Recherche
  Home Actualités Petites annonces Offres d’emploi Appels d’offres Publireportages C'est vous qui le dites Medias & tendances Immobilier Recherche Contact



Infos congo - Actualités Congo - MICRODEV - Appel à candidature - 17/08/2024
mediacongo
Retour

Société

Affaire Chebeya : deux exécutants du double meurtre brisent le silence

2021-02-09
09.02.2021
2021-02-09
Ajouter aux favoris
http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2021_actu/01-fevrier/08-14/chebeya_floribert_et_bazana_fidele_proces_21_0.jpg -

Lors du procès sur l'Assassinat du floribert Chebeya et de son chauffeur, Fidèle Bazana

Coup de théâtre dans l’affaire Chebeya. Deux acteurs-clés de l’assassinat du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana, viennent de sortir de l’ombre. Les policiers Hergile Ilunga et Alain Longwa faisaient partie des exécutants, en charge du double meurtre le 1er juin 2010. Exfiltrés après leur forfait, puis maintenus en poste sous bonne garde au Katanga pendant 10 ans pour les empêcher de témoigner, les deux militaires ont pris la fuite pour se réfugier dans un pays d’Afrique de l’Est. Hergile Ilunga et Alain Longwa demandent la protection de la communauté internationale, et se disent prêts « à tout raconter » devant la justice.


Alain Longwa et Hergile Ilunga

« Une mission sur ordre de la hiérarchie »


John Numbi

Afrikarabia a pu recueillir le témoignage de l’adjudant Hergile Ilunga, qui avec Alain Longwa et quatre autres policiers, ont participé à l’assasinat du président de la Voix des sans voix et de son chauffeur. Ce 1er juin 2010, l’adjudant Ilunga du bataillon Simba, responsable de la sécurité et chauffeur du colonel Daniel Mukalay, est appelé à se rendre à l’Inspection générale de la police avec son véhicule de service. « Nous nous sommes retrouvés dans la cour à six policiers avec le major Christian Ngoy qui est monté voir John Numbi, le chef de la police, et Daniel Mukalay. Christian Ngoy est revenu et nous a expliqué que, sur ordre de la hiérarchie, nous avions une mission à effectuer aujourd’hui. Mais nous ne savions pas de quelle mission il s’agissait », témoingne Hergile Ilunga

Eliminer Chebeya et Bazana


Floribert Chebeya

Un peu avant 17 heures, une voiture Mazda grise fait son entrée dans la cour de l’Inspection générale de la police. A son bord se trouve le célèbre militant des droits de l’homme congolais, Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana. Le président de la Voix des sans voix (VSV) a rendez-vous avec le patron de la police, John Numbi, un proche du président Joseph Kabila. Les six policiers mobilisés par Christian Ngoy savent maintenant qu’ils doivent éliminer le défenseur des droits de l’homme et son chauffeur. « Chebeya s’est rendu dans les bâtiments du protocole où se trouvait le major Paul Mwilambwe qui était chargé d’accueillir les visiteurs, raconte Hergile Ilunga. A 19 heures, on nous a demandé d’emmener dans mon véhicule le chauffeur de Chebeya, qui était toujours dans la cour de l’Inspection générale de la police. Dans ma voiture se trouvait le reste de l’équipe : Sadam et Jacques Mugabo. On a menotté Bazana pendant que moi j’étais au volant. Ensuite, on l’a étouffé avec un sac sur la tête et du scotch. On l’a tué dans mon véhicule. »

Le lieu d’inhumation de Bazana est connu

Les policiers viennent ensuite chercher Flobert Chebeya qui attendait toujours son rendez-vous avec John Numbi. Ils l’amènent dans un autre véhicule où se trouvaient le lieutenant Bruno Soti, Doudou Ilunga et Jacques Mugabo, qui était venu les rejoindre. « Ils ont aussi étouffé Chebeya avec un sac sur sa tête et du scotch, affirme Hergile Ilunga. Les deux véhicules sont partis et nous sommes allés dans la concession du général Jajija à Mitendi où une tombe était déjà creusée et nous avons enterré Fidèle Bazana ici. » Des précisions qui rejoignent le témoignage de Paul Mwilambwe, qui avait déjà indiqué sur un schéma le lieu d’inhumation de Fidèle Bazana lors d’un entretien avec le réalisateur Thierry Michel. Paul Mwilambwe avait visité la parcelle en 2008 avec Christian Ngoy qui désirait l’acheter. Après le double meurtre, ce dernier lui avait alors indiqué que le corps de Fidèle Bazana avait été enterré à cet endroit.


