Economie
Entre la République démocratique du Congo et les entreprises minières présentes en République démocratique du Congo, les rapports sont plus que jamais tendus depuis la promulgation en 2018 du code minier révisé. Avec l’avènement d’un nouveau pouvoir à Kinshasa, les miniers sont passés au forcing, avec pour objectif d’influencer le choix du Premier ministre. Ils espèrent avoir à la primature quelqu’un de coopératif pour arrondir les angles dans le code minier révisé. Le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, est donc prévenu. Cédera-t-il au charme des miniers ? Suspense !
L’heure de vérité a déjà sonné ; celle de passer de la parole à l’acte dans tous les secteurs de la vie nationale. Pour le président Félix -Antoine Tshisekedi, le peuple congolais l’attend au tournant. Et l’un des dossiers chauds pour lequel le chef de l’Etat doit vite décider est celui de la gestion du secteur minier. Les miniers qui ne cachent pas leur désapprobation par rapport au code minier révisé, promulgué en 2018, tentent le tout pour le tout afin d’influencer le choix de celui qui siégera bientôt à la primature.
Conscient des enjeux, le chef de l’Etat a d’ores et déjà annoncé les couleurs. « Il n’est donc plus acceptable que mon pays, le Congo, continue d’être indéfiniment victime de la convoitise de ses immenses ressources naturelles. Cependant, à travers des partenariats gagnants-gagnants, la RDC s’engage à apporter sa contribution à toute action visant la mise en valeur de ses ressources naturelles, pour le bien-être de l’Afrique et du reste du monde », avait-il dit lors son premier discours au 32ème sommet de l’Union africaine. Il a répété la même conviction lors de la cérémonie d’échange de vœux avec le corps diplomatique accrédité à Kinshasa.
Cependant, deux premiers choix républicains – nationalistes de prime abord – s’imposent pour la mise en pratique et la matérialisation de ses déclarations afin que l’engagement du chef de l’Etat ne soit pas un cocktail de bonnes intentions et du populisme. Le peuple attend des signaux forts pour l’appropriation de ses ressources naturelles.
Premier test : la primature
Dans le domaine des miniers depuis 2010, Albert Yuma, l'actuel PCA de la Gécamines, fut un moment pressenti pour le poste de Premier ministre.
Dans l’opinion congolaise, il ressort le souhait de voir le gouvernement être dirigé par un technocrate et moins qu’un politique, respecté par les caïmans politiques du FCC et jouissant de la confiance de leur chef de file, afin d’éviter les conflits de positionnement du genre « Kasa-Vubu et Lumumba » après l’indépendance. D’autres estiment qu’un bilingue serait bien placé pour éviter de recourir aux interprètes lorsqu’il s’agit d’engager des discussions directes avec les partenaires extérieurs.
Face aux énormes défis économiques du pays et aux appétits gloutons des multinationales qui se sont ingérées dans le processus électoral, il faut un économiste financièrement indépendant et rigoureux doté d’une connaissance des questions économiques nationales et du milieu congolais des affaires, préconise-t-on dans certains milieux spécialisés.
Bien informé du secteur des ressources naturelles du pays et de ses enjeux mondiaux, le prochain Premier ministre doit être habitué des circuits financiers et du monde des affaires internationales (occidentaux et orientaux), un négociateur attitré et non complaisant sur les intérêts du pays. Il doit avoir des entrées dans le monde diplomatique, un nationaliste courageux et panafricaniste de la famille idéologique du ghanéen William Addo Dankwa Akufo-Addo sur la gestion des ressources naturelles, sans céder aux pressions sur la signature et le rééquilibrage des contrats de partenariat en cours à la Gécamines, tout en évitant d’ouvrir la boite de Pandore, c’est-à-dire engager une possible relecture du code minier révisé. Le Premier ministre devra en outre s’inscrire dans un dialogue constructif avec les miniers en associant la société civile, selon le slogan cher au chef de l’Etat : « Le peuple d’abord ».
Le ministère des Mines, objet de convoitises
Après le long mandat de Martin Kabwelulu, le moment est venu de confier ce secteur stratégique à un fin connaisseur du milieu.
La RDC ne manque pas d’expertise dans divers domaines. Après le long mandat de Martin Kabwelulu, le moment est venu de confier ce secteur stratégique à un fin connaisseur du milieu. Dans le contexte actuel des choses, le président de la république devra donc placer à la tête du ministère des Mines un technicien apolitique, doté d’expérience internationale et nationale avérée, de préférence bilingue pour défendre sur le même terrain que les investisseurs, généralement anglophones, les lois du pays, dont le code minier revisé et la loi sur la sous-traitance. Au parfum du mode opératoire des multinationales, il sera dès lors capable de lever les fonds dans les milieux financiers internationaux et en bourse, connu et respecté par la Chambre des mines et le « G7 minier ».
Au ministère stratégique des Mines, il faut un homme non manipulable par les politiciens et les investisseurs, disposé à collaborer avec les ONG et la presse congolaise sur la ligne de front à déployer face aux puissants lobbies miniers qui lorgnent sur les ressources naturelles de la RDC.
A ce propos, l’Afrique du Sud devrait servir d’exemple. A Pretoria, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa a placé aux commandes du secteur minier un expérimenté. Une façon de contrer les velléités hégémoniques des multinationales minières. L’histoire de la RDC avec Mbaka et Tumawaku s’inscrivait dans cet élan. Il s’agit de l’affiner.
A ce titre, une fusion entre les mines et hydrocarbures pourrait tout aussi jouer en faveur du pays pour permettre à la RDC d’exercer son droit sur ses ressources naturelles.
Autant dire que la nomination du Premier ministre et du ministre des Mines sera au centre de grands enjeux. Les miniers qui tiennent à reprendre le contrôle de ce secteur juteux n’ont pas dit leur dernier mot. Ils se préparent. Le président de la république est donc prévenu. Les miniers tenteront de le soudoyer de plusieurs manières pour qu’il s’inscrive dans leur vision – une vision totalement opposée aux intérêts de la RDC.
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Le G7 miniers lors d'une rencontre à la présidence en mai 2018. (© Twitter @Presidence_RDC)