Politique
Mesures protocolaires strictes
Pour planter le décor, la Maison Blanche a annoncé les couleurs dans la distribution du carton d’invitation. Sur la cinquantaine de chefs d’État africains, quatre ne feront pas le déplacement de Washington. Ce sont Robert Gabriel Mugabe (Zimbabwe), Omar El-Béchir (Soudan), Isaias Afowerki (Erythrée) et Mohamed Abdelaziz (Sahara Occidental). Les trois premiers, exerçant à la tête de leurs pays respectifs, ont chacun une relation difficile avec l’Occident qui les incrimine pour des problèmes de gouvernance intérieure. Le quatrième préside une entité reconnue comme État par l’Union africaine, mais n’officie pas pleinement en raison d’un empoisonnant conflit territorial avec le royaume du Maroc. Ainsi traités depuis des années, ils se sont sans doute forgé la conscience d’être des exclus de toujours et vivent leur isolement comme ils peuvent.
Puis d’autres consignes encore : les invités du sommet Afrique-Amérique devront s’abstenir de « longs discours » et n’auront pas d’entretien bilatéral avec le président Obama. Difficile, en effet, d’écouter cinquante discours et d’organiser cinquante tête-à-tête en si peu de temps. À ce titre aussi, la réception à la Maison Blanche sera limitée à quatre personnes par délégation, le chef d’État et son épouse, accompagnés de deux collaborateurs.
Gouvernance, paix et générations futures
Ce qu’il faut retenir également, c’est que le sommet de Washington éclatera en trois panels thématiques respectivement sur la gouvernance, la paix et sécurité, les générations futures. Le président américain y prendra part. Le 9 juillet, lors d’un point de presse électronique avec les journalistes africains, la vice-secrétaire d’État américaine chargée de l’Afrique, Linda-Thomas Greenflied, qui expliquait ce programme, avait effleuré le point sur la gouvernance. En substance, elle a répété ce que le Secrétaire d’État américain, John Kerry, avait déclaré il y a quelques semaines, au terme d’une tournée en Afrique, au mois de juin, pour dire que les États-Unis sont opposés à la révision des lois fondamentales.
À l’évidence, ce ne sera pas le seul sujet important du conclave. Mais, comment les pays vers lesquels se tournent les regards lorsqu’on évoque cette question se défendront-ils ? Comment, avant d’entrer dans le vif du sujet, les délégations africaines présenteront-elles la situation de chaque nation lors de la rencontre qui se tiendra avec les hommes d’affaires américains, le 4 août ? Quel visage les entrepreneurs africains, dont quatre représenteront chaque pays, montreront-ils lors du Forum business qui aura lieu le 5 août ? Enfin, quelle part chacun des chefs d’État africains présents prendra-t-il dans le débat politique prévu le 6 août au département d’État ?
Apprendre à se connaître
Au-delà de la surenchère provoquée par les propos de John Kerry et de son adjointe sur les constitutions africaines, le sommet Afrique-Amérique, dont l’ordre du jour est dense, on l’a vu, gagnerait à être une occasion exceptionnelle de nouer entre partenaires, une relation qui n’a pas toujours été profonde dans plusieurs domaines. Pour envisager une telle opportunité, il faut que les acteurs se connaissent mieux. Et ce n’est certainement pas à la Maison Blanche que de tels liens seront établis, ou s’ils existent même de façon formelle, être consolidés. Ce sera à travers des contacts divers avec l’immense société américaine. Dans ce qu’elle a de cosmopolite et de dynamique sur les plans de la promotion des initiatives privées, du soutien à la société civile, de l’aide à la formation et à l’apprentissage des métiers, l’Amérique mérite d’être connue et de mieux connaître l’Afrique.
Les interlocuteurs du président des États-Unis et d’autres acteurs américains devraient, sans chercher à extraire l’Afrique de la quête du bien-être vers laquelle tendent toutes les régions du monde aujourd’hui, savoir défendre avec leurs propres mots leur vision de l’avenir de la jeunesse africaine, s’engager à consolider la démocratie, promouvoir la justice et les droits humains, le développement durable, de la paix, de la stabilité et la sécurité. L’Amérique peut alors l’aider à préserver les équilibres nationaux, régionaux et sous-régionaux. Envisagé sous cet angle, le sommet de Washington fonderait son historicité sur des bases solides, évitant d’être un rendez-vous où une partie en dicterait à une autre.
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