Société
Après les nouvelles révélations du lanceur d'alerte Jean-Jacques Lumumba, le petit-neveu de l’ancien premier ministre Patrice Lumumba, sur le « pillage de la Gécamines par les proches de Kabila », le président Felix Tshisekedi vient largement de remanier la magistrature. Mais pour l'instant, Jean-Jacques Lumumba « attend les actes » pour pouvoir juger les nouveaux magistrats.
Les nouvelles révélations faites par le réseau panafricain de lutte contre la corruption « Unis » de Jean-Jacques Lumumba jette une lumière crue sur les détournements d’argent massifs réalisés par les dirigeants de la Gécamines, la plus importante entreprise minière d’Etat de République Démocratique du Congo (RDC). L’ONG Global Witness avait déjà révélé la « disparition » de plus de 750 millions de dollars des caisses de la Gécamines entre 2013 et 2015.
En janvier 2020, une sombre affaire de prêt de 200 millions de dollars que la Gécamines aurait contracté auprès d’une entreprise de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler, proche de Joseph Kabila, avait également défrayé la chronique à Kinshasa. Aujourd’hui, c’est le lanceur d’alerte Jean-Jacques Lumumba qui dévoile une nouvelle fois l’ampleur de la corruption au sein de la Gécamines dans une lettre envoyée au président Félix Tshisekedi.
Selon le petit-neveu de l’ancien premier ministre Patrice Lumumba, « ce sont des milliards qui ont été volés à la première entreprise d’Etat. » Et de citer « à titre d’exemple », la somme de 70 millions de dollars retirée par « les tenants du pouvoir » des caisses de la Gécamines, une semaine avant les élections de 2018. D’après Jean-Jacques Lumumba, les dirigeants de la société minière « ont fait semblant de remettre 64 millions de dollars dans les caisses », mais cette argent a été « purement et simplement détourné au profit de quelques individus ».
Corruption: « l’impunité doit s’arrêter »
La prédation de la Gécamines a continué après l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi à la présidence en janvier 2019. Jean-Jacques Lumumba dénonce trois contrats miniers qui aurait dû rapporter à l’entreprise minière 920 millions de dollars. En fait, seulement 44 millions sont rentrés dans les caisses de la Gécamines. Le lanceur d’alerte estime que les 876 millions manquants « ont été détournés par des individus bien identifiés ». « Ce sont des choses que vous pouvez vérifier » lance Jean-Jacques Lumumba au président Félix Tshisekedi.
Dans le viseur de ce combattant anti-corruption, il y a bien sûr le patron de la Gécamines, l’indéboulonnable Albert Yuma, réputé proche de Joseph Kabila et que voudrait voir partir Félix Tshisekedi. « Voilà la raison pour laquelle le camp du sénateur Kabila refuse d’entériner les ordonnances de nominations de nouvelles personnes que vous avez décidé de placer à la tête de la Gécamines », dénonce Jean-Jacques Lumumba pour expliquer le refus de Joseph Kabila de voir débarquer Albert Yuma de la société minière.
Pourtant, Félix Tshisekedi a fait de la lutte contre la corruption sa première priorité. « Monsieur de la président, l’impunité doit s’arrêter dans ce pays » tonne le petit-neveu de l’illustre Patrice Lumumba, qui explique qu’en récupérant l’argent détourné, le président congolais pourrait financer la très coûteuse, mais indispensable, gratuité scolaire.
Jean-Jacques Lumumba « réservé » sur les nouveaux magistrats
Jean-Jacques Lumumba à Paris. (© Ch. Rigaud/Afrikarabia)
L’alerte de Jean-Jacques Lumumba a-t-elle finalement été entendue par la présidence ? Ce vendredi, Félix Tshisekedi a donné un grand coup de balai dans la magistrature, un an après son accession au pouvoir. Le très « kabiliste » procureur général Flory Kabange Numbi a été débarqué et remplacé par l’ex-avocat général Victor Mumba Mukomo.
Au jeu des chaises musicales, Jean-Paul Mukolo, qui a collaboré étroitement avec Kabange Numbi, est nommé procureur général de la Cour constitutionnelle. De nouvelles têtes arrivent également à la Cour de cassation, avec Dominique Thambwe, ou à la Haute cour militaire, avec le Général Joseph Mutombo Katalay.
Ces nouvelles nominations seront-t-elles suffisantes pour s’attaquer à la corruption, un fléau endémique en République démocratique du Congo ? Difficile de le dire pour l’instant. Félix Tshisekedi n’a pas voulu renverser la table en nommant de nouveaux magistrats qui pourraient lui apparaître comme proches, ou trop anti-Kabila.
Au regard des pédigrées décrit par certaines sources, Victor Mumba Mukomo est ancien procureur général sous Kabila qui, en 2016,a accusé Moise Katumbi dans l'affaire des mercenaires Américain. Jean Paul Mukolo fut juge de la Cour constitutionnelle nommé par Kabila en 2018 pour s'assurer que les élections vont refléter sa volonté. C'est la personne qui a lu le décret de la cour quand celle-ci s'est prononcée sur les élections de 2018. Dominique Ntambwe Wa Kiniki est un ancien conseiller à la cour suprême de la Justice qui serait aussi un kabiliste de longue date et qui serait actif dans le cercle du PPRD et Octave Tela Ziele est un Avocat général de la République et secrétaire du Comité des Hauts Magistrats. Associé de longue date de Flory Kabange Numbi (le desormais ex-procureur général près la cour de cassation). Il a été impliqué dans le séance de travail des experts de la CENI en 2018.
Bref, ce sont plutôt des second couteaux, tous issus du sérail, que le président a promu et dont il espère qu’ils travailleront de manière plus indépendantes que leurs prédécesseurs. Jean-Jacques Lumumba émet « des réserves » sur ces nominations.
« On attend maintenant de vrais enquêtes sur les scandales financiers et les crimes économiques ou des droits de l’homme, comme l’affaire Chebeya. Mais on attend surtout les actes pour juger ces nouveaux magistrats, sachant qu’on a remplacé des juges par d’autres… également inféodés au système Kabila ».
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