Economie
L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, a approuvé, lors de ses dernières semaines de fonction, un contrat pétrolier qui empiétera sur le parc de la Salonga ; un parc national de renommée mondiale.
Selon l’agence de presse Bloomberg, Joseph Kabila a signé un décret le 13 décembre dernier entérinant un accord de partage de la production de trois permis au cœur du bassin du Congo entre la société sud-africaine DIG Oil Ltd et la Société nationale des hydrocarbures SA (Sonahydroc). Une grande partie d’un de ces certificats – le Bloc 8 – couvre une concession à l’intérieur du parc national de Salonga, un site naturel du patrimoine mondial de l’Unesco établi sur les provinces du Bandundu, de l'Équateur et du Kasaï-Occidental.
L’accord, publié officiellement le mois dernier, pourrait permettre à la RD Congo d’accroître sa production de pétrole brut au-delà des 25.000 barils produits chaque jour à partir de la côte atlantique. Néanmoins, elle accroit aussi les craintes de voir cette autorisation d’exploration pétrolière nuire à la biodiversité du parc national de Salonga, la deuxième plus grande forêt tropicale du monde ; ce qui pourrait et exacerber le changement climatique.
Jusqu’ici, les activités d’exploration et de production pétrolière dans les zones protégées de la RD Congo sont interdites. Toutefois au mois de mars 2018, le gouvernement congolais avait émis sa volonté de désaffecter ou déclasser des zones pétrolières du parc de la Salonga (Centre) et du parc des Virunga (Est), un autre site de conservation qui sert de sanctuaire au quelque 1.000 gorilles des montagnes du monde. Les deux chevauchant les permis pétroliers.
Rétrécissement des parcs
A la fin du mois de mars de l’année dernière, Aimé Ngoy Mukena, le ministre national des hydrocarbures, avait demandé dans deux notes au gouvernement « de constituer une commission interministérielle » pour « le déclassement par décret d’une zone d’intérêt pétrolier du parc de la Salonga » et « d’une zone d’intérêt pétrolier de 172.075 hectares [1.720,75 km2] soit 21,5 % du parc des Virunga ».
En juin 2018, Aimé Ngoy Mukena, avait déclaré lors d’une conférence que le Conseil des ministres du gouvernement Tshibala l’avait autorisé à créer une commission pour conseiller le gouvernement sur la question de savoir s’il devrait réduire les superficies de ces parcs afin de permettre aux compagnies pétrolières d’y opérer.
Le ministre national des hydrocarbures et la firme DIG Oil avaient signé le protocole d’accord sur ces concessions il y a de cela 11 ans, mais à l’époque, Joseph Kabila, alors président de la république, avait choisi de ne pas promulguer le contrat jusqu’au mois de décembre dernier.
Joseph Kabila a quitté ses fonctions le mois dernier après 18 ans au pouvoir et Félix Tshisekedi, le leader de l’UDPS, a remporté les élections qui ont eu lieu le 30 décembre dernier.
Comme il doit encore nommer un Premier ministre et son exécutif, nul ne sait si ce nouveau gouvernement poursuivra ou pas dans l’octroi de cette autorisation d’exploration et de production pétrolières dans les présents parcs de la Salonga et des Virunga. La présidence n’a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires.
La commission n’a pas encore été mise en place, selon Tony Chermani, le chef de cabinet adjoint de Mukena, toujours en poste jusqu’à la formation d’une nouvelle équipe ministérielle. « Le gouvernement qui sera établi se penchera sur cette question », a-t-il simplement déclaré à l’agence Bloomberg lundi.
Décision de la CCI
Bien que la société DIG Oil ait sondé ses deux blocs pétroliers en 2012 et 2013, elle n’a pas sondé le bloc 8 en raison du « besoin de clarification de l’impact environnemental et de la démarcation détaillée », a déclaré lundi la directrice générale de DIG Oil, Andrea Brown.
La Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris a rendu une décision relative aux trois blocs en novembre dernier en faveur de DIG Oil et contre la RD Congo, a indiqué Mme Brown, sans fournir plus de détails. L’entreprise « tient à garder la question confidentielle parce que le fait de la rendre publique n’aiderait pas au règlement du litige », a-t-elle dit.
Pour l’ONG Global Witness, « L’approbation d’une nouvelle licence pétrolière dans la Salonga est une situation alarmante ». Cette exploration pourrait avoir « des conséquences dévastatrices pour les collectivités locales et les espèces en voie de disparition qui y vivent, ainsi que des répercussions environnementales plus vastes étant donné le rôle fondamental qu’elle joue dans l’atténuation des changements climatiques », explique l’ONG.
Partenariat avec Total
L’an passé en février, Joseph Kabila avait signé un autre contrat entre l’Etat et la Compagnie minière congolaise SPRL, ou Comico, où l’un des trois permis empiète sur la Salonga. Tout comme DIG Oil, Comico avait conclu son accord avec le ministère des hydrocarbures une décennie plus tôt.
DIG est également en partenaire dans un bloc pétrolier dans l’Est de la RDC exploité par la firme française Total qui est en partie situé à l’intérieur des Virunga. La multinationale française s’était engagée en 2013 à ne pas explorer dans le parc et à respecter ses limites actuelles.
La société DIG Oil « a respecté les exigences du site du patrimoine mondial du parc des Virunga », a déclaré Mme Brown. « La même approche aurait été adoptée pour le bloc 8 si l’exploration avait débuté là-bas.
Par William Clowes
Source: Bloomberg
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