Kamuina Nsapu: 5 ans après le conflit armé, les victimes attendent toujours que l’État leur rendre justice alors que les bourreaux circulent librement en toute impunité

Un collectif des jeunes ressortissants du Kasaï regroupé au sein d’une structure dénommée” Ditunga Diyi” commémore ce vendredi 20 août 2021 à Kinshasa à travers une messe de requiem les massacres des populations civiles ayant perpétrés lors des conflits armés entre l’armée et les miliciens Kamuina Nsapu, dans la province du Kasaï central. Par cette commémoration, ce collectif des jeunes ressortissants du Kasaï réclame justice pour les victimes de cette barbarie.

Lors de ces conflits armés, des violations graves des droits de l’homme ont été perpétrées dans les cinq provinces touchées, plus de 80 fosses communes ont été découvertes dont dix-neuf à Tshimbulu. En outre, les 29 et 30 mars 2017, plus de 186 personnes âgées de 3 à 70 ans ont été tuées par l’armée et la police à Nganza, un faubourg de Kananga et le 12 mars 2017, deux experts de l’ONU, Zaida Catalán et Michael Sharp, ont été décapités.

Cinq ans après ces conflits armés, les organisateurs de cette manifestation estiment que l’État n’arrivait pas à rendre justice aux victimes dont leurs bourreaux circulent librement en toute impunité. En organisant les activités commémoratives de cinquième anniversaire des massacres au Kasaï, le collectif des jeunes ressortissants du Kasaï regrette le fait que la justice n’est pas réellement faite pour les victimes et aucune réparation n’a été effective dans la région.

Leur action se veut une panacée à la situation problème relative aux conflits vécus dans la région du Kasaï en apportant le soutien psychologique, moral, économique et politique à toute la population du Kasaï meurtrie par les conflits Kamuina Nsapu en favorisant la participation citoyenne de la population au développement du Grand-Kasaï.

De manière spécifique, cette communication se veut un réveil de conscience pour commémorer les âmes de tous les Kasaïens qui ont perdu leurs vies sous ces conflits armés. Elle entre dans le cadre de promouvoir la réconciliation fraternelle réelle et effective entre les Kasaîens, promouvoir la justice et la réparation des crimes envers de toutes les familles victimes, promouvoir les projets de développement et l’entrepreneuriat dans la zones touchées par les conflits Kamuina Nsapu.

Rappel des faits

Le Grand Kasaï était en proie des conflits entre la famille royale de Kamwina Nsapu et l’Etat depuis 2016. En effet, tout débute le 3 avril 2016, alors que Jean-Prince Mpandi est en Afrique du Sud, son domicile est perquisitionné, violé, pillé, objets sacrés détruits et des attributs traditionnels du pouvoir dérobés.

Le 12 août, des miliciens envahissent le domaine du Kamuina Nsapu et le tuent d’une balle dans le ventre, lors d’un affrontement qui a fait dix-neuf morts dont onze policiers et huit opposants. Jean-Prince Mpandi n’ayant pas été inhumé de manière rituelle, ses partisans le considèrent toujours vivant. Une première expédition punitive est menée à Kananga en septembre 2016, conduisant à l’incendie de nombreux bâtiments administratifs ou représentant symboliquement l’État. La répression était violente, faisant 117 morts lors de 17 affrontements.

Rapidement, le conflit s’étend géographiquement et, de lutte entre un pouvoir central et des factions autonomistes, se double d’un conflit interethnique. La répression était aussi faite par une milice “Bana Mura” et l’armée congolaise conduit par le général Éric Ruhorimbere, chef des opérations militaires au Kasaï.

Les Kasaïens qui ont perdu leurs vies sous ces conflits armés ont droit à la justice. C’est ainsi qu’une messe de requiem sera organisée ce vendredi à Kinshasa. Les organisateurs souhaitent en organisant cette commémoration la reconnaissance de la .journée du 12 août comme celle de la commémoration du massacre du Grand Kasaï et la construction d’un memoriam pour les victimes.

Ils plaident pour la réconciliation fraternelle réelle et effective entre les Kasaïens et exigent que laustice soit rendue et la réparation effective des crimes envers de toutes les familles victimes.