Politique
Pour le porte-parole du Gouvernement, on ne peut pas négocier avec le délai constitutionnel.
De passage à Paris, le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, en provenance de Chine, a accordé une interview à France 24 hier mercredi 1er juin. L’arrestation de Salomon Kalonda, proche conseiller de Moïse Katumbi, la marche du 20 mai et du sit-in du 25 mai devant le siège de la Ceni sur le boulevard du 30 juin des opposants, le processus électoral en cours, la situation sécuritaire dans la partie orientale du pays ont été les sujets abordés au cours de cet entretien. Interview
France 24 : Ce mardi, Salomon Kalonda, qui est un conseiller très proche de l’opposant Moïse Katumbi, a été appréhendé sur le tarmac de l’aéroport de Kinshasa. A voir les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux, des questions simples, factuelles. Qui l’a arrêté ? Pourquoi ?
Salomon Kalonda Delle Idi
Patrick Muyaya : Il a été interpellé par les services de renseignements. Le moment venu, ils pourront communiquer les détails sur les circonstances de son arrestation. Je reviens de Pékin, dès que j’arrive à Kinshasa, je m’informerai davantage. On communiquera comme nous communiquons habituellement. Mais, il faut noter que ça fait un peu suite aux événements que nous avons vécus récemment où il y a eu beaucoup de coups de violences. Et la violence d’abord, d’où qu’elle vienne, en démocratie, elle n’a pas de place. Vous avez vu notamment Martin Fayulu, qui est l’un des quatre opposants, demander à des jeunes, visiblement chauffés, de lancer des pierres contre la police. Il y avait des enfants qui étaient en première ligne de ces actes de violence. Nous avons dénoncé et condamné. Le président de la République, d’ailleurs, s’est personnellement déplacé au chevet de cet enfant de 12 ans. Parce que nous tous avons été choqués par les images de la violence policière sur ce jeune enfant. Il a visité autant les policiers. Nous avons tous condamné. Nous espérons que ceux qui pensent que recourir à la violence, c’est la stratégie qu’il faut pour passer des messages politiques, ils se trompent parce que la RDC veut consolider son processus démocratique et la démocratie se consolide par le respect des règles et pas par le recours à la violence.
Donc cette arrestation serait liée à…
Je ne saurais pas spéculer. C’est une hypothèse. Parce que, lorsque vous regardez les choses telles qu’elles s’étaient passées le 20 mai sur le terrain, il y avait eu de l’organisation, il y avait eu des messages qui n’ont pas été condamnés, du reste, d’éminents membres du parti de Moïse Katumbi qui appelaient à attaquer une ethnie, je ne citerai pas, sinon je ferais leur jeu, mais en même temps qu’ils disaient qu’il y aurait des morts. Ils ont prédit des morts. Ça veut dire que c’était une violence préméditée et organisée préalablement. Nous, ce que nous avons dit, et au moment où je vous parle, d’ailleurs, les policiers qui étaient responsables de la bastonnade du jeune enfant, sont traduits devant l’Auditorat. On dit que la lumière devra être faite sur tout ce qui a été passé et on espère que les enquêtes pourront nous donner plus d’éclairage.
Dans un communiqué commun publié ce mercredi, l’un des opposants dont Martin Fayulu ou évidemment Moïse Katumbi, parle d’un enlèvement brutal. Il dénonce les violations graves et, je cite, les dérives dictatoriales du régime de Félix Tshisekedi.. Evidemment on arrive en période électorale. Mais est-ce que…
Ecoutez, c’est simple. La stratégie des opposants, c’est de discréditer d’abord le processus électoral. Depuis le début, essayez de lire leur stratégie, on discrédite d’abord le processus électoral, on se victimise et on diabolise. C’est ça la stratégie. Il n’ ya rien d’étonnant dans tout ce qu’ils disent. Mais Marc, vous conviendrez avec moi que lorsque vous voulez être démocrate, il faut respecter les règles. Et que les règles qui avaient été notamment convenues le jour de l’organisation de la marche, n’avaient pas été respectées. Ils ont été faire un sit-in à la Ceni, c’est des flops, parce que Kinshasa, c’est 15 millions d’habitants. Il n’y avait pas 500 ou 600 personnes qui les accompagnaient. C’est dire que ce n’est pas un discours qui porte dans un contexte où le Congolais veut aller voter. Nous leur avons fait un couloir pour qu’ils aillent rencontrent le bureau de la Ceni, qu’ils discutent des préoccupations qui sont les leurs. Ils ont refusé. Soit qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent, soit qu’ils veulent le chaos de je ne sais quelle manière dans un contexte où nous avons des foyers de tension dans le pays. On n’en parlera, notamment, la crise dans l’Est, nous avons un conflit aux portes de Kinshasa et lorsque nous mettons tout ça en mouvement, on s’interroge véritablement sur les véritables motivations. On sent, et certains disent quand il y a une convergence notamment entre certains de ces leaders sur ce qui se passe dans l’Est. De toute évidence, à ce jour, on n’a jamais entendu Katumbi parler comme tous les Congolais contre l’agression rwandaise, contre le président Kagame. Il faut bien qu’à un moment les choses puissent être clarifiées de ce côté-là, de parler des rôles, de la position qu’ils veulent jouer. On ne peut pas leur refuser d’avoir des revendications démocratiques, mais lorsque l’objectif c’est de commencer à semer le chaos, dans un contexte où le Gouvernement – quand on regarde le tableau général- on gère les crises dan quelques coins de la Républiques, c’est dire que si ça ne répond pas à un schéma général de déstabilisation.
