Politique
Bertrand de Crombrugghe ne reviendra plus à Kinshasa. Du moins, plus sous sa casquette d’ambassadeur de Belgique en République démocratique du Congo. Ainsi en a décidé sa hiérarchie. Vice-premier ministre belge en charge des Affaires étrangères, Didier Reynders s’est résolu àle relever de ses fonctions, comme il l’a attesté le lundi 30 avril dernier sur les ondes de la Radio France Internationale (RFI).
Dans les salons politiques de Kinshasa, l’affaire fait jaser. On savait, bien entendu, que le ciel était gris entre Kinshasa et Bruxelles. Que la brouille avait quasiment empoisonné les relations diplomatiques entre les deux capitales ces quatre derniers mois. Surtout après la décision prise par les autorités congolaises de fermer la maison Schengen et la nouvelle agence belge de développement (ENABEL). Mais, ce que l’on ignorait, c’était l’ambiance délétère dans laquelle vivaient l’ambassadeur Bertrand de Crombrugghe et son autorité de tutelle.
Selon des sources concordantes, le diplomate belge avait de plus en plus du mal à émettre sur le même diapason que sa hiérarchie. En poste à Kinshasa depuis 2016, Bertrand de Crombrugghe a vite été contraint de regagner Bruxelles en janvier 2018 lorsque le climat commençait à se gâter entre la métropole et l’ex-colonie. Des sources officielles soutenaient alors qu’il était rentré juste pour ’’une série de discussions’’, alors que certains parlaient déjà d’une ’’rupture’’.
"LE CONTEXTE BILATERAL"
"Mais à l’époque, commente RFI,le ministère belge des Affaires étrangères minimisait la crise". "Ce n’est pas un rappel dans le sens diplomatique du terme. Techniquement, c’est un retour à Bruxelles pour des discussions pour une dizaine de jours", argumentait alors l’un des porte-paroles de ce ministère.
Trois mois plus tard, décision a finalement été prise de rappeler Bertrand de Crombrugghe pour une raison claire : "Le contexte bilatéral". Il a, par la suite, été démis de ses fonctions. Ace jour, Bertrand de Crombruggheest affecté à "d’autres tâches au sein de l’administration centrale",en attendant son remplacement, a indiqué à ce propos Didier Vanderhasselt, porte-parole des Affaires étrangères, cité par Belga.
LES REVELATIONS DE CROMBRUGGHE
Trois mois durant, l’ambassadeurne semblait plus donner signe de vie. Du moins à Kinshasa… Jusqu’au moment où un article à son sujet est paru fin avril dans le quotidien néerlandais ’’De Standaard’’. Il en était trop pour les autorités belges. La goutte d’eau a fait déborder le vase.
D’après les révélations du quotidien néerlandais en effet, ’’des divergences sur la tonalité à adopter vis-à-vis de Kinshasa dans une période aussi difficile’’ ont sauté au grand jour. Difficile désormais de dissimuler le malaise, la mésentente, voire ’’la rupture de confiance’’ entre le diplomate et le cabinet de Didier Reynders.
Les mois qui précédent son départ, Bertrand de Crombrugghe aurait pris trop de liberté avec les instructions de son ministère de tutelle. " Parlait-il pour lui-même ou bien pour son pays ? Il était devenu difficile de le savoir",explique un diplomate, avant de lâcher :"La rupture de confiance était totale". Problématique dans une période de fortes tensions et pour un pays aussi stratégique que la RDC sur la scène diplomatique belge.
Selon l’agence Belga, ’’le ministre belge des Affaires étrangères et son collègue de la Coopération au développement, Alexander De Croo, ont, en réalité, opté pour une approche dure envers le régime de Joseph Kabila, en raison du report des élections et de la répression violente de manifestations pacifiques. Mais, l’ex-ambassadeur endossait plutôt une approche davantage pragmatique’’.
LES REACTIONS DE DE CROMBRUGGHE, VUES DE KINSHASA
Côté Kinshasa, les commentaires abondent dans les salons huppés."Plus présent sur le terrain, Bertrand de Crombrugghe a préféré sortir du carcan de sa tutelle qui s’est longtemps illustré par un acharnement sur Joseph Kabila et ses proches. Soutenant à bras-le-corps la lutte de Moïse Katumbi, dont ils ont appuyé les assises de Genval, avalisant la sortie de la plateforme ’’Rassemblement’’, Didier Reynders et Alexander De Croo n’ont jamais plus caché leur sympathie pour les leaders politiques qui se réclament de l’Opposition", fait remarquer un analyste indépendant.
"C’est d’ailleurs, poursuit-il, au regard de cette approche partisane que Didier Reynders s’était retrouvé seul avec les opposants lors de l’inauguration de la nouvelle ambassade de Belgique à Kinshasa. Hormis le Gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta, aucun autre officiel congolais n’avait jugé utile de se présenter à cette cérémonie".
"Se voulant donc plus pragmatique, Bertrand de Crombrugghe a cru nécessaire de tenir compte de la ’’realpolitik’’. Il a bien voulu faire comprendre à sa hiérarchie que le Gouvernement congolais est bien en place. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas. Et que donc pour ce faire, le Gouvernement belge a tout intérêt à être réaliste, en prenant en compte les positions des uns et des autres, sans céder à une lecture manichéenne de la scène politique congolaise. Où l’on trouverait, d’une part, les bons et, d’autre, des mauvais", fait remarquer un diplomate congolais qui a requis l’anonymat.
L’EX-CONSUL PHILIPPE BRONCHAIN ASSURE L’INTERIM
La vacance à la tête de l’ambassade de Belgique intervient à un peu moins de huit mois des échéances électorales. Bruxelles tente de calmer le jeu en assurant que le choix de nommer un nouvel ambassadeur dépendra de l’évolution des relations entre les deux pays. Encore faudra-t-il en trouver un qui obtienne l’agrément de Kinshasa, s’inquiète-t-on.
Néanmoins, Bruxelles affirme maintenir le dialogue avec la RDC. La Belgique espère que les tensions bilatérales pourront être résolues "de façon à ce que les deux pays puissent à nouveau être représentées à un niveau d’ambassadeur à Kinshasa et à Bruxelles".En attendant, l’intérim à l’ambassade de Belgique à Kinshasa est assuré par Philippe Bronchain, ex-consul général de Belgique à Lubumbashi.
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