IA s’intensifie. Des entreprises comme Intel, AMD, Google ou encore Tesla développent leurs propres puces d’IA. L’avenir dira si Nvidia saura rester numéro 1 – on peut reconnaître, en 2024, que c’est quand même plutôt bien parti.