Afrique
La justice nigérienne a requis mardi cinq semaines de prison contre Samira Sabou, une journaliste-blogueuse nigérienne écrouée le 10 juin et accusée de diffamation dans ses publications sur l’affaire des surfacturations d’achats d‘équipements militaires, a-t-on appris ce mercredi 15 juillet 2020 auprès de ses proches.
“A l’issue du procès qui a eu lieu ce mardi le procureur a requis un mois et une semaine de prison ferme et une amende d’1 million FCFA [plus de 1.500 euros] contre notre camarade Samira Sabou”, a indiqué à l’AFP Maman Kaka Touda, un responsable de l’ONG Alternative espace citoyen (AEC), qui a assisté au procès.
L’affaire a été “mise en délibéré au 28 juillet”, a précisé à l’AFP une source judiciaire.
“Nous avons ferme espoir qu’elle sera libérée à cette date”, a dit Maman Kaka Touda.
Interpellée le 10 juin et placée sous mandat de dépôt, Samira Sabou est jugée pour une plainte pour “diffamation” déposée par Sani Mahamadou Issoufou le fils et directeur de cabinet adjoint du président Mahamadou Issoufou.
La journaliste avait publié un post sur l’affaire des surfacturations à l’armée accusant un homme d’affaires nigérien de “capter les marchés du ministère de la Défense au nom du fils du patron”.
“Le procès aux motivations politiques de la journaliste [Samira Sabou] doit aboutir à sa libération inconditionnelle”, a déclaré mardi Amnesty International dans un communiqué.
L’affaire des surfacturations fait grand bruit au Niger après la diffusion sur les réseaux sociaux d’extraits d’un rapport d’audit sur ces irrégularités.
Les surfacturations et les livraisons non effectuées d‘équipements militaires ces dernières années ont coûté 32,6 milliards FCFA (50 millions d’euros) à l’Etat du Niger, selon le parquet de Niamey.
La justice avait annoncé le 8 avril l’ouverture d’une enquête sur l’affaire, qui a éclaté en février.
En février, le gouvernement avait annoncé qu’un audit demandé par le président Issoufou avait révélé des surfacturations ainsi que des livraisons non effectuées à l’armée, qui combat depuis 2015 les jihadistes dans le sud-est et l’ouest du pays.
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