Société
En République démocratique du Congo, les écoles conventionnées (catholiques et protestantes, notamment) ont pris l’option de fouler aux pieds les dispositions de la Constitution consacrant la gratuité de l’enseignement de base. Au fait, elles ont décidé de relancer la pratique de la prise en charge des enseignants par des parents d’élèves. Et pourtant, une réforme courageuse du nouveau régime a mis fin à cette pratique de triste mémoire.
À Kinshasa, siège de toutes les institutions, les écoles conventionnées, catholiques et protestantes en tête de liste, se croient au-dessous des lois. Elles se permettent de fixer les montants que doivent débourser les parents dans le cadre de la prise en charge des enseignants, en cette période de consolidation de la mesure de gratuité.
Au lycée Bosangani, situé dans la commune de la Gombe, chaque parent est tenu de verser une somme de 100 USD. Au lycée Mgr Shaumba, une école conventionnée protestante située dans la même municipalité, les responsables ont fixé la prise en charge des enseignants par des parents d’élèves à 350 USD. Au Collège Notre-Dame du Congo, la prise en charge des enseignants est fixée à 200 USD. C’est le même montant qu’exigent les responsables du Collège Elikya aux parents.
Au lycée Kabambare, situé dans la commune de Kinshasa, le montant de la prime allouée aux enseignants est fixée à 300 USD.
Dans la commune de Ngaliema, les responsables de l’EP Tobongisa ont fixé à 80 USD le montant de la prise en charge des enseignants au niveau de l’école primaire. Au Collège Saint Cyprien, chaque parent est obligé à verser un montant de 100 USD pour les classes de 7ème et 8ème années.
Des parents qui ont participé, il y a peu, aux différentes réunions organisées au niveau des écoles conventionnées, sur la reprise de la prise en charge des enseignants, ont confié au journal Le Potentiel qu’ils en sont arrivés là, parce que les responsables de ces établissements scolaires qualifient de dérisoire le salaire que touchent les enseignants et craignent que ces derniers déclenchent un mouvement de grève.
La malice
Pour éviter d’être prises en flagrance délit, les directions de ces écoles conventionnées s’abstiennent de percevoir l’argent versé pour le compte de la prise en charge des enseignants.
Si dans certains établissements scolaires, ce sont les membres du comité scolaire des parents qui sont chargés de mener cette opération, dans d’autres, ce sont des enseignants qui s’en occupent.
En clair, ces fonds sont payables non à la caisse de l’école, mais via un compte tenu secret par le président du comité scolaire des parents ; lequel est communiqué en catimini à chaque parent d’élève.
Autant dire, plus rien ne semble arrêter les responsables des écoles conventionnées dans leur sale besogne. Car ils menacent déjà de chasser de leurs établissements scolaires tous les élèves dont les parents n’ont pas encore payé le montant exigé dans le cadre de la prise en charge des enseignants. Il y a ceux qui se permettent d’isoler dans d’autres salles de classe des élèves qui ne sont pas, selon eux, en ordre.
Comme elle l’avait dénoncé lors de la rentrée scolaire sur toute l’étendue de la RDC, la secrétaire générale du Syndicat des enseignants du Congo (SYECO), Cécile Tshiyombo, a, il y a peu, accusé les écoles conventionnées catholiques de saboter la gratuité de l’enseignement de base.
« Il y a des couacs : des enseignants des écoles conventionnées catholiques sont en train d’être intoxiqués par leurs responsables pour qu’ils ne touchent pas à la craie », avait accusé Cécile Tshiyombo, lors d’une interview accordée à Radio Okapi. Avant de poursuivre : « Certains responsables des écoles conventionnées catholiques ne veulent pas restituer les acomptes de frais scolaires déjà versés par les parents. D’autres refusent l’entrée en classe de tout enfant dont les parents n’ont pas payé les uniformes à l’école ».
Le SG à l’EPST hausse le ton
Abondant dans le même sens que la secrétaire générale du SYECO, le secrétaire général à l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), Jean-Marie Mangobe, a fustigé ce comportement des responsables des écoles conventionnées. Il l’a fait savoir dans une correspondance à l’abbé coordinateur national des écoles conventionnées catholiques dont transmis copie pour information, notamment au président national de l’Association des parents d’élèves, au président provincial du Syndicat des enseignants de l’EPST.
Au fait, Jean-Marie Mangobe interdit la perception des frais de motivation dans les écoles conventionnées catholiques. Il rappelle que pour l’année scolaire 2020-2021, la gratuité de l’enseignement de base est d’application.
En effet, il fait savoir qu’il lui revient de constater ; sur base des rapports de différents services provinciaux de l’EPST et des dénonciations faites par les parents d’élèves à travers les médias, que les chefs d’établissements exigent des élèves le paiement des frais de motivation dans les écoles conventionnées catholiques dans différentes villes du pays. Cela, « en violation intentionnelle de la Circulaire n°MINEPST/CABMIN-ETAT/0871/2020 du 7 octobre 2020 de son excellence Monsieur le ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique relative aux directives sur les frais de scolarité 2020-2021 et des arrêtés des gouverneurs de promotion portant fixation des frais scolaires 2020-2021 ».
Suivi plus rigoureux de la mise en œuvre de la gratuité
« A cet effet, je me fais le devoir de vous rappeler que l’année scolaire 2020-2021 ayant été placée sous le signe de la consolidation et la pérennisation de la gratuité, les frais de motivation ont été définitivement et totalement supprimés sur toute l’étendue du territoire national et ne peuvent donc être perçus dans les écoles pour quelque motif que ce soit. Ainsi, je vous demande d’instruire vos collaborateurs provinciaux, notamment les coordinateurs provinciaux et diocésains sur le respect des mesures prises pour la gratuité et de procéder toutes les affaires cessantes à la suspension et à l’ouverture des dossiers disciplinaires à charge de tous les chefs d’établissements ayant fait des arrangements avec les comités des parents d’élèves pour la perception des frais de motivation ».
« En cas de persistance de cette pratique illégale dans les écoles conventionnées catholiques, prévient-il, des sanctions sévères allant jusqu’à la révocation seront appliquées à l’encontre des chefs d’établissements récalcitrants ». « De même l’Etat congolais, pouvoir organisateur de l’enseignement, sera en droit de prendre des dispositions qui s’imposent allant jusqu’au retrait de l’agrément et à la suspension de la convention de gestion », note-t-il.
Dans son discours du 6 décembre à la nation, à l’issue des consultations présidentielles, le président de la République a insisté qu’il faudra : « assurer un suivi plus rigoureux de la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement primaire et la suppression de la prise en charge par les parents et en rendre régulièrement compte ; traquer et punir sévèrement tous les abus et actes de sabotage dans ce domaine ; combattre la corruption dans les écoles, instituts supérieurs et universités ; rendre efficace le cadre déontologique des enseignants ; Améliorer la condition de l’enseignant (…) »
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