Economie
Alors que le cours du cobalt est au plus bas, le géant minier Glencore va fermer sa mine de Mutanda et des entreprises renoncent à des investissements. Des annonces qui visent également à forcer le futur gouvernement congolais à réviser son code minier.
Le cobalt bat de l’aile en République démocratique du Congo (RDC). Plus gros producteur de ce métal rare, indispensable à la fabrication des batteries de téléphones portables et de véhicules électriques, le Congo a vu son prix chuté de 40 % en moins d’un an. Une déconvenue d’autant plus forte que la RDC fournit 72 % de la production mondiale du métal précieux. Mais le coup le plus dur est venu de Glencore, le géant minier suisse, qui a décidé début août d’arrêter la production de sa plus grande mine de cobalt à Mutanda. Une bien mauvaise nouvelle pour les recettes de l’Etat congolais, mais aussi pour l’emploi dans un secteur stratégique pour le pays.
Moins de véhicules électriques que prévu
Quinze jours plus tard, la seconde mauvaise nouvelle vient du chinois Huayou qui renonce à un important investissement (66,3 millions de dollars) dans une mine de cobalt avec son partenaire canadien. Pour le Chinois comme pour le Suisse, la raison avancée officiellement est à trouver dans la chute brutale des prix du métal et à la baisse de la rentabilité du secteur. Glencore annonce même que sa mine n’est plus « plus économiquement viable ». Pourtant, entre 2016 et 2018, le cours du cobalt avait augmenté de près de 300 %. Pour les spécialistes, le dévissage du prix du cobalt serait dû aux prévisions trop optimistes du secteur des véhicules électriques, dont l’explosion annoncée n’a pas été au rendez-vous.
Chantage ?
Mais en République démocratique du Congo, les raisons du désengagement des miniers est peut-être à chercher ailleurs. A la suite de la révision du code minier en 2018, la redevance sur le cobalt est passée de 2 % à 10 %. Joseph Kabila, encore président à l’époque, souhaitait mieux rémunérer l’Etat congolais dans une économie de rente, dont le secteur minier reste le plus gros pourvoyeur de recettes fiscales. Pour l’Observatoire des Ressources d’Afrique Australe (SARW), les annonces de fermeture de Glencore serait tout simplement « du chantage » au gouvernement congolais. « Glencore veut éviter de payer la taxe sur le cobalt en tant que minerai stratégique tel que prévu par le code minier révisé, en procédant par la fermeture de la mine en attendant l’augmentation du prix du cobalt et la baisse par le nouveau gouvernement de la taxe sur ce minerai » accuse SARW.
Révision du code minier
L’ONG, très en pointe sur la traçabilité des minerais et la transparence du secteur, estime que la décision de Glencore de fermer la mine de Mutanda « a très peu de crédibilité ». La baisse du prix de cobalt aurait été en partie occasionnée par la surproduction qui a vu des compagnies, dont Glencore, volontairement accumuler des stocks du cobalt. « Un stockage délibéré qui explique le maintien des prix à la baisse » note SARW. Alors que le nouveau gouvernement de coalition entre le nouveau président Félix Tshisekedi et l’ancien président Joseph Kabila, devrait voir très prochainement le jour, le coup de chaud des miniers accentue la pression sur le nouvel exécutif congolais en souhaitant le forcer à renégocier le code minier à leur avantage.
Un dilemme pour Tshisekedi
Ce dossier brûlant attend le nouveau ministre des mines sur son bureau, mais préoccupe surtout le successeur de Joseph Kabila. Félix Tshisekedi marche sur des oeufs avec les acteurs du secteur des mines qu’il connait peu. Ses marges de négociations sont d’autant plus faibles que le président congolais est à la recherche de nouvelles ressources fiscales pour tenter de mener à bien son ambitieux programme politique. Félix Tshisekedi peut donc difficilement se passer du soutien des entreprises minières et devra trancher le dilemme : une fiscalité trop élevée pourrait décourager les investisseurs, alors qu’une fiscalité trop laxiste, priverait les Congolais de recettes publiques essentielles pour le développement du pays.
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