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Economie

Des autorités de régulation sans la science économique (Analyse d’Oasis Kodila Tedika*)

2023-01-16
16.01.2023
Chroniques & Analyses
2023-01-16
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Il y a peu, les ordonnances présidentielles étaient tombées, nommant au passage des mandataires publics, parmi lesquels ceux qui doivent présider au destin de certaines autorités de régulation. Au-delà de l’euphorie caractérisant certains « élus », disposer des autorités de régulation relève du temps moderne et constitue un instrument moderne de la conduite de la politique économique.

Partout ailleurs dans le monde, ces autorités de régulation sont notamment les enfants légitimes des économistes. Du moins, les économistes leur ont donné toute la légitimité nécessaire. On se souviendra de la vague de travaux des économistes sur la délégation des compétences dans les années 70-80. Par exemple, les prix Nobel d’économie Eric Maskin et Jean Tirole ont montré que lorsque les questions à traiter sont complexes ou techniques, la gouvernance politique, qui subit les diktats des élections et des asymétries de l’information notamment de l’électorat, est moins préférable à une solution technocratique, c’est-à-dire un mandat à une agence indépendante. D’où les autorités de régulation.

Ces institutions ont des missions claires, pour lesquelles ils doivent manipuler des instruments techniques, particulièrement de l’économie industrielle (organization industrial). On doit y traiter des problématiques relatives à la structure du marché, la dominance de certaines entreprises, la concurrence, la coopération ou les ententes, les profits excessifs, la fusion-acquisition, la position sur la chaîne de valeur, l’arbitrage, le coût, le prix, les types de réglementation, le calendrier réglementaire, les investissements stratégiques, les marchés spécifiques, etc. Autant de questions techniques abordées par les économistes dans leur formation.

Cependant, lorsqu’on observe les autorités de régulation de la RDC, on est loin d’être dans un vivier des économistes paradoxalement. Pour faire simple, regardons deux faits rapidement. Primo, dans un article scientifique intitulé « Economistes de la République démocratique du Congo dans la sphère publique : quelques faits stylisés », que nous avons écrit récemment, il est démontré qu’en considérant la majorité des autorités de régulation congolaise, à peine 25% de ces autorités (Banque centrale du Congo exclue) ont à leur tête un diplômé d’économie au sens large. Si on considère la définition de l’économiste au sens universel ou rigoureux (c’est-à-dire au sens de Bénassy-Quéré et al. (2017) - une personne utilisant quotidiennement ses compétences et ses connaissances pour comprendre (et faire comprendre) des phénomènes économiques. Le plus souvent, l’économiste est titulaire d’un doctorat ou au moins d’un master spécialisé (ou équivalent). Cette définition restreint la profession aux « producteurs » du savoir, diplômés de recherches, analyses, conseils et enseignements), aucune institution n’est dirigée par un tel économiste (Banque centrale du Congo exclue).

Secundo, il est clair que certains peuvent toujours se montrer réticents à l’idée très documentée empiriquement de la « théorie du leadership expert » d’Amanda Goodall, professeur en leadership à Bayes Business School, à City, University of London, selon laquelle dans tous les types de contextes de travail, les dirigeants qui ont une compréhension approfondie du cœur de métier – les « leaders experts » – créent une meilleure performance organisationnelle, alors que les leaders généralistes sont associés à une performance globale inférieure. Face à une telle réticence, il y a lieu de faire constater que la grande majorité de nos autorités de régulation ne disposent nullement d’un département économique où toute la substance analytique s’y produit. Pourtant, partout ailleurs au monde, c’est notamment là que les économistes se déploient.

Avec la dernière vague de nominations, il y a peut-être l’opportunité de changer de fusil d’épaule de manière générale. Sinon, non seulement on marchera à contre-courant de la pratique mondiale, on s’éloignera également de la finalité de ces autorités, avec à la clé la perte en efficacité.

*Oasis KodilaTedika est un économiste et auteur récemment du livre Financement du développement en RDC : diagnostic, opportunités et perspectives.

Oasis KodilaTedika
congo-press.com (MCP) / mediacongo.net
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