Les opposants ne parlent pas tous d’une même voix. Etienne Tshisekedi croit que toute l’Opposition devrait se ranger derrière sa personne. La Dynamique, le G7 et le Front Citoyen sont sur une autre planète. A l’approche des échéances électorales, le problème d’égo va davantage se poser. Dans tous les cas, il va se passer des choses avant qu'on en arrive à une unité des vues. La Majorité, également, n’est totalement pas à l’abri. Les alliances vont se faire et se défaire. Des reniements, il y en aura.
Si les choses ne devraient s’arranger que par de simples déclarations politiques, fussent-elles musclées, le processus électoral en RDC serait débloqué le week-end. Trois grandes déclarations politiques, qui méritent l’attention, ont été faites. La Dynamique de l’Opposition, regroupant l’UNC de Kamerhe, le MLC de Jean-Pierre Bemba, l’ECIDE de Fayulu et tant d’autres, a renouvelé son refus de dialoguer avec le pouvoir et a promis des actions de terrain pour démontrer qu'il ne s’agit pas d’un bluff. Le samedi 9 janvier, un grand rassemblement a officiellement vu le jour.
C’est ‘‘Le Front Citoyen’’ qui comporte en son sein outre la Dynamique et le G7, les Organisations de la Société civile résolument engagées vers le changement et le respect absolu de la Constitution. Les membres du Front Citoyen ont signé une Charte pour ‘‘s’opposer avec force à tout changement de cadre légal visant, selon les auteurs, à octroyer la possibilité à l’actuel président de la République de se maintenir au pouvoir ou de briguer un troisième mandat par toutes sortes d’artifices juridiques ou politiques et de manœuvres dilatoires visant à consacrer ce qui est communément appelé « glissement », susceptible de retarder la tenue de l’élection présidentielle’’. Pour faire sérieux, les fondateurs du Front Citoyen ont mis en place des structures.
Parallèlement, Etienne Tshisekedi, président national de l’UDPS, a adressé, depuis son lieu de convalescence en Belgique, son message de vœux au peuple congolais. A cette occasion, Etienne Tshisekedi a fait deux importantes annonces. Premièrement, il a confirmé la participation de son parti, l’UDPS, au dialogue politique pour décanter la situation du processus électoral en panne. Etienne Tshisekedi a, toutefois, laissé à son fils, Félix Tshilombo, le soin de verser dans les détails pour préciser sa pensée. Le dialogue, dont parle le Président national de l’UDPS, devrait se dérouler sous la supervision d’un médiateur international désigné par les Nations Unies.
Cette annonce a été très bien accueillie côté Majorité Présidentielle. Le Secrétaire adjoint du PPRD, Tunda ya Kasende, a estimé que la position d’Etienne Tshisekedi coupait l’herbe sous les pieds de ceux qui entretenaient le flou quant à sa volonté d’aller au dialogue. Les autres questions, celles relatives à l’ordre du jour, à la facilitation et au format, sont de la compétence du Comité préparatoire. Il reste que pour Félix Tshilombo Tshisekedi, Secrétaire de l’UDPS aux Affaires Extérieures, les détails que négligent les dirigeants de la MP sont ceux qui comptent le plus, à ses yeux. Il répondait aux questions d’une radio locale.
Face à la Majorité, l’Opposition encore divisée
La deuxième annonce d’Etienne Tshisekedi est un appel au ralliement des opposants acquis au changement. Toutes les forces vives opposées au régime sont invitées à se ranger derrière le Président de l’UDPS. Il sera, très bientôt, à Kinshasa, pour tenter de réunir les opposants. Ses pourfendeurs l’accusent de vouloir démobiliser les manifestations de rue anti-glissement prévues en février 2016. Quoiqu’on dise, on réalise, une fois de plus, que l’Opposition affronte les défis politiques et électoraux à venir en ordre dispersé, comme en 2006 et 2011. D’une part, La Dynamique et le G7 dont les positions face au pouvoir présentent plusieurs similitudes, et, de l’autre, l’UDPS toujours fidèle à sa stratégie de zigzag. Sous peu, il va se poser un problème de leadership lorsqu’il sera question de désigner un candidat unique à l’élection présidentielle. Ce ne sera pas facile. Rien qu’au sein de La Dynamique, on a noté pas moins de trois candidatures à la présidentielle de 2016, parmi lesquels Jean-Lucien Bussa et Martin Fayulu. Pour le G7, on évoque une éventuelle candidature de Moïse Katumbi. Sans oublier, l’eternel opposant, Etienne Tshisekedi. C’est ce qui fait dire à certains que si la Majorité était dans la logique des élections dans les délais constitutionnels, les chances d’une alternance à l’interne ne seraient pas perdues d’avance.
Dans tous les cas, il va se passer des choses avant qu’on en arrive à une unité des vues. Les alliances vont se faire et se défaire. Des reniements, il y en aura.
