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Afrique

Morsure de serpent : cette plaie que l'Afrique subsaharienne veut ignorer

2018-07-05
05.07.2018
2018-07-05
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À cause des mythes qui entourent le serpent, il est difficile d'évoquer sereinement ce sujet de santé publique. Pourtant, le nombre de décès faute de vaccin ne fait qu'augmenter.

Un million de morsures de serpent chaque année en Afrique subsaharienne, entre 25 000 et 30 000 décès, et autant de séquelles invalidantes. Ces pathologies qui touchent surtout les populations rurales et pauvres restent aujourd'hui toujours mal connues et mal soignées. Des chiffres alarmants qui éclairent un fléau qui tue plus que la fièvre de la dengue, transmise par les moustiques (20 000 morts par an) et bien d'autres catastrophes naturelles.

Pourquoi on en parle aujourd'hui ?

Depuis juin 2016, les derniers sérums antivenimeux Fav-Afrique produits par Sanofi Pasteur ont expiré : le laboratoire français en a arrêté la production en 2010 à cause d'une baisse de la demande et de coûts élevés. Le prix était prohibitif pour les populations concernées (environ 100 euros la dose) et le sérum, bien que jugé efficace, était peu adapté à la situation, car il devait être conservé au frais, dans un pays où le taux d'accès à l'électricité est inférieur à 10 %.

En février 2018, l'Organisation mondiale de la santé a produit un nouveau rapport sur l'état des lieux plutôt alarmant, attirant l'attention sur les autres conséquences physiques et mentales que peuvent provoquer les morsures de serpent. « Les morsures de serpents venimeux provoquent des urgences médicales. Elles peuvent entraîner des paralysies sévères susceptibles de bloquer la respiration, des troubles sanguins pouvant aboutir à des hémorragies fatales, des insuffisances rénales irréversibles et des destructions tissulaires locales sévères susceptibles de provoquer des incapacités définitives et l'amputation d'un membre. En raison d'une masse corporelle plus faible, leurs conséquences sont plus sévères chez l'enfant que chez l'adulte », alertent les auteurs du rapport. Car c'est là où le bât blesse, tous ces fardeaux, notamment la question de l'urgence médicale, pèsent le plus lourd sur les pays ayant de faibles systèmes de santé et peu de ressources médicales.

Un fléau qui touche les pauvres et les campagnes

L'autre aspect urgent de la question concerne le profil des populations touchées directement par ce fléau. Comme le souligne l'ancien secrétaire général des Nations unies (ONU) Kofi Annan, dans une tribune publiée fin juin dans le journal français Le Monde, « la morsure de serpent est essentiellement une maladie de pauvres, affectant principalement les popu­lations vivant dans certaines des communautés les plus rurales d'Afrique subsaharienne, d'Asie, d'Océanie et d'Amérique latine. » Le Prix Nobel de la paix s'est vu informer de la situation par un médecin ghanéen. Il explique : « Les petits agriculteurs, leurs familles, les bergers et les personnes déplacées sont particulièrement vulnérables. Ces groupes manquent souvent des protections les plus élémentaires, comme des chaussures à l'épreuve des serpents ou des moustiquaires. Même si la victime survit, elle peut être incapable de subvenir aux besoins de sa famille. Par conséquent, les enfants sont souvent envoyés travailler, au lieu d'aller à l'école, et les proches sont forcés de partager leurs quelques biens avec les familles touchées. »

D'autant plus qu'en Afrique subsaharienne, les victimes de morsures se tournent généralement et en premier lieu vers les guérisseurs traditionnels. En effet, le serpent occupe une place de choix dans les mythologies africaines. Du mythe de la création de l'Être suprême au culte de Mamie Wata, ou encore la création de plusieurs empires allant du Mali au Bénin, en passant par les Génies au Sénégal. Ce qu'il faut retenir, c'est que se faire mordre par un serpent en Afrique est un très mauvais signe. Ce qui n'encourage pas forcément les acteurs politiques imprégnés par ses mythes à s'occuper de ce sujet de santé publique, préférant l'ignorer.

Les vraies raisons de l'augmentation du nombre de victimes

Dans tous les cas, cette tribune écrite en 2018 n'est pas sans rappeler que, depuis trois ans, l'Organisation mondiale de la santé ainsi que des spécialistes tirent la sonnette d'alarme face à l'épuisement des stocks de traitement antivenimeux produits par Sanofi-Pasteur. En prenant cette décision, le laboratoire Sanofi Pasteur a-t-il pris le risque de mettre en danger des dizaines de milliers de personnes dans le monde ? « Des dizaines de milliers de personnes continueront de mourir de morsures de serpent à moins que la communauté mondiale de la santé ne prenne des mesures immédiates pour assurer la production d'un traitement et d'un sérum antivenimeux », avait prévenu déjà en 2016 MSF dans un communiqué diffusé à l'occasion d'un colloque organisé sur la médecine tropicale.

Réponse du laboratoire ? « Cette situation, que l'on peut considérer comme une défaillance de marché, démontre clairement comment la pression sur les prix conduit à faire des choix au détriment de la durabilité et de la fiabilité de l'approvisionnement et, potentiellement, de la qualité, avec un impact sur la santé publique », avait précisé Alain Bernal, son porte-parole. En d'autres mots, Sanofi Patseur ne pouvait pas s'aligner.

Le laboratoire explique entre autres qu'il a sensibilisé pendant longtemps les autorités internationales sur ce problème, en vain. Il a donc entrepris presque à contrecœur de se concentrer sur la production d'un antirabique (destiné à lutter contre la rage) pour lequel la demande est croissante et planifiable.

Œuvrer à des solutions pérennes

L'une des solutions serait de rendre les sérums antivenimeux plus disponibles. En effet, les sérums de qualité sont le seul traitement efficace pour éviter ou supprimer la plupart des effets toxiques des morsures de serpents. Là aussi, Sanofi Pasteur est attendu sur le terrain, les organisations internationales de la santé attendaient qu'ils mettent à disposition les substances de base nécessaires à la production du Fav-Afrique. Mais encore faut-il trouver la capacité de production pour affiner ce produit en anti-venin qui pourra à terme remplacer Fav-Afrique.

Rien n'est moins sûr, même si les pressions s'accentuent autour des autorités, notamment avec cette décision de l'Assemblée mondiale de la santé (l'organe décisionnel le plus important de l'Organisation mondiale de la santé) d'appeler à des mesures immédiates et efficaces pour faire face à la crise des morsures de serpent. Cela fait suite à la décision prise en 2017 par l'Organisation mondiale de la santé d'ajouter la morsure de serpent à la liste de maladies tropicales et de créer un groupe de travail chargé d'élaborer une feuille de route globale.

Il existe pourtant un espoir. En effet, l'Afrique subsaharienne représente un marché potentiel estimé à plus d'un million de sérums par an, souligne Jean-Philippe Chippaux, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), basé au Bénin. Il pourrait représenter 40 millions d'euros annuels, mais ne peut fonctionner qu'à condition de baisser considérablement le prix de vente final d'une dose de sérum.

Mais, là aussi, il faudrait que les États, les collectivités locales et les entreprises contribuent à grand renfort de données. La bataille de demain se joue aussi sur la connaissance en profondeur du problème.


Le Point Afrique / MCN
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