Un jeune écrivain congolais nominé parmi les finalistes du prix littéraire «Voix d’Afrique»

Un jeune écrivain de la République démocratique du Congo a été nominé parmi les quatre finalistes de la 4ème édition du prix international de littérature « Voix d’Afrique » pour son roman intitulé «Le discours de l’inconscience », a-t-on appris lundi de l’écrivain.

«Le fait pour moi d’arriver en finale après une minutieuse sélection d’un jury dont le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr est président, je dois l’avouer que cela change mon regard sur moi-même mais aussi ça change la perception qu’on a de nous-même », a déclaré Steve Aganze, l’écrivain.

Et de poursuivre : « Écrire plusieurs pages avec du style, tant que cela n’est pas encore validé par des professionnels de la littérature, on se remet toujours en question. Aujourd’hui je sens que j’ai quand même quelque chose. J’ai des choses à dire et je prends confiance en moi, c’est l’essentiel », s’est réjoui en s’estimant honoré d’avoir représenté la RDC à ce niveau, pour la toute première fois depuis la création de cette compétition en 2019.

Cet écrivain de 24 ans sent dans cette nomination une assurance au regard du travail produit après plusieurs échecs enregistrés dans sa quête de récompense littéraire. «Se retrouver à cette étape, dans une grande compétition littéraire, me rend fier parce que l’annonce de cette nouvelle par les organisateurs est tombée dans une phase où je n’avais plus confiance en moi, je pensais que je n’avais pas de talent moins encore du style. Cela me pousse à travailler pour ne pas décevoir ces gens qui semblent croire en moi », a-t-il affirmé.

Parmi ses œuvres, «Discours de l’inconscience ». Un roman qui vient du cœur, a-t-il confié. Sa rédaction a commencé en janvier 2022 pour l’envoyer en décembre 2022. L’auteur a dû patienter durant une année pour voir ce résultat.

Dans cette course à la récompense dont le lauréat sera connu le 20 février prochain au Cameroun, cet étudiant en relations internationales se retrouve avec la ressortissante du Burkina Faso, Leila Marquès qui a réalisé «L’enfant de la forêt», l’ivoirien Nincemon Fallé avec le roman «Ces soleils ardents» et le guinéen Alpha Seck avec «Mosaïques éparses».

«Je suis tellement fier de représenter notre grande nation autrement que par le football et la musique», a-t-il exprimé sa satisfaction.

Ce prix initié par les éditions JC Lattès, RFI et la cité internationale des arts, est une récompense littéraire destinée à faire émerger les jeunes auteures et auteurs de langue française du continent africain. Il vise à soutenir et mettre en lumière les nouvelles voix de la littérature du continent d’Afrique, des romans reflétant la situation d’un pays, une actualité politique, économique ou sociale ou encore des textes plus intimistes.

Après présentation du lauréat au Cameroun, le roman sera publié un mois plus tard, soit le 20 Mars à l’occasion de la journée internationale de la francophonie. L’heureux gagnant sera logé quelques mois à la cité internationale des arts en France et bénéficiera d’une promotion pour son œuvre éditée.

Pour une bonne politique culturelle associée à l’éducation

Il a par ailleurs émis le vœu de voir l’organisation d’une bonne gestion culturelle de la littérature qui soit en parfaite connexion avec l’éducation dans le but de donner aux plus jeunes le goût de la lecture et susciter en eux l’envie de raconter afin d’avoir d’autres écrivains.

« Je pense que aujourd’hui nous devons revoir notre façon d’enseigner la littérature. C’est mieux d’apprendre aux enfants nos écrivains qui sont encore en vie, pas seulement attendre la mort de ces hommes des lettres pour que les élèves prennent connaissance de ce qu’ils ont fait. Mais tout cela exige une harmonie entre le secteur de la culture et celui de l’éducation ».

Poussé par le besoin de faire poser aux lecteurs des bonnes questions avec sa spécialité de la fiction traditionnelle, l’écrivain fait savoir qu’il s’est lancé trop petit dans la littérature. Le déclic de la lecture vient de la BD que mon ami apportait à l’école vu que son père était bibliothécaire.

À ces époques j’observais plus les images et j’appris à aimer la lecture. Après j’ai enlevé les images pour me consacrer à la lecture des romans.

Le premier que j’ai lu c’était « orgueil et préjugé » de John Austin, a-t-il expliqué, précisant que sa passion pour l’écriture résultait de son aptitude à faire des dessins personnifiés « L’envie d’écrire m’est venue en dessinant ».

Déjà à l’école je faisais mes bandes dessinées. Je dessinais des personnes dont je dotais la parole et c’est comme ça que l’envie m’est arrivée de faire toute une histoire. Mon premier roman que j’ai écrit s’intitulait « l’aube du nouveau monde » alors que j’avais encore 16 ans, C’était de la romance.

Finaliste du concours « Carine novi » organisé par l’ambassade des États-Unis, avec sa nouvelle intitulée « Princesse rouge ». Il a été également à la finale de la compétition « excellentia » organisée par la fondation Denise Nyakeru, de la première dame de la République démocratique du Congo.

Cette étoile montante de la littérature congolaise a été influencée par différents grands auteurs notamment son compatriote In koli jean Bofane, Romain Gary, le sénégalais Mohamed Mbougar Sarr le prix Goncourt 2021 et la française Marguerite Duras.

Nourrit par l’espoir de succéder à la camerounaise Ernis, lauréate de la dernière édition, Steve Aganze ne cache pas son objectif d’être un jour « prix Goncourt » en l’honneur pour son pays République démocratique du Congo. Pour le faire, il souligne la nécessité de se faire accompagner par des bonnes personnes.