Politique
Une semaine jour pour jour après l’annonce de la candidature d’Emmanuel Ramazani Shadary et la non-participation de Joseph Kabila à la présidentielle, l’enthousiasme, pour autant qu’il y en ait eu un, a vécu.
En annonçant qu’il ne briguerait pas un troisième mandat inconstitutionnel et synonyme de risque d’embrasement en République démocratique du Congo et, par contamination potentielle, d’embarras dans les neuf Etats voisins, Joseph Kabila est parvenu à faire retomber une pression devenue presque insoutenable dans la région.
Tous les acteurs, de ses partenaires de la Majorité présidentielle, aux chefs d’Etats voisins, en passant par la communauté internationale et même les ténors de l’opposition, qui craignaient une explosion de violence irrécupérable, ont dû féliciter le président sortant pour son geste.
En réalité, personne n’est dupe. En faisant annoncer sa non participation, qui découle de l’inscription du candidat Shadary et non pas d’une annonce en bonne en due forme, Kabila a posé l’acte minimum du bout des doigts et se mure comme à son habitude dans un silence asourdissant. En réalité, il n’a fait que respecter sa Constitution (avec deux ans de retard). Une prolongation (un glissement) de deux ans qui a été rendue possible grâce à l’accord de la Saint-Sylvestre. Un texte dont la Kabilie a tiré tout ce qu’elle pouvait sans, en retour, en appliquer le moindre paragraphe quand ceux-ci ne lui rapportaient rien.
Incontournable Saint-Sylvetsre
Une semaine après l’inscription de Shadary comme candidat de la Majorité présidentielle, les mouvements de la société civile, l’opposition, certains voisins ont rappelé la Kabilie à l’ordre. Lors du sommet de ce milieu de semaine à Luanda, en présence des présidents Lourenço (Angola), Sassou (Congo) et Bongo (Gabon) et des ministres des Affaires étrangères du Rwanda (Louise Mushikiwabo) et de la RDC (Léonard She Okitundu), officiellement, le ton était guilleret. Le communiqué final offre un sentiment de satisfaction qui fait sourire les témoins de certaines scènes dans les coulisses. « La non candidature de Kabila était acquise depuis sa dernière visite à Luanda, pas vraiment de quoi faire la fête », explique en substance un témoin. « Par contre, le silence de Kabila, le choix de Shadary et les manoeuvres en coulisses à Kinshasa ont beaucoup énervé. Ce n’est pas en changeant un acteur que tout va rentrer dans l’ordre, loin de là. Shadary ne rassure pas et certains compotements depuis cette annonce seront certainement discutés vendredi à Windhoek, lors du sommet des pays de la SADC », poursuit-il, évoquant la rencontre, le 10 août dernier, à Kinshasa, entre le président sud-africain et le candidat Shadary.
Tous les participants, et plus largement toute la communauté internationale et les acteurs congolais, exigent la stricte application de l’Accord de la Saint-Sylvestre. « C’est le minimum. Le pouvoir ne peut puiser ce qu’il a envie dans un texte et oublier tout ce qui ne l’arrange pas. Cet Accord est le fruit d’un compromis arraché de haute lutte par les évêques catholiques, il ne faut pas croire que la majorité va pouvoir s’asseoir dessus. Sans l’application de cet Accord, la tension va vite remonter et cette fois, il n’y aura plus d’autre subterfuge que de l’appliquer pour éviter le chaos ».
Ne pas jouer au « petit malin »
Aujourd’hui, certains, dans la majorité, expliquent à raison que le mandat de Kabila n’est pas fini. Mais dans l’opposition, on met en garde le président. « Il ne doit pas chercher à se dédouaner de tout, sous prétexte qu’il n’est pas candidat et qu’il n’a pas signé personnellement l’Accord de la Saint-Sylvestre. Il est tenu de l’appliquer parce que la majorité l’a signé en son nom. Kabila ne peut pas non plus chercher à rejeter tous les éventuels couacs sur le dos de la Ceni ou du gouvernement. Il reste en place, il doit assumer ses responsabilités. Il ne doit pas chercher à jouer au plus malin », explique cet opposant qui rejoint un sentiment partagé à Luanda où l’on insiste aussi sur le risque que font courir la machine à voter et la non révision du fichier électoral.
