Des militaires chargés de lutter contre des rebelles ougandais présents dans le Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, se livrent à des assassinats, des viols et des pillages, accusent vendredi 28 février des ONG de la société civile dans la région.
Les militaires mis en cause sont ceux de la 31e brigade, l'une des unités déployées pour combattre les rebelles ougandais de l'ADF-Nalu (Alliance des forces démocratiques-Armée nationale pour la libération de l'Ouganda), actifs depuis environ 20 ans dans l'est congolais.
Les éléments de la 31e brigade se comportent très mal, ils tuent, ils violent, ils extorquent de l'argent, des téléphones, échangent des tirs avec la police... Les autres unités sont disciplinées, a indiqué à l'AFP un militant des droits de l'Homme de la société civile (associations, ONG, syndicats) du territoire de Beni, dans le nord-est de la province du Nord-Kivu.
Selon ce responsable qui préfère garder l'anonymat, ce climat crée la panique parmi les habitants.
Ce militant de la société civile n'était pas en mesure de fournir dans l'immédiat un bilan précis. Cependant, dans les villes, cités et agglomérations sous leur contrôle (de l'armée), aucune nuit ne passe sans que soient signalés des braquages, des vols à mains armée, des extorsions, des intimidations, des crépitements injustifiés de balles, des viols ou tentatives de viols, écrit la Société civile du Nord-Kivu dans un communiqué.
L'armée n'était pas joignable vendredi. Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a déclaré à l'AFP que les violences étaient le fait de quelques indisciplinés au sein de la brigade et qu'il y a même des gens arrêtés.
On suit tout ça de près, a-t-il insisté.
La Société civile du Nord-Kivu a annoncé que les civils du territoire de Beni ont suspendu leurs contributions volontaires (vivres, eau et autres) aux soldats jusqu'à ce que ces militaires et leurs commandants soient rappelés à l'ordre, à la discipline et au respect des droits humains.
L'armée congolaise souffre parfois du manque de nourriture, ce qui pousse des militaires à piller et rançonner les civils. Cependant, des habitants font parfois des dons aux soldats pour soutenir leur lutte contre les dizaines de rébellions actives dans l'est.
Le 14 février, le gouvernement congolais a affirmé que son armée avait infligé de lourdes pertes à l'ADF-Nalu, tuant 230 rebelles et enlevant d'importants bastions, depuis le début de son offensive le 16 janvier.
Aujourd'hui uniquement composée d'islamistes, l'ADF-Nalu est dirigée depuis 2007 par Jamil Mukulu, chrétien converti à l'islam. Les Etats-Unis l'ont placée sur leur liste d'organisations terroristes dès 2001 et l'homme est visé par des sanctions de l'ONU depuis 2011 et de l'Union européenne depuis 2012.
L'ADF-Nalu est présente depuis 1995 dans la région des montagnes du Rwenzori. L'ADF-Nalu est bien organisée. Rompue aux enlèvements, elle endoctrine ses prisonniers et se livre à des activités commerciales illégales (bois, or...) avec le concours forcé ou volontaire de civils et de militaires.