Politique
Campagne électorale précoce, « les politiciens congolais sont indisciplinés » (Bosembe)
''Peu de temps après notre nomination à la tête du CSAC, nous avons directement franchi la période électorale. On n'a même pas eu le temps de revoir certaines choses'', relève, sur TOP CONGO FM, Christian Bosembe, invité du Magazine LeDébat.
Le président du Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC) souligne que ''les Congolais sont indisciplinés. Nous ne respectons pas les lois et les normes, en commençant par les politiques. La classe la plus indisciplinée, c'est justement celle des politiciens. Ils ne respectent pas la loi. La loi électorale fixe clairement la date du début de la campagne électorale, mais les gens ont commencé la campagne électorale avant la campagne elle-même".
Et de s'interroger : ''comment voulez-vous qu'on puisse réglementer un secteur de ce genre ? En plus, on a donné au CSAC un pouvoir, mais on ne lui a pas donné le pouvoir d'exécuter ses décisions. C'est-à-dire que nous avons le pouvoir de faire des recommandations, mais nous n'avons pas le pouvoir de les exécuter''.
Pour illustrer cette situation, il relève par exemple que ''nous pouvons recommander l'embargo d'un candidat qui viole la loi électorale, par exemple. Au cas où le candidat passait quand même à la télévision, nous pouvons recommander le retrait du signal de la chaîne. Mais cela devient complexe lorsqu'on ne nous donne pas le pouvoir de déconnecter la chaîne. Nous nous limitons à écrire à un autre organe, en l'occurrence le RENATELSAT ou BLUESAT, pour qu'il exécute notre décision''.
''Si cet organe n'exécute pas la décision, c’est-ce encore notre problème, poursuit-il.
Le CSAC ne peut pas faire un travail qui ne relève pas de ses attributions
''Parfois, on demande au Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication de faire un travail qui ne relève pas de son pouvoir. Souvent, dans la majorité des cas, le CSAC accompli bien son travail. C'est nous qui avons le pouvoir de recommander au gouvernement de couper tel média, de déconnecter telle chaîne. Aucun autre organe ne peut le faire. Maintenant, si nous prenons des décisions et que le gouvernement ne fait pas sa part, ce n'est pas notre problème", explique-t-il.
Alors que l'opinion constate l'abondance des affiches de campagne placardées pratiquement dans toutes les rues ainsi que des messages de campagne diffusés dans les médias, Christian Bosembe estime qu'on ne peut pas nous accuser pour ce que les autres organes devraient faire. De notre côté, nous faisons le travail qu'il faut, mais après, l'exécution pose problème''.
''Tout ce qui se passe aujourd'hui, que ce soit dans les médias ou sur la place publique, ça ne peut pas être mis sur notre tête. De notre côté, nous avons pris des résolutions. Mais elles peinent à être appliquées par les autorités politiques ''.
L'Hôtel de ville n'a pas exécuté nos recommandations
"Nous avons un deuxième problème lié aux affiches placardées partout à travers la ville. Nous l'avons dit, ces messages véhiculés à travers ces affiches, c'est une campagne électorale précoce et que ce n'est pas bien. Nous avons fait des recommandations au gouvernement provincial pour descendre ces affiches et bâches. Mais ces recommandations ne sont pas prises en compte par l’hôtel de ville de Kinshasa que '', fait savoir Christian Bosembe, qui déplore encore à ce niveau un manque d'exécution des recommandations de son organe.
Il explique donc que faire une campagne précoce, c'est donner des indicateurs tels que ''les numéros, sa circonscription électorale et appeler au vote et au contre vote. Même quand un seul de ces éléments se retrouve dans un message, une affiche, etc, c'est une campagne précoce''.
''Nous avons fait des recommandations précisément à l'Hôtel de ville et au ministère de l'Intérieur, mais les autorités politiques ne les exécutent pas'', martèle-t-il.
Il relève, par exemple, une situation qui s'est passée dans la ville de Mbandaka, dans la province de l'Équateur, ''Il y a une radio qui a été fermée juste parce que le gouverneur a décidé de la fermer. Et ça fait maintenant une année depuis qu'elle a été fermée. À qui n'a-t-on pas écrit ? Le ministère de l'Intérieur a même été contacté, bien avant l'actuel ministre. Mais jusque-là, rien n'est fait. Nous espérons qu'il y aura une solution avec l'actuel ministre''.
Le président du Csac estime donc que ''la réussite de notre travail est lié à l'exécution d'autres personnes, d'autres organes. Voilà pourquoi, en 2024, nous allons initier des réformes, notamment celle de la loi portant organisation et fonctionnement du CSAC. Il faudra donner au CSAC le pouvoir de s'exécuter''.
