La Politique Africaine pendant le deuxième mandat de Trump : Cap sur le Congo RDC

Le débat de la présidentielle du 25 novembre 2024 entre Donald Trump et Joe Biden a été marqué par des échanges vigoureux, les deux candidats adoptant une posture offensive. Trump s’est concentré sur les questions économiques et l’immigration, critiquant Biden pour sa gestion des crises nationales et internationales. Biden, en revanche, a souligné les réussites de son mandat, notamment la gestion de la pandémie et les initiatives en matière de changement climatique.

Si l’Afrique n’a pas été mentionnée dans ces échanges, néanmoins, lorsque l’ex-président Trump a accusé le président Biden de « laisser affluer des millions de personnes provenant des prisons, des asiles de fous, des établissements psychiatriques et des trafiquants de drogue , il faisait allusion à l’une de ses déclarations en mars derniers dans laquelle il affirmait que “le Congo a vidé les prisons pour permettre aux criminels violents de franchir la frontière américaine en tant que migrants» . En candidat averti, l’ex-président ne pouvait qu’éviter de mentionner nomment le Congo au cours d’un débat sous la modération de la chaîne CNN avait publié ses enquêtes auprès de services d’immigrations pour démentir ces fausses accusations.

Quelle sera la politique de Trump envers les pays africains ?

Si Donald Trump remporte un second mandat à la présidence des États-Unis, sa politique africaine donnerait la priorité à « l’Amérique d’abord ». Trump appelle à convertir les subventions d’aide étrangère à l’Afrique en prêts, à éliminer les programmes d’aide au développement et à réorienter l’aide au développement américaine à l’étranger vers la promotion de l’engagement du secteur privé. Sous Trump, les États-Unis augmenteraient également leur aide militaire et sécuritaire aux alliés africains pour protéger les intérêts américains et se concentrer sur les pays susceptibles d’établir des relations mutuellement bénéfiques.

Malgré le désintérêt personnel de Trump pour les affaires africaines, ses conseillers en politique étrangère sont déterminés à mettre en œuvre ces changements s’il remporte un second mandat.

Quelles sont les priorités stratégiques de la République démocratique du Congo (RDC) dans son engagement auprès d’une éventuelle deuxième administration Trump ?

Si Donald Trump devait remporter un second mandat présidentiel, la République démocratique du Congo (RDC) devrait développer une approche stratégique pour dialoguer efficacement avec son administration. Les priorités stratégiques pour la RDC dans ce contexte pourraient inclure la valeur des ressources stratégiques tout en soulignant particulièrement l’importance de ces ressources pour l’économie américaine et proposer des partenariats pour leur exploitation durable. La deuxième priorité pourrait se focaliser sur la revitalisation de la coopération en matière de sécurité accès sur la formation militaire et à des initiatives de maintien de la paix pour lutter contre le terrorisme et assurer la stabilité dans la région des Grands Lacs.

Sur le plan économique, la RDC pourrait se servir de l’AGOA, de Prosper Africa et du USDFC pour proposer des projets de développement économique mutuellement bénéfiques qui attirent les investissements américains. Cela comprend le développement des infrastructures, les projets énergétiques et les entreprises minières qui respectent des normes élevées en matière d’environnement et de travail, le renforcement des capacités et du numérique.

Au volet diplomatique, les contacts traditionnels formels peuvent être renforcés avec des participations à des forums économiques et d’un dialogue direct avec l’administration Trump pourrait contribuer à rehausser la visibilité de la RDC. Au mois de juillet 2024, la participation au Forum AGOA est une opportunité sur laquelle les dirigeants congolais doivent capitaliser avec une demande d’organiser celui de 2025 à Kinshasa en plus début du mandat de l’ex-président Trump au cas où il remporte les élections.

Toujours sur ce volet, la RDC doit établir des relations viables avec sa diaspora intellectuelle et professionnelle qui est si influente auprès des institutions américaines, mais dont les résultats sont méconnus ou souffrent de suivi. La RDC doit gagner l’implication de la diaspora congolaise dont les ressources intellectuelles, professionnelles et économiques sont évidentes. Jusqu’à présent, la diaspora congolaise est vue simplement sous l’angle d’une communauté homogène et militante qui n’a d’autres intérêts que d’accéder à une position politique en RDC.

Du point de vue géostratégique, la RDC devra aspirer au leadership régional en Afrique centrale, travaillant avec les pays voisins sur des questions d’intérêt commun pour renforcer sa valeur stratégique aux yeux de l’administration américaine. Le succès diplomatique du Président Félix-Antoine Tshisekedi au Tchad ayant conduit aux élections démocratiques est une expérience à répéter aux autres conflits dans la région.

Enfin, la RDC doit améliorer sa perception et son utilisation du lobbying et ses relations Publiques. Il y a un besoin pressant de renforcer les efforts de lobbying à Washington, D.C. pour présenter la RDC comme un partenaire fiable et stratégique pour le Président Trump dans la mise en œuvre de sa politique africaine. Couples au lobbying, il y’a lieu de prévoir l’engagement des experts en relations publiques pour améliorer l’image de la RDC aux yeux des décideurs américains.

Pour une politique étrangère et commerciale efficace à Washington, la RDC doit adopter une approche multidimensionnelle qui inclut le lobbying professionnel, l’engagement avec les think tanks, la mobilisation de la diaspora, des relations fortes avec le secteur privé, une utilisation stratégique des médias, et une diplomatie parlementaire active. En combinant ces ressources et en alignant les efforts sur les priorités américaines, la RDC peut maximiser ses opportunités de succès dans ses relations bilatérales avec les États-Unis. En se concentrant sur ces priorités stratégiques, la RDC pourrait se positionner comme un partenaire précieux des États-Unis, alignant ses intérêts sur ceux de l’administration Trump et potentiellement obtenant une plus grande attention et un plus grand soutien pour ses besoins en matière de développement et de sécurité.

 Prof. Dr. Ngoie Joel Nshisso Expert en Management, Commerce International et Diplomatie