Société
Mardi 04 février, la police s’est mise en chasse des kulunas qui ont quitté leurs bastions (camp Munganga, nzela singa...) pour sévir plus haut, c’est-à-dire à Mfinda, quitte à les dénicher. Des balles ont crépité au courant de la journée, deux kulunas y ont laissé leur peau, un sur l’avenue Muanda dans sa direction située non loin du marché Sola et l’autre non loin de là, rapporte à Media Congo Press (MCP) un témoin sous le sceau de l’anonymat, qui s’est également retenu de décliner l’identité des victimes. Néanmoins, il rassure qu’ils étaient bel et bien des bandits.
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« Entretenir les kulunas protège notre business », détenteurs des petits commerces
Face à la nouvelle brigade policière Ujana dont quelques éléments se reconvertissent en bourreaux, la population de Binza-Ozone, dans la commune de Ngaliema, préfère traiter avec les bandits de grand chemin, communément appelés « kulunas » en vue d’assurer la protection de leurs biens. En échange d’une somme allant de 500fc à plus, un tarif fixé selon l’entreprise, rétrocédée chaque matin, ces derniers sécurisent leurs activités. Une offre « opportune » qui ne laisse pas trop le choix aux détenteurs des petits commerces.
Kuluna, ami ou ennemi ?
Dans les quartiers moins nantis et banlieues de la ville de Kinshasa poussent comme des petits champignons des petits commerces qui favorisent tant soit peu la survie des ménages. Des restaurants de fortune et débits de boisson d'un côté, des boutiques procurant plusieurs biens de première nécessité de l'autre, des bureaux de change et vente de cartes de recharge téléphonique, bref, on y trouve tout ce qu'il faut pour assurer le quotidien des populations. Là aussi, il est fréquent, le jour comme la nuit, de voir des bandes s’affronter. Certains se disputeraient le territoire, dans ce cas le plus fort en prendrait le contrôle, d’autres se mesurent simplement ou se retrouvent dans une situation de vengeance. Dans l’un ou l’autre cas, ce sont les habitants qui en pâtissent ; des blessés, des biens détruits ou perdus, etc. Dans ce foisonnement de dynamismes, les tenanciers des petits commerces mettent la chance de leur côté : faire alliance avec un plus fort est un gage de sécurité.
A quelques encablures de l’ITC Ngaliema, Fils, propriétaire d’un bureau de change sous une ombrelle considère les kuluna (bandits usant des armes blanches) comme des alliés de taille face à l’insécurité qui sévit dans son quartier, M’finda en l’occurrence. « Ils ne nous demandent pas grand-chose… je préfère faire ami avec un kuluna qui pourrait [même si les chances sont réduites, ndlr] me protéger face à un autre gang, contrairement à un policier qui s’en prendrait à moi sans état d’âme », témoigne-t-il. Et tel un talisman repousserait des esprits méchants, quelques propriétaires envisagent, d’ores et déjà, avoir un homme fort si pas dans la famille, au moins comme locataire, en vue de barrer la route aux prétentieux.
Cependant, cette pratique met à mal la coopération entre la police et les citadins qui devient de plus en plus hypothétique. Beaucoup de personnes, en conséquence, éprouvent des difficultés à dénoncer ces bandits de grand chemin car bénéficiant de leur protection. Pendant que, par peur de représailles, d’autres préfèrent garder le silence.
« Certains d’entre nous qui ont osé délivrer l’identité de quelques malfrats ont été surpris au milieu de la nuit par leurs camarades venus les venger », relate madame Chantal, habitante du quartier camp Munganga. « Pourquoi coopérer du moment qu’ils sont relâchés aussitôt arrêtés ? ». La population en arrive à se demander s’ils œuvrent en complicité avec les agents de l’ordre commis à leur sécurité. Car une fois en liberté, ils reviennent se venger sur elle « c’est ce qui calme leurs ardeurs », rapporte-t-on. Et souvent, sans inquiéter les personnes ayant en charge la sécurité de la population.
Ce caractère désobligeant attribué aux agents de l’ordre pousse les citoyens de la ville à exiger la traque sans merci de ces bandits afin que les populations vaquent librement à leurs occupations. Quelle que soit l’heure, les kulunas ne se gênent guère d’entrer en danse Livrer le kuluna ou le protéger ?
Faire de son ennemi un allié n’est pas qu’une solution qui pallie les crises au sommet de l’Etat ! Les différentes couches de la population font sienne cette citation en vue de régler les différends qui les opposent et maintenir ainsi l’équilibre sociétal. Il s’avère pourtant un choix assez controversé qui ménage la criminalité dans la ville. Les kulunas jouissent confortablement de la protection de leurs familles et maintenant de leurs voisins. Les méthodes de leur remise en liberté par la justice congolaise (du moins pour ceux qui arrivent à répondre de leurs actes… alors qu’une caution à payer au bureau de la police du quartier suffit pour que d’autres recouvrent la liberté) poussent les populations concernées vers la voie d’un exutoire sans foi ni loi au prix de leur intégrité physique et de leurs biens, remettant en question celle des services de la police, soupçonnés de travailler en connivence avec ces bandits.
Ainsi, livrer ou protéger un kuluna s’avère, dans tous les cas, un exercice périlleux, relève d’une problématique qui divise.
Au regard de l’adaptation de la population face à l’offre de ses bourreaux, l’Etat demeure le seul arbitre en mesure de remettre de l’ordre dans la cité en y imposant totalement son autorité.
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