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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 01 juillet
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Société

L’espérance de vie à Kinshasa : un mouroir dont on connaît, hélas, les causes !

2024-06-26
26.06.2024
2024-06-26
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Depuis près de sept décennies, l'espérance de vie mondiale à la naissance a augmenté sans interruption, passant de 45,7 ans en 1950 à 72,6 ans en 2019. La République démocratique du Congo (RDC) ne fait pas exception. Entre 1990 et 2021, le pays a gagné près de 11 années supplémentaires, passant de 48,6 à 59,19 ans sur la même période (graphique 1). Cependant, si la situation semble idéale à l'échelle nationale, la tendance observée dans la ville-province de Kinshasa depuis 2010 reste préoccupante. L'espérance de vie à la naissance est passée de 63,75 ans en 2010 à 58,71 ans en 2021, soit une perte de 5,04 ans. La question est : pourquoi ce revirement ? A la base, il existe plusieurs facteurs susceptibles d'exercer une influence négative sur l'espérance de vie à la naissance.

Graphique 1. Evolution de l’espérance de vie à la naissance



Source : Life expectancy - Subnational HDI - Table - Global Data Lab

Dans les pays en développement, l’OMS met en avant les principales maladies infectieuses mortelles (VIH/SIDA, paludisme et tuberculose) ainsi que les principales maladies infantiles mortelles (notamment la pneumonie et la diarrhée). À Kinshasa, l'incidence du paludisme est en nette progression, passant par exemple de 111 pour 100 000 habitants en 2017 à 189 pour 100 000 habitants en 2022. Première cause de mortalité et de morbidité en RDC, le paludisme représente donc un véritable fardeau pour les kinois. De plus, le risque d'infection par le VIH/SIDA est relativement élevé, en raison du faible taux d'utilisation des préservatifs et de la multiplicité des partenaires. Selon les dernières données MICS-PALU, moins de la moitié (46%) des jeunes âgés de 15 à 24 ans ont déclaré avoir utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel avec un partenaire non marital, et environ 17% des hommes ont déclaré avoir couché avec plusieurs partenaires au cours des 12 mois précédant l'enquête. Le faible recours aux mesures préventives augmente considérablement le risque de contracter le VIH/SIDA et d'en mourir, en particulier en présence d'un faible taux de dépistage (21 %), entraînant des retards dans la prise en charge médicale des cas positifs. Ceci pourrait expliquer la forte prévalence du VIH/SIDA à Kinshasa (1,6%), relativement plus élevée que la moyenne nationale (1,2%). Le VIH/SIDA est également la première cause de l'augmentation de l’incidence de la tuberculose. À Kinshasa, le taux de notification pour 100 000 habitants était en moyenne de 280 entre 2019 et 2023, bien supérieur à la moyenne nationale de 188 pour 100 000 habitants sur la même période.  De ce fait, un nombre élevé de patients coinfectés par la tuberculose et le VIH/SIDA ne peut rester sans conséquence sur le taux de mortalité. Aussi, Kinshasa figure parmi les provinces les plus touchées par la diarrhée avec une prévalence de 18,8%, causant directement ou indirectement le décès d’enfants de moins de 5 ans.
Au-delà de la charge en termes de mortalité et de morbidité, ces maladies ont des implications économiques majeures. En plus d'entraîner des dépenses de santé catastrophiques (représentant entre 10% et 25% des revenus d'un ménage), elles sont susceptibles d'entraîner des pertes de revenus et d'emplois pour les malades incapables de travailler. Dans un contexte où seulement 16,7% de la population de Kinshasa bénéficient d'un système de protection sociale, tandis que 36,3% vivent avec moins de 1,90 USD par jour, cette perte de revenu augmente davantage la pauvreté et réduit la possibilité de recourir à des soins de santé de meilleure qualité. Cela crée un cercle vicieux qui contribue à expliquer pourquoi, en moyenne, les personnes les plus pauvres ont une espérance de vie inférieure à celle des plus riches

Un examen plus approfondi des facteurs économiques révèle que les kinois sont loin d'être heureux. Selon les données MICS-PALU, seuls 45% des 15-49 ans de Kinshasa estiment que leur vie s'est améliorée au cours de l'année écoulée et qu'elle s'améliorera au bout d'un an. Le coût de la vie demeure très élevé à Kinshasa, avec un taux de chômage qui reste 2,7 fois supérieur à la moyenne nationale, malgré le poids économique de Kinshasa qui avoisine les 21% du PIB de la RDC. Parmi ceux qui travaillent, près de 20% sont employés comme personnel de maison (aide-ménagère, homme à tout faire, chauffeur, etc.) avec des salaires insignifiants, comme le révèle un rapport officiel. Ces difficultés économiques expliquent en grande partie la forte prévalence de la malnutrition à la petite enfance, contribuant à la baisse de l’espérance de vie. La dernière enquête nationale de nutrition en RDC montre qu'à Kinshasa, près de 17,2% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique, 8% de malnutrition aigüe globale, et 1,3% de malnutrition aigüe sévère. En d'autres termes, plus d’un enfant sur quatre est vulnérable aux maladies et risque de mourir avant l'âge de 5 ans à cause de la malnutrition.

Plusieurs autres problèmes ont été documentés dans une chronique précédente, qui montrent à quel point les kinois sont soumis à un calvaire quotidien, ce qui aura sans aucun doute un impact négatif sur leur espérance de vie. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que l'alcool soit considéré comme un des facteurs de détente pour réduire le stress et oublier la misère auxquels les kinois sont confrontés quotidiennement. Ainsi, la consommation d'alcool reste relativement plus élevée à Kinshasa (36,8%) qu'au niveau national (35,15%). Cependant, plusieurs études montrent que l'abus d'alcool reste l'un des facteurs contribuant à la diminution de l'espérance de vie, car il augmente notamment le risque de développer un diabète. Les données du Système National d’Information Sanitaire montrent que Kinshasa est la ville où le nombre de cas de diabète est le plus élevé, avec une moyenne de 42 623 notifications contre 4 273 cas à l'échelle nationale, entre 2017 et 2023. Avec un tel nombre de cas de diabète, il ne sera pas surprenant que cela augmente le nombre de cas des maladies cardiovasculaires et réduisent l’espérance de vie à la naissance.

Les causes sont donc légion. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la situation dans cette ville est très préoccupante. Les défis sanitaires, économiques et environnementaux sont énormes. Pour les dirigeants actuels de la ville-province de Kinshasa, quoi de plus beau, de plus impératif, de plus intéressant, de plus productif que de mettre du sérieux et de la détermination pour faire avancer l'Agenda Kinshasa ? Leur ambition n'est-elle pas d'améliorer les conditions de vie des kinois ?

 

*Jeanson Lwenge Nyembo est un économiste de la santé et occupe actuellement le poste d’Expert à l’Observatoire Congolais du Développement Durable.
*Oasis Kodila Tedika est un économiste et auteur récemment du livre Financement du développement en RDC : diagnostic, opportunités et perspectives.


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Bakanja @7B58EQZ   Message  - Publié le 26.06.2024 à 13:43
Un très bel article et bien argumenté. Au gouvernement de prendre des mesures mais surtout à nous citoyen Lambda de nous contrôler.

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Belesi @J6EQHSA   Message  - Publié le 26.06.2024 à 12:47
Ba articlesya boye, tu verras moins de commentaires mais soki Dennie LESSIEi asali buzz, yoka biso. Notre ville est pourrie, les gens meurent sans mesure mais nous faisons genre de rien n'était.

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