Propos de D. Dusauchoy contre les femmes de l’Est : André Lite va saisir le PG près la Cour de cassation

Des voix s’élèvent au sein de la société civile du Nord et Sud-Kivu pour dénoncer les propos jugés " haineux " tenus par la journaliste indépendante, Denise Dusauchoy Mukendi, contre les femmes de l’Est, victimes de violences sexuelles. Dans une video partagée sur la toile, la journaliste s’en prend, sans retenue, aux femmes de cette partie du pays, s’indigne une activiste de la Lucha.

Touché par la gravité de ces propos, le Ministre des Droits Humains, André Lite Asebea promet da saisir les instances judiciaires pour que la Journaliste reponde de cet acte qui a choqué la sensibilité de plus d’un congolais.

Dans une interview accordée à Ouragan FM ce samedi 22 février, André Lite dit être sincèrement choqué que de tels propos soient tenus par une femme.

"Je vais écrire au Procureur Général près la Cour de Cassation, moi-même le ministre Des Droits Humains, je vais le faire. En tout cas, si le Procureur en ce qui le concerne, conformément à ses prérogatives, peut tomber sur ce dossier de sa propre initiative pour ouvrir une enquête, ça sera une bonne chose. Mais moi parce que je suis là, pour faire respecter les droits de toutes les mamans dans notre pays et tous congolais, je vais me battre contre tous ceux qui portent atteinte aux droits des uns et des autres, lesquels sont garantis par notre constitution", a-t-il rappelé.

Dans la foulée, le ministre des Droits Humains se demande si l’auteure de ces propos mérite-t-elle d’être appélée " une maman ".

Pour André Lite, les mamans méritent mieux qu’une telle ignomine.

"Je réitère ma compassion à toutes ces mamans. Elles sont dignes et ne méritent pas l’ignominie. Pas plus que les congolais qui sont morts à la suite d’Ebola ou du fait des ADF. Et autant, j’ai le même sentiment au reste des mamans congolaises et celles qui sont au-delà de nos frontières. Nos mamans meritent mieux et la journaliste independante ne ressemble pas à celles-ci".

Reconnaissant les sacrifices consentis par toutes les mamans, André Lite persiste et signe " Je vais moi-même dans les heures qui suivent dénoncer ces faits auprès du Procureur général près la Cour de cassation ".

Il fait remarquer que " ce ne sont pas les propos de violence de la part de cette dernière qui nous feront perdre le devoir que nous avons vis-à-vis de ces femmes du fait de leur rôle dans notre société aujourd’hui comme demain ".

Denise Dusauchoy est une journaliste très active et spécialiste dans la communication digitale. A travers sa vidéo de deux minutes devenue virale, les femmes de l’Est se sont senties lésées par les propos de la journaliste.

Habari.net est revenu sur l’indignation que le posting de Denise Desauchaux a suscité dans les milieux des femmes

Elle apparait dans un couvert de draps couvrant juste ses seins. Elle dit, en mélangeant français et swahili : « Vous les gens de l’Est, ne seriez-vous pas des sorciers ? Pourquoi les drames ne s’arrêtent pas chez vous ? Vous êtes laids, avec des têtes cabossées sûrement parce que vos mères vous ont eu après avoir été violées, violées et violées. Vos mères ouvrent tout, vous ouvrez et vos fesses et vos bouches… C’est chez vous qu’il y a Ebola, qu’il y a des ADF et aussi coronavirus… »

Elle finit par dire : « Et je suis encore au Katanga, que celui ou celle qui se sent lésé et insulté, qu’il aille porter plainte pour qu’on m’arrête. »

Des réactions indignées sur la toile

Plusieurs réactions ont fusé sur le net. D’abord cette avocate de Goma, maître Paulette Dimandja qui a publié sur Facebook un long message où on peut lire : « Une femme violée mérite une attention particulière car ce n’est pas facile déjà de coucher avec un inconnu, pire des inconnus qui ne tiennent même pas en compte ton refus ni ton avis. Accepter de se faire violer c’est faire un choix entre la vie et la mort. Accepter de se faire violer pour garder la vie, c’est vivre des tourments éternels au risque suprême de rejet dans la communauté. »

Elle finit sa publication en ces mots : « A toutes les femmes je dis courage, que ces propos impropres et moqueurs ne nous affaiblissent guerre, les femmes de l’Est ont toujours été fortes et solidaires, prouvons à Denise Mukendi Dusauchoy que le viol n’est pas une fatalité . Que vive l’est de la RDC. »

Ce post a été commenté plus de 950 fois avec plus de 300 partages. Elle a même lancé une pétition que vous pouvez signer ici.

Puis c’est Christina Mukongoma qui a écrit son indignation où l’on peut lire : « Oui, ces femmes ont été violées par les ennemis de la paix dans le seul but d’atteindre l’âme de la République ! Ces innocentes et pauvres femmes de l’Est ont subi différents sévices, parce que les ennemis de la République ont voulu souiller ce que le pays a de plus précieux : ses femmes !

Dites à cette femme, que ces mots disgracieux ne devraient pas venir de sa bouche, car toutes les femmes sensées devraient partager la souffrance des victimes de viol et des violences ! Surtout celles qui donnent leurs vies pour que vous continuez à vivre paisiblement la vôtre.

Dites à cette femme, qu’elle devrait faire un tour à l’hôpital de Panzi pour comprendre l’étendue du dégât, car ses paroles sont teintées d’une ignorance notoire à en faire pleurer les vaches de Masisi.

Une réponse si franche qu’elle atteint le cœur. Une réponse calme et douce face à autant d’agressivité qu’il y a dans la vidéo de Denise Dusauchoy.

Des poursuites en justice en perspective

Une autre personne ayant réagi est Evelyne Ombeni, avocate à la Cour pénale internationale. Elle est d’origine congolaise. Elle dit : Nous sommes en train de transcrire en français et anglais ses propos choquants à l’endroit des victimes des violences sexuelles, en particulier les femmes à l’est de la RDC.

La dame s’est permise de faire l’apologie de viol contre les femmes de l’est de la RDC en spécifiant que nos mères, sœurs “offrent leurs bouches et leurs vagins.“ Et de ce fait, selon elle, le peuple de l’est de la RDC serait bête. Pour plus de détail nous reviendrons sous peu avec la vidéo et les transcriptions de celle-ci pour l’information du public.

Ses propos nous paraissent d’une extrême vulgarité et gravité, par conséquent, il est de notre devoir d’agir et de nous indigner. »

Un lobbying national et international pourrait découler de cette démarche pour que justice soit faite dans cette affaire qui insulte au plus haut point toute la République.