Provinces
Les grossesses en milieu scolaire restent un phénomène mondial. Selon les chiffres de la Banque mondiale, l’on compte 44 grossesses sur mille chez les adolescentes. Quand sous d’autres cieux, ces filles reçoivent un encadrement pour continuer leurs études, en RDC et plus particulièrement à Lubumbashi, une grossesse en cours d’une année scolaire signifie le renvoi définitif de l’école.
Ruth Kayumba est une fille mère. Elle est adulte aujourd’hui, et mère d’une petite fille de deux ans. Elle a eu sa première grossesse alors qu’elle n’était qu’une élève en pré-terminal. Ruth raconte : ”j’avais 17 ans quand j’ai eu ma grossesse. À l’époque, j’étais en 5ème secondaire. Quand à l'école l'on a découvert ma grossesse, mes parents ont été convoqués. Une fois à l’école, le préfet leur a informé que j’étais renvoyée de l’école parce que enceinte”.
Ruth n’est pas la seule dans cette situation. Elles sont nombreuses, celles qui abandonnent définitivement leur cursus scolaire. Car les familles leur donnent en mariage. Et cela bien qu’elles soient mineures. L’âge ou toute relation sexuelle est considérée comme un viol. Ruth confie encore : "Mes parents avaient pris la décision de me marier à l’auteur de ma grossesse. Ce dernier avait accepté de le faire, peut-être par peur. Mais là, il ne vient plus me voir, ni moi, ni l’enfant. Donc, je ne vais plus à l’école. J’attends juste le mariage”. Ruth a dû abandonner ses études. Aujourd’hui, elle fait des tresses pour vivre elle et son enfant.
Les tomates pourries
Il faut dire que les écoles n’en veulent pas. Ces filles sont traitées comme des pestiférées, les écoles craignent qu’elles contaminent les autres. Hubert Mutombo est responsable d’une école de la place. ”Du fait qu’elle peut influencer les autres élèves à suivre son exemple. Par conséquent, elle risque de compromettre la réputation de l’école”, dit-il. Et d’ajouter : ”les parents responsables ne voudront plus inscrire leurs enfants dans notre école. Pour éviter cela, l’école n’a pas d’autre choix que d’éloigner la fille. Et, c’est dans le but de maintenir l’ordre et la discipline au sein de l’établissement”, dit-il.
Toutefois, cette situation est loin de favoriser l’égalité entre les filles et les garçons. De plus, l’éducation est un droit pour tous les enfants, grossesse ou pas. C’est ce qu’explique Maître Vianney Malemba, avocate au Barreau de Lubumbashi et activiste du genre. ”Aucune loi de la constitution ne prévoit cela. Et donc, les écoles le font juste pour sauver leur image.
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