Est-ce vous voulez dire que Moïse Katumbi servirait d’allié au Rwanda pour déstabiliser la RDC peut-être…
Je ne saurais pas le dire. Mais il faudrait que lui, à un moment donné, dise sa position par rapport à l’agression rwandaise.
Les élections se tiendront en décembre, oui ou non, parce qu’il y a des contestations : le fichier électoral, la Ceni, il y a des troubles dans l’Est ?
Ecoutez, malheureusement, Marc, c’est un peu triste, mais c’est l’histoire de la RDC. Depuis 2006, depuis qu’on a commencé le processus électoral, à chaque processus, il ya des problèmes. Vous avez vu qu’en 2006, le candidat Etienne Tshisekedi n’avait pas participé aux élections et donc c’est malheureusement cela. Moi, je me suis battu avec les autres d’ailleurs pour que nous ayons un processus électoral apaisé et différent et d’autres ont fait le choix de ne regarder que les difficultés qui sont inhérentes à un processus complexe, dans un pays immense pour dire voilà nous jeter le discrédit. Parce que ce qu’ils veulent en réalité c’est le dialogue, ils veulent le glissement. Mais, en considérant l’ancrage démocratique que nous voulons avoir et le souci du président de la République d’assurer la régularité du processus électoral, on ne peut pas négocier avec le délai constitutionnel.
Donc, les élections auront lieu en décembre ?
En tout cas, les élections auront lieu en décembre. Nous, Gouvernement, nous avons notre tâche dans le cadre de ce processus : le financement des élections, nous le faisons ; la sécurisation, nous y travaillons. Les autres parties prenantes, notamment les partis politiques doivent répondre à leur appel, parce que les questions techniques liées à l’organisation des élections, il faut plutôt s’orienter vers la Ceni, c’est l’organe indépendant qui comprend tout le monde, y compris les membres d’Ensemble de Moïse Katumbi. Il vaut mieux qu’ils aillent de ce côte-là. Nous, nous nous préparons plutôt à présenter le bilan du président Tshisekedi qui est un bilan qui replace la RDC, qui refait les fondations de la RDC et nous espérons pouvoir continuer avec les murs avec lui dans l’hypothèse où les Congolais acceptent de lui accorder leur suffrage en décembre prochain.