« L’inclusivité ou le chaos »
Si tout le monde insiste sur le respect de l’Accord de la Saint-Sylvestre et sur l’inclusivité, c’est évidemment parce que ces deux éléments sont cruciaux pour la tenue d’une vraie élection qui pourrait déboucher sur des résultats crédibles. « Le courrier signé par les six leaders de l’opposition dans lequel ils annoncent, notamment, chercher un consensus autour d’un candidat commun est un document essentiel », poursuit notre interlocuteur présent à Luanda. « Il est tombé à point nommé. On ne peut plus dire que l’opposition est un ramassis de candidats motivés par l’appel du ventre. S’ils voulaient bouffer, comme disent nos amis Kinois, ils auraient pu aller chez Joseph qui distribue les billets verts et les concessions minières comme des petits pains. Si un ou plusieurs candidats devaient être privés de concourir ou invalidés par la Cour constitutionnelle, il y a fort à parier que le ton monterait très vite. Katumbi a été d’une retenue exceptionnelle jusqu’ici. Pas certains que ses partenaires et supporters du Haut-Katanga resteront toujours sur la même ligne. Et imaginez ce que donnerait l’Equateur si on devait annoncer que la candidature de Bemba est invalidée pour des arguties sémantiques. C’est ce que les hôtes de Luanda ont rappelé au ministre congolais des Affaires étrangères. Personne n’a oublié l’accueil de Bemba à Kinshasa non plus ».
La candidature de Shadary, une bombe a retardement
Face à cette tension à venir, la désignation de l’ex-ministre de l’Intérieur ne rassure pas même au sein de la majorité. C’est ce qui explique que certains dignitaires du régime ont été priés de faire le tour des médias nationaux pour dire le bien qu’ils pensaient du « camarade » Shadary. Un service minimum que d’autres ont refusé. Les Katangais ne digèrent pas la candidature d’un homme du Maniema. Dans certaines familles de la majorité, on estime avoir été pris en otage par le pouvoir qui a inscrit en dernière minute Shadary, « un candidat sans charisme et sans appui dans la société civile », explique-t-on.
Le katanga est donc de mauvaise humeur, sans parler de l’interdiction fare à Moïse Katumbi, et que dire des Kasaï qui voient arriver la candidature de celui qui était ministre de l’Intérieur au moment du dossier Kamwena Nsapu. « S’il vient au Kasaï, il sera bien reçu. Qu’il se souvienne de l’accueil qu’il a reçu quand il est arrivé en tant que secrétaire général permanent du PPRD à Mbandaka [sous une pluie de pierres]. Et ce n’est pas en sortant quelques liasses de billets qu’il fera taire les opposants. Ici, il a fait tuer des dizaines peut-être des centaines de personnes et des milliers d’autres ont dû prendre la fuite. Personne ne lui pardonnera jamais ». A ce rythme-là, vu les tensions dans les Kivu, la démonstratin populaire de Bemba à Kinshasa et la mainmise sur l’Equateur, il devrait peut-être lui rester le Maniema, même si certains prédisent que l’ex-Premier ministre Matata, qui se voyait comme le dauphin idéal jusqu’au mercredi matin, pourrait aussi être tenté de faire quelques croque-en-jambes à son « camarade » du PPRD.
Shadary ne rassure pas et ce n’est pas l’Union européenne qui va dire le contraire, elle qui voit un homme placé sur sa liste de sanctions, intronisé candidat de la Kabilie. Quant aux Etats-Unis, ils attendent toujours la vérité sur l’assassinat de leur compatriote, expert des Nations unies, exécuté au Kasaï, toujours sous l’ère Shadary à l’Intérieur et à la Sécurité.
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