Politique
Indemnités colossales, frais de logement, soins médicaux, garde policière, titres de voyage et passeports diplomatiques… Les anciens présidents de deux Chambres du Parlement congolais réclament l’application d’une loi controversée consacrant des avantages au bénéfice notamment d’anciens présidents de la République, anciens présidents du Parlement et anciens Premiers ministres. De quoi irriter les organisations de la société civile.
L’ONG congolaise Association congolaise pour l'accès à la justice (ACAJ) juge la démarche deux Chambres du Parlement inopportune et scandaleuse au moment où la rémunération colossale des députés fait polémique et alors que la société civile milite pour la réduction du train de vie excessif des institutions.
En fin de semaine, les anciens présidents des deux Chambres ont rencontré Modeste Bahati, actuel président du Sénat. Ce dernier plaide pour la budgétisation, en 2023, de leurs droits. Selon les anciens présidents du Parlement, le texte de loi n’est pas appliqué. Ils ont également demandé le paiement d’arriérés.
Pour Maître Georges Kapiamba, de l'ACAJ, cette demande est excessive et immorale. « Nous ne sommes pas d’accord parce que ces anciens chefs de corps constitués ne peuvent pas dire aujourd’hui qu’ils sont logés à la même enseigne que des personnes qui vivent dans la précarité. Nous leur demandons de renoncer à ces avantages, a-t-il plaidé. La temporalité sociale actuelle ne peut pas fonder le gouvernement ainsi que le Parlement à pouvoir prévoir dans le budget de l’exercice 2023 tous les avantages qu’ils sont en train de réclamer. Il faudrait que cette loi soit révisée de manière à réduire les avantages. »
Une mesure onéreuse pour les finances de l'État
En 2018, aux dernières heures du régime de Joseph Kabila, cette loi controversée avait été adoptée pour mettre les anciens dignitaires à l’abri de la précarité, mais elle pourrait peser lourdement sur le Trésor public. « Nos experts nous ont fait savoir que si cette loi est appliquée, elle pourra faire engloutir pas moins de 20 % du budget national. C’est extrêmement grave et cela ne pourra pas permettre à ce que les investissements à caractère social puissent être réalisés dans l’intérêt de toute la nation », affirme Kapiamba, appelant le gouvernent et le Parlement à ne pas prendre en considération la réclamation de ces anciens dignitaires.
L’ACAJ demande également d’élaguer de la liste des bénéficiaires tous les dignitaires qui se seraient compromis dans des actes de corruption, détournements de deniers publics et blanchiment de capitaux lors de l’exercice de leurs fonctions.
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