Politique
Estimant que l'unité constitue une force, Eugène Diomi Ndongala, contrairement à Olivier Kamitatu, rejette l'idée du fédéralisme en République démocratique du Congo.
Dans une réflexion faite ce lundi 14 avril 2025, ce notable Ne Kongo évoque l' "inopportunité du fédéralisme en République démocratique du Congo, en ce moment de son histoire".
Et de poursuivre, "certains le présentent comme une solution à tous nos maux, une promesse d’autonomie et de prospérité pour nos provinces. Mais, en scrutant notre passé, notre cadre juridique et les défis qui nous assaillent aujourd’hui, je suis convaincu que le fédéralisme, en ce moment précis de notre histoire, serait une erreur".
Il rappelle les premières heures de l'indépendance de la République démocratique du Congo en 1960. À peine la liberté arrachée, des vents de division ont soufflé sur le pays de Lumumba. Le Katanga, gorgé de richesses minières, et le Sud-Kasaï, ont tenté de faire sécession, plongeant la jeune nation dans le chaos. Ces blessures, portées par des ambitions économiques et des rivalités ethniques, ont failli briser le Congo. "Ce n’est que par la ténacité du peuple et le soutien international que nous avons ramené ces terres dans le giron national". Mais les échos de ces jours sombres résonnent encore.
Puis, est venue l’ère Mobutu, avec son pouvoir centralisé à l’extrême. Si ce régime a eu ses défauts, il a gravé dans l'esprit des Congolais une vérité : la dispersion du pouvoir peut réveiller des fantômes que l'on a eu tant de mal à apaiser. Les guerres des années 1990 et 2000, attisées par des voisins aux agendas troubles, ont encore prouvé que la survie des Congolais dépend de leur capacité à rester unis.
"Chaque fois que nous avons vacillé, c’est l’unité qui nous a sauvés".
Selon Eugène Diomi Ndongala, le fédéralisme, avec ses promesses d’autonomie, pourrait rouvrir ces vieilles plaies au lieu de les guérir.
La Constitution, gardienne de notre cohésion
La Constitution adoptée par referendum en 2005 n’est pas un simple texte. Elle est le reflet d'une volonté collective.
En choisissant un État unitaire doté d’une décentralisation mesurée, les Congolais ont dit non à la fragmentation. Ce choix est né de l'histoire des Congolais, de leurs luttes, de leur désir de ne plus jamais voir une province se dresser contre une autre.
Cette Constitution leur donne les bases juridiques pour gérer leurs richesses (le cobalt, le cuivre, l’or...) comme un bien national, pas comme un trésor à diviser.
Les provinces conservent 40% des revenus de leurs ressources et un fonds d’égalisation en redistribue 10% aux régions moins favorisées. C’est un équilibre fragile, surtout parce que inappliqué correctement à ce jour, mais essentiel, qui reconnaît les différences des Congolais sans se déchirer.
"Passer directement au fédéralisme aujourd’hui, c’est risquer de briser cet accord, de donner aux provinces riches un prétexte pour se replier sur elles-mêmes, laissant les autres dans l’ombre", craint le président national de la Démocratie chrétienne (DC).
Un présent qui réclame la solidarité
Dans l’est, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, en Ituri, des groupes armés exploitent nos failles. Ils s’appuient sur des tensions ethniques, des rivalités régionales, souvent avec la complicité des mains étrangères.
Leur force naît de notre désunion.
Un système fédéral, en octroyant plus de pouvoir aux provinces, pourrait transformer ces fractures en gouffres.
"Nos forces de l’ordre, parfois indisciplinées, pourraient devenir des milices locales, et nos 200 langues, notre fierté, pourraient servir à dresser des murs au lieu de tisser des ponts. Notre gouvernement central n’est pas parfait. La corruption ronge encore trop de nos institutions et la gouvernance reste un défi. Mais c’est précisément pour cela que le fédéralisme est dangereux aujourd’hui", conclut Diomi Ndongala qui se demande sans une autorité centrale forte et réformée, comment superviser un système aussi complexe ?
Les 26 provinces de la RDC ne sont pas encore prêtes à assumer une autonomie totale sans risquer de sombrer dans des luttes intestines. Et pourtant, "je vois dans les yeux de notre peuple une aspiration commune : rester ensemble".
Le référendum constitutionnel de 2006 l’a montré, les grandes voix politiques ont plébiscité l’unité, reléguant le fédéralisme aux marges.
Ce qu’il nous faut, c’est renforcer ce que nous avons : un État unitaire qui décentralise avec sagesse, qui combat la corruption, qui bâtit des routes et des écoles pour relier nos provinces, pas pour les séparer. Notre diversité (Lingala, Swahili, Kikongo, Tshiluba) est un chant qui doit nous unir, pas nous disperser.
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