Politique
"J'ai fait l'AFDL, le RCD, le Pareco, le M23. Ça fait beaucoup quand même? La rébellion, c'est fini ! " lance tout sourire Claude Nirenge Brutanga, égrenant les noms de mouvements nés dans l'Est de la République démocratique du Congo depuis une vingtaine d'années.
Ce lieutenant-colonel du Mouvement du 23 Mars (M23) s'est rendu à l'armée congolaise avec un frère d'armes vendredi à Bunagana, localité verdoyante à la frontière avec l'Ouganda.
Habillé en civil, cet homme de 43 ans, pommettes hautes et fine moustache, est assis sur un banc de la Direction des douanes et des accises de Bunagana, qui était jusqu'à mercredi le fief politique du M23, rébellion active depuis mai 2012 dans la province riche et instable du Nord-Kivu. A côté de lui, le major Boaze Kake Maene, et une quinzaine de militaires de l'armée régulière.
Quand de violents combats ont repris le 25 octobre entre les troupes gouvernementales et le M23, les deux rebelles sont passés en Ouganda. "Je me suis rendu parce que, après la défaite, les chefs voulaient continuer la guerre mais moi je ne voulais pas risquer ma vie", explique le lieutenant-colonel.
Le commandant Kake Maene raconte, lui, qu'il était dans l'armée régulière quand il a été capturé à Goma, la capitale du Nord-Kivu, à 80 km plus au sud, fin novembre 2012, par le M23 alors à son apogée.
Forcé de combattre au côté de ses geôliers et sans possibilité de s'échapper, selon ses termes, il se souvient des conditions de vie pénibles sur la colline de Runyonyi, proche de Bunagana, où étaient retranchés samedi une partie des derniers éléments armés du M23. "Pour manger, pour soigner les blessés, c'était très difficile", dit-il.
"Beaucoup de travail et peu à manger"
" D'habitude, quand vous combattez, on vous relève et vous vous reposez avant de retourner au front. Mais nous, on pouvait combattre une semaine d'affilée ", poursuit Nirenge Brutanga. "C'était très grave. Beaucoup de travail et peu à manger", acquiesce Pierre, son "escorte", frigorifié par le froid accompagnant une forte pluie.
Petite pause : des soldats offrent à chaque ex-rebelle une grande bouteille d'eau, des gâteaux. Le général Lucien Bahuma, commandant de la 8e région militaire, qui couvre le Nord-Kivu, sort de sa poche deux billets de 100 dollars, qu'il leur distribue.
La discrète épouse du lieutenant-colonel Nirege Brutanga laisse échapper un sourire de joie et de soulagement. Son mari ne figure pas sur la liste des quelque 80 responsables de la rébellion accusés de bon nombre de crimes de guerres et à qui les autorités de Kinshasa refusent toute amnistie ou intégration dans l'armée en cas d'accord de paix.
"Je veux continuer l'armée ! Je me suis rendu comme major, mais si on décide de me rétrograder, ça ne me dérange pas, ça ne pose pas de problème", affirme le major Kake Maene, vêtu d'un survêtement de football vert pomme "Algérie".
"J'espère une réintégration au même grade. Tout est possible !" lance son supérieur, qui dit avoir rejoint le M23 parce que Kinshasa n'avait pas respecté son engagement en termes de grades et de salaires inclus dans l'accord de paix de 2009 prévoyant l'intégration dans l'armée de différents groupes rebelles, dont l'ancêtre du M23.
Depuis la reprise des combats, "plus de 100 rebelles se sont rendus à l'armée et on continue à lancer un appel aux autres", indique le lieutenant-colonel Olivier Amuli, porte-parole de l'armée au Nord-Kivu.
Mais certains pourraient craindre d'être traduits en justice. Les deux ex-M23 reconnaissent des pillages, faute de solde. Mais concernant les accusations de viols, meurtres, recrutements d'enfants soldats, ils réfutent. "Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage !" lâche le lieutenant-colonel Nirege Brutanga.
Crainte ou pas de la justice, si les rebelles ne désarment pas, "on va faire tomber une pluie de bombes", menace le porte-parole militaire. Le lieutenant-colonel Nirenge Brutanga compte militer pour la reddition. "Vous ne voyez pas comment nous sommes accueillis ?" dit-il, "j'ai quelques numéros de frères [du M23], je vais les appeler..."
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