Après le nord de l’Angleterre le week-end dernier, l’Écosse lundi, l’Irlande du Nord ce mercredi, Boris Johnson continue sa tournée du Royaume-Uni pour tenter d’engranger des soutiens sur le Brexit et faire cesser les déclarations sur une possible dissolution de l’union.
Boris Johnson, qui s’est accordé le titre symbolique de Ministre de l’Union en plus de celui de Premier ministre, a promis que le Royaume-Uni allait quitter l’UE le 31 octobre, avec ou sans accord avec Bruxelles. Un Brexit dur pourrait susciter ou conforter des envies indépendantistes.
Vers un référendum sur l’indépendance en Écosse ?
Ce que l’Écosse a voté au référendum sur le Brexit : 62% s’étaient prononcés contre le Brexit.
Dès l’annonce des résultats du référendum sur le Brexit en 2016, la Première ministre écossaise avait prévenu que le Brexit risquait de mettre en péril l’intégrité du Royaume-Uni. Affirmant que l’Écosse voyait "son avenir au sein de l’UE", Nicola Sturgeon avait déjà entrouvert la porte à un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Écosse dans le Royaume-Uni.
En 2014, les Écossais s’étaient déjà prononcés sur l’indépendance de leur nation, et le "non" l’avait emporté à 55 %. Mais c’était avant la décision du Brexit et l’inquiétude de voir le Royaume-Uni quitter l’Union européenne sans accord. Un sondage mené avant la nomination de Boris Jonhson, montrait que plus de la moitié des Écossais (53%) voteraient pour l’indépendance si celui-ci devenait Premier ministre. C’est chose faite. Quatre sondages publiés entre mi-avril et mi-juin concluaient aussi que le vote en faveur de l’indépendance était en train de gagner des points, en particulier chez ceux qui avaient voté pour rester au sein de l’UE, atteignant en moyenne 48%.
La Première ministre écossaise et cheffe du parti indépendantiste SNP, Nicola Sturgeon, qui n’a pas perdu son objectif de vue, a d’ailleurs récemment averti que le Parlement écossais pourrait légiférer dans les prochains mois sur un vote pour quitter le Royaume-Uni. Un second référendum qu’elle verrait organiser d’ici 2021.
Dans ce contexte, la visite de Boris Johnson en Écosse lundi était particulièrement attendue. C’était la première étape de la tournée au Royaume-Uni du Premier ministre britannique.
Après leur entretien à Édimbourg, Nicola Sturgeon a évoqué "un gouvernement dangereux", et "tout le bluff et la fanfaronnade" de Boris Johnson. "Je pense que s’il était dans cette pièce en ce moment, il le nierait avec véhémence, mais je pense qu’il veut un Brexit sans accord", a-t-elle déclaré après s’être entretenue avec Boris Johnson à Edimbourg, jugeant sa stratégie sur le Brexit volontairement "très dure" afin d’être "vouée à l’échec".
Une réunification de l’Irlande ?
Ce que l’Irlande du Nord a voté au référendum sur le Brexit : 55,8% des votants s’étaient prononcés contre une sortie de l’Union Européenne. Dès la publication des résultats, le Sein Fein, deuxième parti d’Irlande du Nord, favorable au maintien dans l’UE, avait appelé à un référendum sur une Irlande unifiée.
Boris Johnson doit rencontrer ce mercredi les chefs des principaux partis politiques d’Irlande du Nord, où il va tenter d’apaiser les inquiétudes sur l’avenir de la frontière irlandaise en cas de Brexit sans accord. Après le Brexit, les 500 kilomètres qui séparent l’Irlande du Nord (province britannique) de la République d’Irlande (membre de l’Union européenne) vont devenir la seule frontière terrestre entre l’UE et le Royaume-Uni. Les craintes, des deux côtés, portent sur le retour d’une frontière physique, qui provoquerait une résurgence des violences.
C’est d’ailleurs un point de crispation majeur dans les négociations de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. L’accord de retrait prévoit un "filet de sécurité" ("backstop"). Le "filet de sécurité", auquel tient le Premier ministre irlandais Leo Varadkar, vise à éviter le retour de contrôles à la frontière entre la province britannique d’Irlande du Nord et sa voisine la République d’Irlande, membre de l’UE. Ce mécanisme de dernier recours crée un "territoire douanier unique" englobant l’UE et le Royaume-Uni, au sein duquel il n’y aurait aucun quota ni droits de douane pour les biens industriels et agricoles. L’Irlande du Nord resterait en outre alignée sur un nombre limité de règles du marché unique européen, par exemple les normes sanitaires pour les contrôles vétérinaires.
Or pour Boris Johnson, ce "filet de sécurité" est inconcevable. Il en demande "l’abolition", une requête jugée "inacceptable" par le négociateur de l’UE Michel Barnier.
Avant la tournée de Boris Johnson, Leo Varadkar avait prévenu la semaine dernière qu’un Brexit sans accord pourrait stimuler un désir de réunification. "L’une des choses qui pourrait vraiment nuire (au Royaume-Uni), paradoxalement, c’est un Brexit dur, tant pour l’Irlande du Nord que pour l’Écosse", a déclaré Leo Varadkar vendredi. "Des gens que l’on pourrait qualifier de nationalistes modérés ou de catholiques modérés, qui se satisfaisaient plus ou moins du statu quo, regarderont davantage vers une Irlande unifiée", a poursuivi Léo Varadkar. "Et de plus en plus vous verrez des protestants libéraux, des unionistes libéraux commencer à se demander où ils se sentent le plus chez eux", a-t-il encore dit. "Est-ce dans un Royaume-Uni nationaliste qui discute de rétablir éventuellement la peine de mort et ce genre de choses ? Ou bien est-ce dans la maison commune européenne et l’Irlande ?"
Mardi, Boris Johnson a téléphoné à son homologue irlandais promettant que son gouvernement ne mettrait "jamais" de contrôles physiques entre les deux Irlande, même en cas de Brexit sans accord. Mais Leo Varadkar lui a signifié que le backstop était "nécessaire et la conséquence de la décision prise au Royaume-Uni" de quitter l’UE, selon un communiqué de ses services.
Et au Pays de Galles ?
Ce que le Pays de Galles a voté au référendum sur le Brexit : les Gallois s’étaient prononcés à 52,5% pour une sortie de l’Union Européenne.
Le Pays de Galles, qui a voté pour une sortie de l’UE en 2016, semble épargné par les envies indépendantistes selon Le Monde. Mais depuis, certains semblent regretter leur vote.
Mardi, le Premier ministre du Pays de Galles, en place depuis décembre 2018, n’a pas mâché ses mots. Mark Drakeford (parti travailliste) a demandé mardi à Boris Johnson "de cesser de jouer avec notre pays. Le "Brexit sera catastrophique pour le Pays de Galles", "cela va décimer notre agriculture et nos secteurs manufacturiers et risque de déchirer l’Union", a tweeté Mark Drakeford.