Le bilan, il y a quand même la situation dans l’Est, vous l’avez mentionnée en passant, l’instabilité continue. Il y a une force de la Communauté des Etats de l’Est qui y était envoyée, ouvertement critiquée par le président Tshisekedi qui a dit en gros d’ici au mois de juin, je n’en veux plus. Ils s’en vont, ils vont être remplacés par une force des Etats d’Afrique australe. Est-ce que ce qui est en train de se passer…
La situation dans l’Est de la RDC est une situation complexe qui dure depuis 30 ans. Et lorsque vous avez un Etat mercenaire qui s’appelle le Rwanda qui a vécu la réalité qui se construit économiquement sur cette situation de guerre, vous avez évidemment des difficultés de la régler immédiatement. Parce que la problématique de la sécurité de l’Est de la RDC est une problématique régionale. Les groupes armés dont on parle, quand on parle des ADF, c’est des terroristes affiliés à Daech, quand on parle des FDLR, c’est des forces génocidaires rwandaises, quand on parle de Retabara, ils viennent du Burundi. On ne peut régler le problème de nous-mêmes. C’est pour cela que nous essayons de regarder dans un prisme global avec des acteurs impliqués. C’est vrai, avec l’EAC, nous avons eu des problèmes parce que…
C’est un échec, c’est une erreur, on peut dire maintenant…
Je ne pense pas que l’intention du départ était une erreur, mais c’est dans la pratique, c’est parce qu’il y a des individus qui ont voulu s’écarter du schéma initial. Ici, nous pensons avoir mis en place une dynamique qui va nous permettre, avec tous les pays de la Région, qui veulent, et c’est encore l’occasion de rappeler la responsabilité de la France, parce que ceux qui ne respecteraient pas la feuille de route de Luanda, ils seront sanctionnés. Nous attendons de voir parce qu’il est clair que la feuille de route n’a pas été respectée, parce que le M23 et le Rwanda d’ailleurs sont en train de préparer des incursions…
Je pense que le président Macron pourra faire sa part. L’idée ici, c’est de nous assurer. Nous voulons consolider notre démocratie, nous ne sommes pas heureux parce que certains compatriotes n’ont pas pu se faire enrôler dans de bonnes conditions, mais nous devons avancer vers des élections. Il vaut mieux que tous les partenaires de la RDC puissent s’engager pour que le processus électoral puisse se tenir d’une part et, pour que nous puissions régler dans la durée la situation sécuritaire dans l’Est.
Quelle sera la force de la SADC qui va remplacer celle de l’EAC ?
Le président de la République l’a dit et nous verrons, parce qu’il y a des réunions entre états-majors qui vont se tenir, je crois, à Bujumbura, des réunions dans le cadre de l’EAC. Le moment venu, nous communiquerons dans le détail ce qui doit être fait, mais le souci principal, c’est de nous assurer que nous réglons le problème d’une part, le principal problème ne pourra être réglé que par nos forces armées et là nous travaillons de manière inédite depuis les années 1960 avec la politique de défense claire, une loi de programmation adoptée, des programmes de formation. Nous espérons que nous allons assurer une montée en puissance de nos forces armées pour régler définitivement ce type de problème.
En attendant, les signaux qui arrivent de la Région sont plutôt inquiétantes notamment autour de Goma…
Oui, bien sûr. Parce que nous avons des informations qui donnent des renseignements et ça ne nous étonne pas, parce que nous connaissons l’attitude du président Kagamé.
Vous revenez de Chine. Vous y avez été pour une visite d’Etat très importante. On se souvient que le président Tshisekedi avait annoncé notamment son intention de renégocier ce qu’on appelle le contrat du siècle qui avait été négocié sous Joseph Kabila en 2007. En gros, la Chine bénéficiaire de matières premières contre des infrastructures un contrat qui, selon l’IGF, était du bradage, du néocolonialisme, mais on n’a pas vu de résultats concrets. Est-ce que le président Tshisekedi a réussi à renégocier cela ?
D’abord, je dois planter le décor pour vous dire qu’il s’agissait principalement du contrat Sicomines. On a fini la feuille de route entre les deux parties et nous nous sommes déjà accordés sur les conditions de négociations qui vont se faire les semaines qui viennent. C’est pour ce qui concerne Sicomines. En ce qui concerne TFM, il y avait une solution qui avait déjà été trouvée avec la Gécamines il y a deux semaines. Donc, les questions de négociations de contrats ne faisaient pas l’objet de la visite d’Etat. Donc, nous sommes ressortis de là avec un accord, avec un partenariat global et stratégique. On a relevé le niveau des accords.
Pour les contradictions des discussions qui existent, qui surviennent dans le cadre de ces discussions commerciales, les deux chefs d’Etat ont convenu que cela doit se traiter dans la sincérité, dans un esprit amical. En d’autres termes, que la RDC ne va pas recourir à l’arbitrage ou à la justice parce que nous avons déjà tracé la voie qui nous permettra de trouver la solution, parce que les parties chinoises concernées ici les entreprises ont reconnu leurs responsabilités dans les choses telles que se faisaient auparavant. Elles se sont engagées à corriger et ce, avant même d’aller en Chine et on espère que les jours qui viennent nous pourrons recouvrer les ressources qu’il faut parce qu’il faut consolider le programme de gratuité de l’enseignement, il faut consolider le programme de couverture de santé universelle. Ce sont toutes ces choses qu’on va présenter aux Congolais durant la campagne…
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