Politique
Quoique malades et au bord de la banqueroute, pour la plupart des entreprises du portefeuille se retrouvent une fois de plus sous la coupe des intérêts politiques. Entre le FCC et le CACH, des réunions nocturnes se tiennent déjà pour définir les termes de partage. Du coup, la lutte contre les antivaleurs devient une gageure aussi longtemps que les politiciens congolais font des institutions publiques un gâteau à partager, tel un butin de guerre.
Ce lundi, le centre-ville était presque paralysé. Après avoir obtenu, vendredi dernier, l’investiture de l’Assemblée nationale, le gouvernement Ilunga Ilunkamba est enfin entré en fonction. Quelques rares membres du gouvernement, dont le Premier ministre et le ministre des Finances, avaient déjà pris possession de leurs bureaux respectifs dès le samedi 6 septembre. D’autres, par contre, l’ont fait lundi. Le gouvernement est finalement opérationnel.
Le FCC et le CACH, deux partenaires à la coalition gouvernementale, peuvent enfin jubiler. Sept mois de négociations ont été nécessaires pour accoucher du premier gouvernement du quinquennat de Félix-Antoine Tshisekedi.
La page étant tournée, le FCC et le CACH ont maintenant le regard fixé sur le portefeuille de l’Etat. Le partage se fera-t-il sans heurts ? Difficile à dire lorsqu’on rappelle que la mise en place du gouvernement avait suscité des mécontentements de part et d’autre. La mise en place de nouveaux mandataires dans les entreprises du portefeuille de l’Etat devait donc servir à dissiper tous ces malentendus. En tout cas, au sein du FCC et du CACH, c’est le discours qui est tenu depuis la nomination du gouvernement par ordonnance présidentielle du 26 août 2019.
Ce qui est vrai, c’est que l’on assiste à une veillée d’armes dans les états-majors de deux camps. Des réunions nocturnes se multiplient pour définir, d’un côté, les termes du partage, et de l’autre les critères de nominations des mandataires publics. Tout compte fait, la politique est encore une fois en train de prendre de l’avance sur l’impératif de la réforme des entreprises du portefeuille. Longtemps décriée, la politisation des entreprises publiques démontre qu’elle a la peau dure.
Nombre d’observateurs pensaient – à tort certainement- que le président Félix Tshisekedi allait s’en démarquer, mais il a été vite rattrapé par la Real Politik. Le partage des entreprises du portefeuille est donc à l’ordre du jour. Entre le FCC et le CACH, des indiscrétions renseignent que les discussions sont très avancées.
Un chantier inachevé
Les grèves en série, qui ont touché dernièrement nombre d’entreprises du portefeuille, prouvent que la réforme des entreprises publiques menée depuis 2002 sous l’égide du Copirep (Comité de pilotage de la réforme des entreprises du portefeuille de l’Etat) est restée un chantier inachevé.
Bien plus, les plans de stabilisation mis en œuvre notamment à la SCPT (Ex-Onatra), à la SCTP (ex-OCPT), à la RVA, à la SNCC et à la Gécamines n’ont pas non plus été à la hauteur des défis. Avec l’avènement d’un nouveau gouvernement, piloté curieusement par Ilunga Ilunkamba, le premier artisan de la réforme des entreprises du portefeuille, la relecture des stratégies de réforme des entreprises du portefeuille s’impose. Il s’agit de sauver le portefeuille de l’Etat d’une faillite généralisée. Mais rien ne se fera tant que la politisation de ces mêmes entreprises s’imposera.
En effet, le FCC et le CACH ont juré de poursuivre jusqu’au bout le partage des responsabilités. Après le gouvernement, le prochain round se joue dans les entreprises du portefeuille. Sans doute, et c’est cela qui est dommage, ces canards boiteux, seront confiés entre des mains inexpertes. En réalité, le critère qui va primer dans le choix de prochains mandataires est l’activisme dans l’un ou l’autre camp. C’est donc à des militants de première heure que reviendra la gestion des entreprises du portefeuille de l’Etat. Autrement dit, le partage mettra la croix sur la réforme des entreprises du portefeuille pour laquelle la RDC s’est endettée auprès de la Banque mondiale à hauteur de 180 millions USD dans le cadre du Projet compétitivité et développement du secteur privé (PCDSP).
Revers pour Ilunga
En tout cas, dans la foudre qui va s’abattre bientôt sur les entreprises du portefeuille, le plus malheureux sera bien entendu le Premier ministre Ilunga Ilunkamba. Tout premier secrétaire exécutif du Copirep entre 2014 et 2015, il a accompagné toutes les phases de la réforme des entreprises publiques, soumettant à la sanction du gouvernement des pistes de solutions pour relancer le portefeuille. Depuis toujours, le Copirep se plaignait de nombreuses pesanteurs politiques qui annihilaient son action.
En tout cas, maintenant qu’un pur produit du Copirep est à la tête du gouvernement, il n’y a aucune raison pour que la réforme des entreprises du portefeuille de l’Etat batte encore de l’aile.
La tradition sera respectée : les vainqueurs des élections du 30 décembre 2018 ont décidé de se partager le peu qui reste encore des entreprises du portefeuille. C’est le prix à payer par Ilunga Ilunkamba qui n’a pas eu le temps d’expérimenter les pistes de la réforme qu’il pensait mettre en œuvre quand il siégeait encore au Copirep. La politique aura eu raison de son expertise et les entreprises du portefeuille poursuivront leur descente aux enfers.
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