Culture
«Être une guerrière, c’est combattre le silence». Même après des décennies de guerre avec des millions de morts et d’innombrables viols, la résistance et la résilience des femmes congolaises restent debout.
Des Guerrières, conçu et mis en scène par Florence Bermond, est un spectacle éprouvant, éclairant, réconfortant. Un travail collectif où des émotions troublantes surgissent des voix et des corps des comédiens congolais, togolais, burkinabè et français.
Cette pièce de théâtre fait référence aux viols jusqu’à aujourd’hui impunis et subis par d’innombrables femmes dans la région du Kivu, dans l’Est de la RDC. Et la pièce souligne qu’une telle situation d’injustice mêlant l’intime et le politique « peut concerner chacune d’entre nous ».
Le hasard voulait que l’avant-première ait lieu le 28 février 2020, et que les spectateurs sortent de ce spectacle en apprenant la distinction en France de Roman Polanski. Le César du meilleur réalisateur pour le cinéaste de J’accuse, lui-même accusé par une dizaine de femmes de violence sexuelle. Sachant que Polanski reste protégé par la France contre le mandat d’arrêt international relayé par Interpol contre lui depuis 1977 pour être accusé d'avoir drogué et sodomisé aux États-Unis une fille de 13 ans avant de fuir la justice américaine.
Des Guerrières cherche à rendre visible la résistance des femmes au Kivu. Florence Bermond, la metteuse en scène de la Compagnie La louve aimantée, est partie au Congo pour enquêter sur place. Elle a mis trois ans pour monter son spectacle. Dans un entretien avec Radio France Internationale, la metteur en scène explique que les guerrières face aux violences sexuelles ce sont des femmes qui se battent au quotidien, qui sont fortes, courageuses et font face à l’adversité. Elles peuvent aussi s’écrouler. Elles ont le droit. Mais, il y a quelque chose qui est plus fort, qui fait que la vie prend toujours le dessus. Dans ce spectacle, j’avais envie de parler de ces femmes-là. Depuis des années, elle travaille sur la question des femmes, sur le silence et le non-dit. Ce qui l’a conduite vers la RDC.
Quant à savoir ce qui l’a motivée à faire cette pièce, elle indique qu’au cours d’une performance, il y a quelques années, elle a rencontré une militante congolaise qui venait du Kivu. «Son témoignage m’a bouleversé. Je ne connaissais rien à la RDC. Comme tout le monde, je savais très peu de choses. Je suis allée là-bas pour essayer de comprendre, parce que le Kivu est presque un pays dans un autre pays. D’abord, je me suis documentée ici, en France, à travers des livres, des articles, des vidéos, des films… mais, on ne parlait jamais des femmes. Jamais. Je me suis dit : ce n’est pas possible».
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