Monde
En marge d'un sommet de l'Otan à Washington, le président ukrainien a demandé aux pays membres de l'Alliance de lever "toutes les restrictions" qui pèsent sur les frappes menées avec des armes occidentales sur le territoire russe.
Pouvoir frapper des objectifs russes en profondeur. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé, jeudi 11 juillet, aux pays de l'Otan de lever "toutes les restrictions" pesant sur les frappes menées avec des armes occidentales sur le sol russe, en marge d'un sommet de l'Alliance à Washington.
"Si nous voulons gagner, si nous voulons l'emporter, si nous voulons sauver notre pays et le défendre, nous devons lever toutes les restrictions", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Plusieurs pays de l'Otan imposent des restrictions à l'usage des armes qu'ils fournissent à l'Ukraine. Certains, comme l'Italie, interdisent tout usage de ces armes sur le sol russe. D'autres, comme les États-Unis, limitent leur recours à des frappes sur des objectifs militaires légitimes, dans une profondeur limitée à l'intérieur du territoire de la Russie.
Volodymyr Zelensky s'est toutefois félicité de l'ensemble des mesures d'aide militaire à son pays, décidées par les 32 pays de l'Otan réunis en sommet depuis mardi à Washington. Il s'agit de "décisions très importantes", a-t-il souligné.
Les Alliés ont annoncé le transfert imminent de F-16 de fabrication américaine, de nouveaux systèmes de défense antiaérienne, un engagement financier d'au moins 40 milliards d'euros en aide militaire, et le caractère "irréversible" de la trajectoire d'adhésion de l'Ukraine à l'Otan.
Volodymyr Zelensky a dit espérer que les cinq systèmes de défense antiaérienne promis par l'Otan arrivent en Ukraine "le plus vite possible", rappelant les frappes russes meurtrières en début de semaine, qui ont dévasté un hôpital pour enfants à Kiev et fait 43 morts dans tout le pays.
"Confiant" de rejoindre un jour l'Otan
Le président ukrainien s'est, par ailleurs, dit confiant que son pays rejoindra un jour l'Otan, alors que les pays alliés réunis à Washington ne lui ont pas lancé d'invitation.
"Nous faisons et continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que le jour vienne où l'Ukraine sera invitée et deviendra membre de l'Otan, et je suis convaincu que nous y parviendrons", a-t-il dit.
Lors de ce sommet marquant les 75 ans d'existence de l'Alliance atlantique, les dirigeants de l'Otan se sont également dits inquiets de l'aide apportée par la Chine à la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine. Ils ont évoqué ce sujet lors d'une réunion jeudi avec leurs partenaires d'Asie-Pacifique. Pékin voit dans cette invitation de l'Otan à l'Australie, au Japon, à la Corée du Sud et à la Nouvelle-Zélande, un prétexte de l'Otan pour étendre son influence en Asie.
Dans une déclaration inhabituelle, les dirigeants de l'Alliance atlantique ont fait part mercredi de leurs "profondes préoccupations", dénonçant le "rôle décisif" de la Chine aux côtés de la Russie, depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022.
L'Otan accuse la Chine de fournir des équipements à double usage, civil et militaire, à la Russie, comme des microprocesseurs. Tous ces équipements permettent à Moscou de "produire des missiles, des bombes, des avions et des armes", a affirmé Jens Stoltenberg. Jeudi, le ministère chinois des Affaires étrangères a accusé l'Otan de faire preuve de "préjugés, de dénigrement et de provocation".
"Provocation"
Ce sommet de Washington a également été marqué par le climat d'incertitude politique régnant aux États-Unis. Le président américain Joe Biden, hôte de cette rencontre, doit donner une conférence de presse jeudi soir, après des semaines d'interrogations sur son état de santé et sa capacité à affronter son rival républicain Donald Trump, lors de l'élection présidentielle de novembre.
En marge de ce sommet, la Maison Blanche a annoncé que les États-Unis allaient déployer de façon ponctuelle, à partir de 2026, des nouveaux armements en Allemagne, permettant des frappes plus lointaines que les systèmes américains actuellement positionnés en Europe.
"Cela s'inscrit dans la dissuasion et cela garantit la paix, c'est une décision nécessaire et importante, prise au bon moment", a déclaré le chancelier allemand, Olaf Scholz.
Cette annonce et le renforcement du soutien de l'Otan à l'Ukraine ont été considérés à Moscou comme la preuve d'un engagement "direct" de l'Otan en Ukraine et un retour "à la guerre froide".
Jeudi, la chaîne américaine CNN a fait état d'une tentative d'assassinat déjouée en Allemagne contre Armin Papperger, PDG de Rheinmetall, un des principaux fabricants de munitions. L'entreprise fabrique notamment des obus de 155 mm utilisés par l'artillerie ukrainienne.
Dans ce climat de tensions, le président turc Recep Tayyip Erdogan a jugé jeudi, depuis Washington, la perspective d'un "conflit direct entre l'Otan et la Russie préoccupante".
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