Provinces
En RDC, les organisations de défense des droits humains attendent les améliorations promises par le président Félix Tshisekedi pour les prisons.
En République démocratique du Congo, les établissements pénitentiaires ne remplissent pas leur mission de préparation à la réinsertion. Et quand les prisonniers sont libérés, ils sortent surtout avec de mauvais souvenirs... pour ceux qui survivent aux conditions de détention.
C'est un ancien prisonnier que nous avons rencontré. Il n'a pas voulu révéler son nom, mais nous l'appelons Joseph. Aujourd'hui, il témoigne: "Je ne sais pas comment je suis en vie. Le militaire qu'on est venu mettre dans la cellule où j'étais est décédé."
C'est en 2014 qu'il a quitté la prison de Makala. Quand il nous parle de sa détention, il a les larmes aux yeux : cela lui rappelle le calvaire vécu dans différents cachots avant d'atterrir à la prison.
"Il y avait le Kin Maziere, après Kin Maziere il y a le commissariat général, il y a des interrogatoires durant la nuit. Nous sommes allés au camp Kokolo, au camp PM c'est là où on nous a gardés cachés. Là on a fait 14 jours. Après là-bas, nuitamment, on nous a amenés à Kibomango, et après là-bas à la deuxième cité, camp Tshashi, aux caves. Nous sommes restés dans les caves pendant soixante jours sans manger. Vous avez les yeux bandés, vous êtes étranglés. Là c'est pour mourir."
Cellules surpeuplées, maladie et faim
Ce qu'a vécu Joseph pendant ces six ans passés à Makala est en fait le quotidien des prisonniers de la RDC. Des cellules surpeuplées, des détenus qui ont du mal à respirer. Certains meurent de maladies et surtout de la faim.
Selon Emmanuel Adu Cole, président de la Fondation Bill Clinton pour la paix, une organisation de défense des droits humains, les prisons de Kinshasa comptent à elles seules 10.000 prisonniers.
"Rien qu'à la prison centrale de Makala, il y a 8.229 prisonniers. A Ndolo il y en a 1800. J'ai visité tous les dépôts, il n'y a rien. Même les médicaments, il n'y en a pas. Vraiment c'est très grave. Nous avons enregistré plusieurs morts."
Joseph aussi a côtoyé la mort au quotidien quand il était derrière les barreaux: "Cinq, six, dix morts par jour. Mais il y a des cas qui sont dissimulés. On fait sortir les corps pendant la nuit."
Lors d'un Conseil des ministres en septembre dernier, le président Félix Tshisekedi a promis l'amélioration des conditions de détention.
Au cours d'un entretien avec la Deutsche Welle, le vice-ministre de la Justice, Bernard Ntakahishe, a déploré plusieurs cas de décès parmi des détenus, mais il a souligné que tout le monde ne meurt pas de faim dans les prisons de la RDC. Selon lui, la question serait d'ailleurs en train d'être résolue.
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