Présidentielle : l’Opposition risque de perdre un fief très stratégique et compromettre ses chances

Selon l’Accord du Réveillon signé à la Cenco, les élections législatives et présidentielle doivent se tenir au plus tard en décembre 2017. Malgré le retard de quatre mois accumulés depuis le 31 décembre dernier, tout est encore possible pour que ce rendez-vous ait lieu dans le délai fixé, à en croire les évêques de la Cenco lors de leur sortie médiatique du week-end dernier.

Malheureusement, l’Opposition qui tient à l’alternance au sommet de l’Etat, risque de perdre un fief très stratégique, le Grand-Kasaï. Car, selon le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Corneille Nangaa, au regard de l’insécurité qui prévaut dans cette partie du territoire nationale depuis l’assassinat du chef coutumier Kamwena Nsapu, l’enrôlement devient hypothétique. Il suggère que cette opération soit décalée de quelques jours, le temps que la paix y revienne. Au cas contraire, il envisage d’organiser les élections sans le Grand Kasaï (Kasaï, Kasaï-Central, Sankuru et Lomami). Pourtant, les quatre provinces sont totalement acquises à la cause de l’Opposition.

D’où, s’il y a élections sans ces circonscriptions stratégiques de l’Opposition, cela peut compromettre les chances du Rassemblement. Bien entendu, la Majorité présidentielle se frottera les mains car un important taux de participation au scrutin sera hors course. Il y aura donc ni électeur ni éligible. En d’autres termes, sans député national, ni provincial. Les Kasaïens ne voteront même pas leur candidat président de la République. Un grand désavantage pour ceux qui se battent bec et ongles pour l’alternance.

Le Rassemblement a donc intérêt à descendre sur le terrain pour convaincre les Kamwena Nsapu à mettre fin aux hostilités, en leur expliquant clairement les enjeux politiques et électoraux. Félix Tshisekedi peut bien mener ce lobbying, surtout qu’il compte parmi les élus de Mbuji-Mayi. De même qu’Alexis Mutanda, ancien secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social.

Et s’il y a des tireurs de ficelle à partir de Kinshasa pour que cette situation d’instabilité perdure, de manière à fragiliser l’Opposition lors de la bataille électorale, la descente sur terrain des élus du Kasaï pourra tout mettre à nu. Si l’Opposition est distraite, elle doit savoir que la Ceni vient de franchir le cap de 31 millions d’enrôlés. A la fin de cette opération, elle rendra public, de manière officielle, le calendrier électoral détaillé, à en croire Corneille Nangaa qui n’a plus que les provinces du Bandundu, Kwilu, Kwango, Maï-Ndombe, Kongo-Central et Kinshasa à enrôler.