L'Opposition congolaise a déposé mardi 3 mars à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de République démocratique du Congo sa proposition de calendrier pour les scrutins à venir, estimant que l'institution a établi un chronogramme impossible à tenir.
Une délégation de l'opposition politique congolaise est venue déposer [le calendrier] à la Céni, a indiqué sous couvert d'anonymat une source de l'institution. Le vice-président a reçu la délégation de plus ou moins 25 personnes et a promis de soumettre à la plénière ce document, a ajouté cette source.
Les élections présidentielle et législatives, qui doivent obéir aux contraintes de la Constitution en ce qui concerne les délais, seront organisées en 2016, tandis que les élections locales (chefferies et secteurs), municipales et urbaines (...) nous les postposons (retardons, ndlr) après 2016 pour une programmation rationnelle, demandent l'opposition, la société civile et la diaspora dans une déclaration.
Par ailleurs, les élections des députés provinciaux, des gouverneurs, des vice-gouverneurs et des sénateurs sont prioritaires parce que suspendues au cours du cycle électoral 2011-2016 et doivent être organisées en 2015, poursuit le texte.
Nous attendons que la CENI capitalise tous ces efforts qui sont des contributions à la bonne marche de son institution, qu'elle soit à l'écoute de l'opposition et de la société civile, qui ont qualifié son calendrier d'incohérent et irréaliste, et qui ne peut pas nous amener à des élections apaisées, a déclaré à l'AFP Jean-Marie Ingele Ifoto, chef de la délégation de l'opposition.
Il a ajouté qu'une copie du calendrier sera remise mercredi matin 4 mars à la Mission de l'ONU en RDC (Monusco), qui sera un partenaire dans l'organisation des élections.
Le 12 février, la Céni a publié un calendrier électoral global très attendu indiquant que la présidentielle et les législatives se dérouleront le 27 novembre 2016. Sur ce point l'opposition n'a pas de récrimination.
Par contre, la Céni prévoit courant 2015 et 2016 des élections locales, complexes, encore jamais organisées dans le pays et qui pourraient retarder le calendrier global de la CENI, risquant ainsi de prolonger illégalement le mandat du président Joseph Kabila.
Du 19 au 22 janvier, principalement à Kinshasa, des manifestations violentes ont fait entre 27 et 42 morts, selon les sources. Les émeutiers dénonçaient un projet de loi électorale qui aurait pu permettre au chef de l'Etat de rester au pouvoir au-delà du terme de son mandat, fin 2016.
Dans une déclaration publiée mardi, le Réseau National des ONG des Droits de l'Homme de la RDC (Renadhoc) demande aux partenaires bilatéraux et multilatéraux de la RDC de s'engager fortement dans le monitoring et l'encadrement de la situation préélectorale, en vue d'éviter tout dérapage qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur le processus de démocratisation, sur les droits de l'homme mais aussi sur la paix et la sécurité, non seulement en République démocratique du Congo mais aussi au niveau de la région des Grands Lacs.
Âgé de 43 ans, M. Kabila est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter en 2016. L'opposition le soupçonne de chercher à retarder la présidentielle pour rester à son poste après son mandat la fin de son deuxième quinquennat.