Politique
Pour comprendre l’obstination de l’expert Denis Kadima à occuper par tous les moyens terrestres et extra-terrestres le prestigieux poste de président de la commission électorale nationale indépendante (CENI), il y a lieu de pénétrer le dernier balai diplomatique autour de Mboso.
C’est la petite quatrième guerre mondiale après celle de l’Afghanistan. Les diplomates des pays les plus puissants du globe se sont bousculés au portillon du speaker de la chambre basse du Parlement de la République démocratique du Congo début octobre 2021 pour se signaler dans le dossier CENI. D’abord le puissant Mike Nzita Hummer, ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique en République démocratique du Congo, «ami de la RDC» sous Félix Tshisekedi.
Pour le diplomate américain, « l’heure est arrivée d’organiser finalement de bonnes et exemplaires élections en RDC. Des élections voulues crédibles, démocratiques, transparentes et libres dans un environnement apaisé. C’est ici qu’il souligne l’insistance de son pays au sujet du consensus nécessaire dans le choix des animateurs de la CENI ».
A l’issue d’une longue audience auprès de Christophe Mboso Nkodia Pwanga, président de l’Assemblée nationale le mardi 5 octobre 2021, ce après avoir sillonné le pays à la rencontre des acteurs politiques et sociaux, Mike Hummer s’est clairement rangé du côté de deux confessions religieuses, sans les citer, à savoir les catholiques et les protestants dont le souci demeure de trouver un modus vivendi autour du choix du président de la CENI : « notre souci est de voir le processus avancer pour enfin avoir le nouveau bureau de la CENI. Car, tous voulons avoir des élections en 2023, des élections qui seront bien organisées, transparentes, équitables et crédibles ».
Même démarche du côté des Éuropéens qui se disent en situation politique de soutenir la nouvelle commission électorale nationale indépendante, tout en respectant la constitution de la RDC. L’audience accordée à une imposante délégation de l’UE le vendredi 1er octobre 2021 sous la conduite de Jean-Marc Chataigner, ambassadeur chef de la délégation de l’Union européenne en RDC a porté sur la même matière d’actualité : «nous avons été reçus par le président de l’Assemblée Nationale dans le cadre du dialogue politique. Le président nous a longuement parlé de la composition de la CENI. Nous sommes soucieux que les élections se tiennent dans le délai prévu par la Constitution congolaise. Et donc, nous sommes disposés à accompagner la RDC si elle le demande pour la préparation et l’organisation de ces élections en respectant totalement la Constitution de la RDC », fin de citation.
Russes et Chinois pour le forcing avec Kadima contre Américains et Européens qui prônent le consensus
Plus étonnant aura été la succession des audiences entre d’une part l’ambassadeur américain suivi directement le même mardi 5 octobre de l’ambassadeur de la Fédération de Russie, Alexey Sentebov. Sur un ton de grande fermeté, ce dernier est plutôt allé aux antipodes de l’Américain pour affirmer que son pays était contre toute ingérence dans les affaires internes des pays africains, cas de la RDC : « On a parlé de la préparation des élections prévues pour 2023. Nous tenons à ce que les solutions aux problèmes que vous avez, soient votre choix et dans tout le respect de la souveraineté de votre pays. Nous sommes contre toute ingérence dans les affaires des pays africains y compris la RDC». Comme on le voit si bien, la guerre des élections a déjà commencé en République démocratique du Congo, puisque c’est sur la même lancée que s’est présenté le diplomate chinois à Christophe Mboso le 14 octobre 2021.
Zhu Jing, ambassadeur de la République populaire de Chine a soutenu, à haute voix, la démarche de l’Assemblée nationale d’aller de l’avant avec le processus d’entérinement des membres de la CENI : « la Chine est contre toute ingérence dans les affaires intérieures des Congolais, parce que nous considérons que la préparation du processus électoral de la RDC est une affaire interne des Congolais ». Des apostrophes qui méritent toute notre attention lorsqu’on considère que les deux blocs (Etats-Unis et Union européenne d’une part et Chine et Russie d’autre part), développent des ambitions de coopération long terme avec la RDC dans le domaine miner notamment.
La guerre des puissants commence par la CENI
L’on se demanderait pourquoi ces quatre puissances s’adressent-elles à la RDC au sujet de l’organisation des prochaines élections. Que peuvent-elles insinuer dans cet activisme électoral ? D’après certains analystes de l’évolution de la géostratégie mondiale, la RDC sera bientôt le centre d’intérêts de grandes puissances en Afrique. Cette prédisposition stratégique pousserait les grandes puissances à avoir une attention particulière sur la RDC afin de s’assurer qu’une démocratie stable s’y installe à l’issue des élections de 2023.
Dans cette grande hypothèse internationale, certains estiment qu’il faille privilégier l’organisation des élections les plus crédibles possibles, installer des institutions stables, organiser une nouvelle classe politique congolaise débarrassée de pratiques affairistes, développer le pays de Lumumba et y faire des affaires de manière régulière et profitable. Cette vision des Américains n’est pas du tout du goût des Chinois et des Russes qui pour eux, il faut déjà intensifier les affaires avec le gouvernement Tshisekedi, peu importe la qualité de notre démocratie ou encore des résultats qui sortiront des élections attendues en 2023.
D’où, ces discours contradictoires de deux blocs, les uns pour un consensus dans la mise en place de la centrale électorale et les autres pour une accélération du processus avec ou sans consensus. Logiquement, c’est l’axe Chine-Russie qui porte l’option de Denis Kadima tandis que les Etats-Unis et l’Union européenne plus habitués aux réalités politiques congolaises s’annoncent prudents et voudraient voir le président Tshisekedi offrir aux confessions religieuses une dernière chance de désigner une personnalité dont le cursus politique et électoral va rassurer toutes les sensibilités sociopolitiques du pays. Ceci évitera au pays une nouvelle flambée de violences avant, pendant et après les élections.
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