S'appuyant sur la loi portant fonctionnement et organisation du CSAC, il note que le ''CSAC n'est pas impuissant. Mais il faut dire que certaines de nos décisions ne sont pas exécutées par les autres institutions''.
Il relève également que ''le problème est que, jusque-là, on n'a pas encore connu un problème de régulation avec les médias. Ça veut dire que quand on ordonne par exemple le retrait du signal d'un média, jusque-là, les organes habiletés à exécuter cette décision ne s'y opposent pas. Par contre, du côté politique, il y a toujours ce problème d'exécution des décisions''.
La RTNC interpellée
Pour donner l'exemple en ce qui concerne le respect des principes par les médias, Christian Bosembe rappelle que ''nous avons pris nos résolutions, mais j'ai convoqué le DG et le DGA de la RTNC, la chaîne officielle, pour leur demander de respecter la loi électorale, de respecter les principes par rapport à la campagne électorale. Je pense qu'ils observent petit à petit''.
Pendant que le visage du président de la République, Félix Tshisekedi, apparaît quasiment sur toutes les transitions de la télévision nationale et que cela suscite des plaintes dans le camp de ses opposants qui l’accusent de monopoliser la chaîne publique, le président du CSAC estime que ''le président n'est pas un candidat comme tous les autres candidats. Les réalisations du président de la République peuvent passer même après les élections, ça ne pose aucun problème. Ça ne dépend pas de la campagne électorale''.
''Le fait que la chaine publique diffuse les réalisations du président de la République ne pose aucun problème, parce qu'en réalité ce sont les réalisations du gouvernement. On ne doit pas les mettre sur le dos du Chef de l'État,'' souligne-t-il.
Selon le calendrier électoral, la campagne électorale va débuter le 19 novembre pour prendre fin le 18 décembre. Le vote du Président de la République, des députés nationaux et provinciaux et des conseillers municipaux auront lieu le 20 décembre.
La formule du débat contradictoire entre les candidats présidents
''On ne peut pas avoir un débat contradictoire comme les Congolais le pensent parce que la loi ne le permet pas. La constitution de notre pays prévoyait des élections à deux tours. Au premier tour, on pouvait faire ce qu'on voulait. Mais au second tour, on n’avait que deux candidats. À ce moment-là, il y avait l'obligation d'un débat contradictoire puisqu'il n'en restait que deux'', explique Christian Bosembe, président du Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication.
Invité de l'émission le débat sur TOP CONGO FM, il souligne qu'aujourd'hui, nous avons une élection présidentielle à un seul tour. Or, nous avons 26 candidats. S'il faut qu'on organise un débat contradictoire à deux, pour que chaque candidat débatte avec tous les autres challengers, on atteindra plus de 100 émissions. Ce qui veut dire qu'on dépassera même la période de la campagne''.
Au regard du timing accordé par la loi pour la campagne électorale ( 4 semaines ), Christian Bosembe estime que toutes les possibilités ne tiendront pas dans ce format précis.
''S'il faut organiser un débat avec des groupes de 5 candidats, nous avons 26 candidats, l'un d'entre eux sera en difficulté, il n'aura pas de places. Il faut avoir au moins 4 groupes de 5 candidats et un groupe de 6 candidats pour un tel débat. Mais là aussi, nous aurons un problème de temps'', explique-t-il
Dans cette perspective, relève Christian Bosembe, ''nous avons réfléchi au niveau du CSAC. Nous avons trouvé la meilleure formule pour un débat contradictoire. Nous allons dévoiler ladite formule ce vendredi''.
Il constate par ailleurs que '' souvent les candidats présidents ne viennent pas participer eux-mêmes aux émissions. Ils délèguent toujours leurs membres''. Voilà pourquoi cette fois-ci, martèle-t-il, '' Nous insistons au niveau du CSAC pour que les candidats se présentent eux-mêmes. Le peuple congolais a besoin de vous entendre pour faire le choix''.
''On a fait quelque chose de formidable. Nous avons sélectionné les meilleurs journalistes du Congo qui vont poser des questions sur les 7 thématiques que nous avons choisies'', révèle-t-il
Mais le président du CSAC note quand même qu'il n'est pas interdit à un média de prendre une initiative dans ce sens''.
Plusieurs candidats se sont déjà dit favorables à un débat contradictoire avec les autres challengers, entre-autres Floribert Anzuluni, Martin Fayulu, Delly Sessanga, et Adolphe Muzito.
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