Afrique
Au Burundi, le président Pierre Nkurunziza a lancé il y a un peu plus d'un mois une campagne en vue de mobiliser les Burundais à financer eux-mêmes, grâce à leurs dons, les élections de 2020. Un appel qui n'a pas été très suivi jusqu'ici dans ce pays qui traverse une grave politique et économique depuis plus de deux ans, selon des sources administratives. Le président a donc voulu susciter un élan national en prêchant par l'exemple, lundi, dans la province de Ngozi dans le nord du pays. Un signe de plus qui montre qu'il est décidé à rester au pouvoir au-delà de ce troisième mandat contesté, qu'il a obtenu en juillet 2015.
Le geste est symbolique : le président Nkurunziza en survêtement de sport et borsalino sur la tête s'est rendu à un guichet de la banque centrale de sa province natale où il a déposé sur un compte dédié au financement des élections de 2020 des liasses de billets neufs, près de deux mille cinq cents euros.
Il a ensuite expliqué à la presse la signification de son geste : « C’est un geste patriotique. Nous avons voulu prêcher, par exemple, et nous avons attendu donc un mois pour que puisse se mobiliser dans notre famille une somme de 5 millions. Jusqu’en 2020, nous comptons dans notre famille contribuer de trois à quatre reprises avant les élections de 2020. »
Le président burundais appelle toute la population à suivre son exemple. L’objectif est de financer les élections de 2020 pour éviter de dépendre encore une fois des bailleurs de fonds, qui n'avaient pas hésité à suspendre leur aide électorale en 2015, lorsque le Burundi a plongé dans une crise née de sa volonté de briguer un 3e mandat.
Le président d'une organisation locale de lutte contre la corruption estime que cela ne devrait pas être la priorité du moment. « C’est un acte qui est en dehors des normes qui régissent la République, explique Gabriel Rufyiri. Ce que la population a besoin, ce ne sont pas ces manipulations, la population a d’abord besoin de vivre, de quoi manger. Le Burundi est le dernier pays le plus pauvre au monde avec un revenu par habitant de moins de 300 dollars par an. »
Le président du Cnared, une plate-forme d'opposition en exil, Charles Nditije dénonce lui « une marche forcée vers un 4e mandat devenu irréversible ».
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