Plan effectué par Paul Mwilambwe indiquant le lieu où Fidèle Bazana a été enterré © DR

Exfiltration vers Lubumbashi

« Nous avons ensuite déposé Chebeya près du cimetière de Mbenseke, poursuit Hergile Ilunga, Alain Longwa conduisait sa voiture » Ce n’est que le lendemain, le 2 juin 2010, que les policiers découvrent l’identité de leurs deux illustres victimes. L’affaire fait d’ailleurs grand bruit à Kinshasa. Hergile Ilunga nous explique qu’ils ont ensuite été amenés dans la résidence du général John Numbi avant d’être exfiltrés en pleine nuit, par avion cargo, vers Lubumbashi. « Des officiers nous ont accueilli à notre arrivée à l’aéroport pour nous amener à la ferme de John Numbi ».

« Otages »en brousse

Dans la ferme katangaise du patron de la police, se retrouvent Christian Ngoy, Jacques Mugabo, Sadam et Hergile Ilunga. « La deuxième équipe est venue nous rejoindre la semaine suivante » précise le policier, qui se souvient ensuite être resté cinq mois dans la ferme de John Numbi « avant qu’un colonel de la police des mines soit contacté. Monsieur Félicien, qui est aujourd’hui décédé, nous a trouvé des postes en brousse. Luishia, Kambove, Kolwezi… Nous étions toujours en poste en brousse. C’était une manière de nous garder éloigner de tout, comme des otages. »

La fuite

Au coeur de l’été 2020, alors que les policiers qui ont participé au double assassinat sont toujours en poste, en toute discrétion depuis 10 ans, un rapport de la Fondation Bill Clinton, relayé par notre site, révèle leurs identités et leurs fonctions au sein des services de sécurité du Katanga. La nouvelle sème le trouble chez les policiers. « Christian Ngoy nous a convoqué chez lui et nous a dit qu’il y avait un problème et que nous avions l’ordre de rejoindre la ferme de John Numbi sur la route Kasenga » se rappelle Hergile Ilunga. Mais le policier sent le piège. « J’ai dit non ! Je savais que si je trahissais ma hiérarchie, on me tuerait. C’est pour cela que j’ai immédiatement décidé de fuir avec Alain Longwa. ».

Christian Ngoy en prison

Le 3 septembre 2020, l’histoire s’accélère avec l’arrestation surprise de Christian Ngoy à Lubumbashi. Officiellement, l’officier est interpellé à la suite des violences de l’été dans le Katanga, et notamment l’assassinat de quatre militants UDPS en marge des manifestations contre la désignation du président de la Commission électorale. Christian Ngoy est transféré dans la soirée à la prison militaire de Ndolo à Kinshasa. Avec l’arrestation de Christian Ngoy et la fuite et le témoignage des deux policiers, Hergile Ilunga et Alain Longwa, toutes les pièces du puzzle sont réunies pour que l’affaire Chebeya soit relancée. D’autant que depuis plusieurs années, un témoin-clé du dossier Chebeya, Paul Mwilambwe, réfugiés en Belgique, demande à être entendu par la justice.

Paul Mwilambwe, témoinoculaire

Le témoignage d’Hergile Ilunga et Alain Longwa apporte un éclairage crucial sur le déroulé du double meurtre de Chebeya et Bazana. Le récit des deux policiers vient surtout valider celui de Paul Mwilambwe, qui a assisté aux assassinats devant les écrans de ses caméras de surveillance. Hergile Ilunga a confirmé à Afrikarabia que Paul Mwilambwe était bien un témoin oculaire et « n’avait jamais été mis au courant » du projet d’élimination du militant des droits de l’homme et de son chauffeur.

« Sous le commandement de Christian Ngoy »


Christian Ngoy

Depuis la Belgique, le major Mwilambwe salue le courage des deux policiers qui ont décidé d’avouer leur participation au double assassinat. « Ces témoignages recoupent ce que je dis depuis longtemps, notamment sur le fait que l’exécution de Bazana et Chebeya s’est bien déroulée dans les locaux de l’Inspection générale et que ces policiers étaient sous commandement de Christian Ngoy ». Paul Mwilambwe demande la réouverture du dossier pour que Hergile Ilunga, Alain Longwa et bien sûr Christian Ngoy puissent être entendus et corroborer son témoignage. Mais surtout, le témoin-clé de l’affaire Chebeya souhaite avant tout la protection de la communauté internationale pour lui-même, sa famille, mais aussi pour les deux policiers.

