Société
En République Démocratique du Congo, le « mariage » n’est pas seulement un sujet de joie, mais aussi celui de « grincement des dents » et d’« angoisses ». L’homme est devant une situation qui contraste avec son « pouvoir économique ». Et dans une société à « majorité chrétienne », il faut accomplir l’obligation divine : « quitter ses parents pour s’attacher à sa femme ». Il faut se marier ! Mais à quel prix ? La Femme coûte chère ; bien qu’elle ne soit pas une « marchandise ». Il faut avoir un bon travail, ou tomber sur une occasion qui peut remplir ses poches en un clin d’œil (mission de service, gagner un pari…).
Mais que faut-il faire lorsqu’on s’aime, et qu’on n’a pas de moyens financiers pour se marier ? C’est ici le problème, et la principale source du phénomène « yaka tofanda » ; une cohabitation « négociée à l’amiable » entre les deux amoureux ! Quand une opposition se présente, l’homme préfère « enceinter » sa conjointe pour mettre la belle-famille devant un fait accompli, afin que l’auteur de la grossesse prenne soin de son « futur bébé ». C’est le voyage le plus long ! « Yaka tofanda » littéralement « viens et cohabitons » est un phénomène social qui tendrait à une portée normale en RD Congo. Très accentué à Kinshasa, certains kinois affirmeraient d’ailleurs que c’est la voie la plus courte pour une vie conjugale en ce 21ème siècle. Aujourd’hui assimilé au mariage pour certains Congolais. Cela consiste en ce que la femme s’installe chez l’homme avec qui elle entretient une relation amoureuse pour une vie de couple complète. Passant outre les exigences coutumières et civiles qui au préalable doivent-être respecter pour parler mariage. A la longue, cette cohabitation dévient officielle à l’égard de ceux qui en ont connaissance.
Le dilemme « dot »
Certes, l’organisation du mariage devient un cauchemar pour les hommes, en ceci que le montant ainsi que les biens à verser en guise de dot à la belle famille, équivaudrait à un « investissement », pour les hommes d’affaires. C’est ainsi que plusieurs conjoints acceptent de « vivre-ensemble », le temps de préparer le « mariage de rêve ». Ce n’est pas facile lorsque ça dure ; car cette cohabitation devient un sujet d’humiliation au sein de la société ; l’homme étant pris pour un « irresponsable », la femme comme celle qui n’a pas pu attirer l’attention d’hommes « friqués ». A l’Eglise, le pasteur parle d’une union qui ne respecte pas les Saintes écritures, semblable à de la « débauche ». C’est ça la société congolaise ! « Yaka tofanda » perdure parce que les deux conjoints auront des enfants, et ces derniers doivent bien grandir, et aller à l’école. C’est encore une situation qui nécessité beaucoup de moyens financiers. Que faire entre se marier (tout en étant déjà ensemble), et scolariser les enfants ? « Yaka tofanda » n’est pas si facile. Ainsi, c’est le « nous mourrons ensemble ». Le comble, c’est qu’à la mort de l’ « épouse », la belle famille se lève pour exiger à l’époux l’argent du mariage. L’on doit épouser une « femme morte » ; c’est une obligation avant la mise en terre. C’est encore difficile pour la femme, lorsque c’est l’homme qui décède en premier. Les enfants, c’est aux frères et sœurs du défunt de décider sur leur prise en charge de façon partagée. Sinon, les rues de Kinshasa auraient de nouveaux candidats « shegués ». Au finish, le « yaka tofanda » ne concerne pas toujours des couples qui n’ont pas assez de moyens financiers. Il y a de ces couples, dans la plupart des cas, dont une femme s’attache à un homme (souvent marié) et qui a un pouvoir économique considérable, jusqu’à se faire sa deuxième femme, communément appelée « deuxième bureau ». Question de profiter de cette fortune. C’est ça la société congolaise !
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