En séjour à Kinshasa, Zainab Hawa Bangura s’exprime ce matin devant le Sénat

La Sierra leonaise Zainab Hawa Bangura, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies sur les violences sexuelles dans les zones en conflits, prendra la parole au cours de la plénière académique prévue ce matin au Sénat, dans la salle de Conférences internationales du Palais du peuple à Kinshasa, a-t-on appris hier en fin d'après midi dans les couloirs de l'hémicycle. 

Jusqu'hier, on ignorait encore la substance du message de cette dame, ministre honoraire Sierra leonaise. Seulement voilà, au regard de ses fonctions de représentant spécial de Ban Ki-Moon sur des questions liées aux violences sexuelles dans les zones en conflits, tout porte à croire que Mme Zainab Hawa Bangura sera porteuse d'un message spécifique du secrétaire général de la plus grande organisation mondiale, adressé à la population congolaise via la Chambre haute du Parlement.

Sur le plan politique, la visite de Mme Zainab Hawa Bangura en République démocratique du Congo intervient six jours après la clôture, samedi 5 octobre au Palais du peuple, des travaux des concertations nationales. Une autre coïncidence aussi, c'est que le représentant spécial de Ban Ki-Moon en charge des questions de violences sexuelles dans les zones en conflits, arrive à Kinshasa au moment où l'opinion locale attend avec impatience, le message du président Joseph Kabila à la Nation, via les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès.

Un message pas comme tous ceux qui l'ont précédé, dans la mesure où celui qu'on attend depuis bientôt une semaine (demain samedi), est d'un intérêt particulier en ce qu'il apportera des réponses aux préoccupations majeures des concertateurs. Principalement, celles requérant un caractère urgent en rapport avec la cohésion nationale.

Un troisième fait, et non des moindres, est que Zaïnab Hawa Bangura foule le territoire congolais au moment où le pays fait face à une agression extérieure, camouflée en une rébellion dans la partie orientale de son vaste territoire. De ce point de vue, l'hôte de Kinshasa a donc de la matière non seulement à dispenser à son auditoire, mais aussi, à apprendre de celle-ci.

Peut-être pas forcément un scoop, tant les faits ont plusieurs fois été dénoncés par différents rapports des experts des Nations unies, les violences sexuelles dans la partie Est de la RD Congo en conflits armés récurrents, sont devenues une véritable arme de guerre. Car, en plus de l'exploitation illicite des matières premières, la femme de l'Est de la RD Congo paie un lourd tribut de ces attaques armées à répétition.

Si certaines femmes victimes de violences sexuelles prennent le courage de se présenter devant les structures de prise en charge ad hoc, plusieurs centaines autres vivent leur martyr en silence, par crainte d'être rejetée par la société. Ou simplement, pour ne pas ternir l'image de leurs familles respectives.  

UNE EXPERIMENTEE D'INTERACTIONS ET DE NEGOCIATIONS

Zaïnab Hawa Bangura offre un Cursus vitae qui n'a rien à envier au parcours d'un véritable combattant. En Sierra Leone, le nom de cette dame ne sonne pas creux. Bien au contraire. Zainab Hawa Bangura est comptée parmi les femmes de notoriété de son pays. Elle est la deuxième femme sierra leonaise à être élevée au rang de ministre des Affaires étrangères en 2011.

Bien avant cela, soit en 2007, Zainab Hawa Bangura a été nommée au poste de ministre de la Santé et de l'Assainissement. Sa nomination à ce poste fut d'un apport réel, en ce qu'elle y avait apporté  plus de 20 ans de politique, l'expérience diplomatique et pratique dans le domaine de la gouvernance, la résolution des conflits et la réconciliation en Afrique.

Tout en étant ministre sierra leonaise des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Zaïnab Hawa Bangura a également été le conseiller en chef et porte-parole du président sur les questions bilatérales et internationales. 

Elle a joué un rôle déterminant dans l'élaboration de programmes nationaux de santé abordable, plaidant pour l'élimination des mutilations génitales, la gestion de la Commission de consolidation de la paix dans le pays et de contribuer aux relations multilatérales et bilatérales avec la communauté internationale. 

Elle est vécue dans la rencontre avec les interlocuteurs dans des situations diverses, y compris les groupes rebelles, et connue pour traiter avec l'Etat et les acteurs non étatiques pertinentes aux questions de violences sexuelles tout en luttant contre la corruption et l'impunité.

Mme Bangura a de l'expérience sur le terrain avec les opérations de maintien de la paix au sein de la Mission des Nations unies au Libéria (MINUL), où elle était responsable de la gestion de la plus grande composante civile de la Mission, y compris la promotion du renforcement des capacités des institutions gouvernementales et réconciliation communautaire. 

Elle est expérimentée sur les questions civile, humaine et responsable de la campagne et de la démocratie militante des droits des femmes, notamment en tant que directeur exécutif des groupes nationaux de reddition de comptes, président et co-fondateur du Mouvement pour le Parti du progrès de la Sierra Leone, ainsi que coordinateur et co-fondateur de la Campagne pour la bonne gouvernance.

Ancien membre de la Chartered Insurance Institute de Londres, Zaïnab Hawa Bangura est titulaire des diplômes en gestion de l'assurance de la City University Business School de Londres et de l'Université de Nottingham.  Le 22 Juin 2012, Ban Ki-moon, la nommait en qualité de son représentant spécial sur les violences sexuelles dans les conflits, avec rang de sous-secrétaire général. A sa nomination, Mme Zaïnab Hawa Bangura remplaçait la suédoise Margot Wallström.