« Des intimidations sur nos familles »

Paul Mwilambwe craint toujours pour sa vie et Hergile Ilunga redoute des pressions sur ses proches restés au Katanga. « Après notre disparition, on nous a beaucoup cherché. Il y a des intimidations sur nos familles. Une équipe a même été mise en place pour nous rechercher ». D’ailleurs, depuis leur départ, Hergile Ilunga et Alain Longwa n’ont pas eu de nouvelles des autres policiers impliqués dans l’affaire et qui étaient toujours en poste au Katanga. Se sont-ils rendus à la convocation de John Numbi dans sa ferme de Lubumbashi ? Se sont-ils enfuis ? Sont-ils encore vivants ? Hergile n’a plus aucun contact.

 


Bruno Nyembo Soti, Jacques Mugabo et Ngoy Ilunga © DR – Afrikarabia

Selon nos informations, les lieutenants Bruno Nyembo Soti et Jacques Mugabo, l’adjudant Ngoy Mulanga (le chef de poste à l’entrée principale de l’Inspection générale de la police le 1er juin 2010), et le brigadier-chef Doudou Ngoy Ilunga se trouveraient toujours dans la ferme de Lubumbashi du général John Numbi. Pour les témoins et acteurs de l’affaire Chebeya, leur sécurité reste leur principale préoccupation. « Tant que Joseph Kabila et John Numbi sont toujours libres au Congo, ma vie est en danger » s’inquiète Paul Mwilambwe.

Christophe Rigaud
Afrikarabia / MCP, via mediacongo.net
C’est vous qui le dites : 4 commentaires
8953 suivent la conversation

Faites connaissance avec votre « Code MediaCongo »

Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.

Poster un commentaire, réagir ?

Les commentaires et réactions sont postés librement, tout en respectant les conditions d’utilisation de la plateforme mediacongo.net. Vous pouvez cliquer sur 2 émojis au maximum.

Merci et excellente expérience sur mediacongo.net, première plateforme congolaise

MediaCongo – Support Utilisateurs


Salima @TTYVYQL   Message  - Publié le 09.02.2021 à 11:53
C'est vite sorti de La Une sur ce site cet article important.

Réagir

Répondre
@
Insérez un émoji
Emma @HVZ53G8   Message  - Publié le 09.02.2021 à 11:02
comme pour LDK tout ira dans le sens de "qui a tué" et jamais chercher à savoir "pourquoi"

Réagir

Répondre
@
Insérez un émoji
Le sage @SD3Y66Q   Message  - Publié le 09.02.2021 à 09:25
Sans etre juges nous savons deja qui condamner grace a ce temoignage

Réagir

Répondre
@
Insérez un émoji
LE CONGOMANI @HPHMW34   Message  - Publié le 09.02.2021 à 08:41
Quelque soit la durée de la nuit, le soleil apparaitra; et la vérité finit par triompher. Le témoignage de ces deux policiers vient ajouter aux malheurs de Kabila, qui ne viennent que de commencer. Déja a GLM on a enlevé toutes les barrières et les militaires qui y étaient placés pour monter la garde. Les gens passent librement. Avec ces révélations, Kabila et John Numbi souhaitent que la terre s'ouvre, et qu'ils soient engloutis, comme Dathan dans la bible, au lieu de faire face a la justice. Biliaki bango bikoki. Ce n'est que le début de leurs tourments.

Réagir

Répondre
@
Insérez un émoji
right
Article suivant ONT : Arrêtée pour un dossier de « détournement », la DG a.i Rosette Saiba de l’ONT libérée
left
Article précédent Le juge Mbuyu traîne en justice Kalev Mutond, l'ex-chef des barbouzes du régime Kabila

Les plus commentés

Politique L'archibishop Kutino Fernando recommande au Président Félix Tshisekedi de ne pas être complaisant envers son entourage !

26.08.2024, 16 commentaires

Politique Seth Kikuni à Martin Fayulu : "S'il y aura dialogue, ça sera pour rappeler à Félix Tshisekedi en face qu'il est incompétent"

27.08.2024, 14 commentaires

Politique Appel à la cohésion nationale : le trio Kapita-Lisanga-Della pose une condition à Martin Fayulu

28.08.2024, 12 commentaires

Société « 9 camions pleins de militaires Rwandais arrivent à Kibumba au Nord-Kivu » (Société civile)

28.08.2024, 7 commentaires

Ont commenté cet article



Ils nous font confiance

Infos congo - Actualités Congo - confiance