UDPS : l’éclatement, une question d’heures

La guerre qui secoue l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti politique présidentiel, fera certainement des victimes. Et les protagonistes qui se recrutent parmi les cadres du parti qui regardent désormais en chien de faïence, risquent d’être incapables de recoller les morceaux. Connaissant le modus operandi de tous ceux qui ont quitté le parti pour créer d’autres UDPS, il y a lieu de prédire la suite des évènements ainsi que le très probable éclatement du parti au pouvoir qui passe un moment des fortes turbulences.

Depuis quelques jours, deux camps se tirent sens dessus sens dessous. D’un côté, des révolutionnaires qui se rangent derrière le docteur Eteni Longondo et consorts. De l’autre, le secrétaire général du parti, Augustin Kabuya Tshilumba que l’on accuse de mégestion, mauvaise gouvernance, favoritisme… Pour le groupe à Eteni Longondo, il est temps que les cadres du parti se mettent autour d’une même table afin de remettre de l’ordre dans la gestion du parti, étant donné que celui qui gère au quotidien (le secrétaire général) a montré ses limites et doit être remplacé par un compétent.

Augustin Kabuya Tshilumba (secrétaire général) lui, considère tous ceux qui réclament sa tête comme des frustrés, des personnes qui cherchent le positionnement et sont prêt à tout pour cette fin. Cette situation qui met le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo fruit de l’UDPS en difficulté, surtout quand on sait que chaque camp se réclame être fidèle et loyal au président de la République.

Face à la presse le lundi 8 juillet 2024, le député national et cadre de l’ UDPS a assuré avoir le soutien de 95% des militants du parti, déterminés à mettre fin à la « mauvaise gestion du secrétaire général, Augustin Kabuya Tshilumba ».

« Aujourd’hui, nous nous sommes levés avec 95 % des combattants pour confondre et mettre définitivement fin à cette gestion qui fait tomber en déliquescence notre parti. Nous voulons redorer le blason de notre parti qui est sur le point d’être terni », a déclaré Eteni Longondo qui croit dur comme fer que la réorganisation de l’UDPS est imminente.

Eteni Longondo exige la suspension des activités politiques de l’UDPS. Il appelle à la convocation du congrès. » L’UDPS est un grand parti de masse, mais il y a des coins du pays où le parti n’existe pas, pas de drapeaux, pas d’insignes du parti. Tout ça, à cause du manque d’organisation. Les cellules du parti n’existent plus. Notre secrétaire général a tout centralisé sur lui-même. Il cumule plusieurs fonctions à la fois « , a déploré Eteni Longondo.

L’ancien ministre de la Santé exhorte les ministres et directeurs généraux des entreprises du portefeuille, recommandés par l’UDPS ainsi que d’autres donateurs, à ne plus financer des individus, mais à mettre plutôt tous les fonds dans la caisse du parti.

Pour la prochaine étape de sa lutte, Eteni Longondo fixe rendez-vous à tous les combattants à la place Sainte-Thérèse située dans la commune de N’Djili où il compte organiser un grand meeting dont la date sera fixée ultérieurement.

« Nous devons nous préparer pour 2028 et voir comment nous allons accompagner le chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo en cette période où le pays fait face à la guerre dans l’Est. En ce jour, je viens vous annoncer que je vais organiser un point de presse incessamment pour lancer un message aux membres de l’UDPS sur comment nous devons réorganiser notre parti politique et après nous allons organiser une grande activité à la place Sainte Thérèse, nous allons inviter tous les membres de l’UDPS, je sais que 95% des membres de l’UDPS sont frustrés de la manière dont le parti est géré actuellement. Nous allons nous retrouver en famille à la place Sainte Thérèse pour discuter de la marche de notre parti », a lancé Eteni Longondo.

L’ombre d’une main noire ?

Pour Augustin Kabuya, la démarche mise en place par Eteni Longondo et consorts vise à tout prix la déstabilisation de la majorité du chef de l’État. Ce qui ne passera pas, selon le secrétaire général de l’UDPS.

« Je vous demande tous d’être disciplinés, ne faites pas la honte du Chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, je vais vous dire ceci : ne faites pas passer votre temps à suivre ce dossier, c’est un innocent à qui on a fait porter une arme, mais il ne connaît pas l’objectif de cette arme, c’est un innocent. Même son entourage, j’ai toutes les informations, il n’est pas auteur de cette correspondance là mais on lui a demandé de signer et il a signé même dans son entourage, on lui reproche de cette attitude. Vous vous rappelez que je vous avais déjà dit qu’il y aura des moments où nous allons passer des zones de turbulences, n’attristons pas le Chef de l’État puisque le chef de l’État est très concentré sur la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo, son excellence Félix- Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a pas le temps d’écouter que dans son propre parti il y a du désordre. Pourquoi je vous dis qu’il est innocent ? Les auteurs de cette lettre se connaissent, je suis au courant de tout ça et ça ne va pas s’arrêter ici, même au mois de septembre lors de la rentrée parlementaire, ils vont manipuler les autres pour la fronde », a déclaré Augustin Kabuya, dans une brève intervention lors de la manifestation des fédéraux de l’UDPS.

Dans un enregistrement audio devenu virale dans des réseaux sociaux et attribué à Augustin Kabuya, l’on peut bien entendre une voix qui ressemble à celle du secrétaire général de l’UDPS, incriminant l’épouse du président Tshisekedi, la distinguée Denise Nyakeru Tshisekedi.

Il y a quelques heures, un groupe des fédéraux du parti a signé une pétition désavouant le secrétaire général de l’UDPS.
Cette situation que traverse l’UDPS, si elle n’est pas gérée avec sagesse, risque d’emporter certaines têtes. Quand on se rappelle comment Jean Marc Kabund, Valentin Mubake et autres ont quitté l’UDPS, l’on se fait déjà une idée de prochains épisodes. Des déclarations seront multipliées de part et d’autre.

Les deux camps déclareront avoir le soutien du président Tshisekedi. Après, une décision de la hiérarchie tranchera en faveur d’un camp contre un autre. Les lésés décideront de demeurer fidèles et loyaux au président Tshisekedi mais prendront leur distance du parti et en créeront un ou deux autres. Il est donc recommandé aux et aux autres la prudence afin de ne pas tomber dans la division.