Afrique
L'armée a pris le pouvoir au Zimbabwe dans la nuit de mardi à mercredi, affirmant viser les « criminels » dans l'entourage de Robert Mugabe qui déstabiliseraient le pays. Le président Mugabe a quant à lui été confiné dans sa résidence, selon le président sud-africain avec qui il a eu un échange.
Le président sud-africain Jacob Zuma a pu s'entretenir par téléphone avec Robert Mugabe ce mercredi matin. Ce dernier est « détenu mais va bien », selon la présidence sud-africaine. « Le président Zuma s’est entretenu plus tôt aujourd’hui avec le président Robert Mugabe, qui lui a dit qu’il était détenu à son domicile mais a ajouté qu’il allait bien », précise un communiqué de la présidence sud-africaine.
Quelques heures auparavant, l’armée, qui a pris le contrôle de plusieurs points névralgiques du pays, avait annoncé à la télévision nationale que Robert Mugabe était « sain et sauf ». « Nous assurons à la nation que son Excellence le président (…) et sa famille sont sains et saufs et que leur sécurité est garantie », a affirmé dans la nuit le général Sibusiso Moyo, sans toutefois révéler où se trouvait le chef de l’État.
Bien qu'elle affirme que le président Mugabe et sa famille se portent bien, l'armée n'a pas donné davantage d'information sur sa femme, Grace Mugabe, qui espère succéder à son mari à la tête de l'État. La femme de 52 ans s'était attiré les foudres de l'armée la semaine dernière en obtenant l'éviction du vice-président Emmerson Mnangagwa, pour « déloyauté ».
Lutte pour la succession de Mugabe
Le Président Robert Mugabe (c) en compagnie de son épouse, Grace Mugabe (d), et de son vice Président, Emmerson Mnangagwa (g).
Ancien ministre de la Défense, Emmerson Mnangagwa, 75 ans, était considéré par plusieurs comme le successeur légitime de Robert Mugabe.
La veille de son éviction, Grace Mugabe l'avait publiquement traité de « comploteur » et avait annoncé qu'elle était prête le moment venu à succéder à son mari, et que le parti au pouvoir allait bientôt changer ses statuts pour qu'une femme soit vice-présidente.
Le limogeage de son vice-président par Robert Mugabe a été dénoncé dans le pays comme une manoeuve en vue d'installer son épouse aux commandes de la présidence après son départ.
Le chef d'état-major de l'armée, le général Constantino Chiwenga, avait réagi lundi en lançant un sévère avertissement au parti du président Mugabe, la Zanu-PF, pour dénoncer l'éviction du pouvoir d'Emmerson Mnangagwa. Le général Chiwenga avait alors prévenu le gouvernement Mugabe que l'armée n'hésiterait pas à intervenir pour « protéger notre révolution ».
« La purge actuelle [...] qui vise les membres du parti ayant été engagés dans la guerre d'indépendance doit cesser sur-le-champ », avait déclaré lundi le général.
En réponse, le parti présidentiel a accusé mardi le chef de l’armée de « conduite relevant de la trahison » et dénoncé sa volonté de « perturber la paix nationale ». Depuis, Harare bruissait de rumeurs sur le futur limogeage du chef de l’armée zimbabwéenne.
L’armée contrôle plusieurs points névralgiques à Harare
L'armée dans les rues d'Harare le 15 novembre 2017.
Peu de temps auparavant, vers minuit GMT, des échanges de coups de feu avaient été entendus pendant quelques minutes aux abords de la résidence de Robert Mubage, 93 ans. « Nous ne faisons que viser les criminels qui l’entourent », a pour sa part affirmé le général lors de son allocution télévisée, réfutant tout coup d’État militaire. « Dès que notre mission sera accomplie, nous nous attendons à ce que la situation retourne à la normale », a-t-il ajouté.
Des soldats ainsi que des véhicules blindés bloquent les voies d'accès aux principaux ministères, au parlement et aux tribunaux dans le centre d'Harare, la capitale du pays. Les dépôts d'armes ainsi que les armureries de la police ont aussi été pris par l'armée.
Après cette nuit agitée, la situation restait très confuse mercredi matin. À l’aube, des chars militaires déjà déployés dans les rues de la capitale se sont positionnés près du Parlement, y établissant des barrages. Des blindés contrôlent également les accès au siège du parti au pouvoir et aux bureaux où le président Robert Mugabe réunit d’habitude son gouvernement.
Si l’armée a pour l’heure démenti tout coup d’État, son intervention sur la scène politique zimbabwéenne, qui plus est à l’encontre de Robert Mugabe, est inédite. Une première qui inquiète bon nombre d’observateurs, à l’image de cet analyste à la firme britannique EXX Africa Risk Consultancy.
« Le silence du gouvernement après les déploiements militaires tend à confirmer que le président Mugabe a perdu le contrôle de la situation », a estimé Robert Besseling, cité par l’AFP.
Selon Reuters, citant une source gouvernementale, le ministre des Finances, Ignatius Chombo, partisan de la « G40 » [« Génération 40 », nom donné au clan de Grace Mugabe au sein du parti présidentiel, la Zanu-PF], aurait été interpellé.
Jacob Zuma contre un changement de régime « inconstitutionnel »
Premier à réagir dans la sous-région, le président sud-africain a fait part de sa préoccupation. Jacob Zuma a « appelé au calme et à la retenue et exprimé l’espoir que les développements au Zimbabwe n’amènent pas un changement inconstitutionnel de gouvernement », a déclaré la présidence sud-africaine dans un communiqué. L’Afrique du Sud a par ailleurs annoncé l’envoi de deux de ses ministres à Harare, celle de la Défense, Nosiviwe Mapisa-Nqakula, et celui de la Sécurité d’État, Bongani Bongo, pour « rencontrer le Président Robert Mugabe et les Forces de défense zimbabwéennes ».
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l'armée a pris le pouvoir mais assure qu'il ne s'agit pas d'un coup d'Etat. (© Reuters/Philimon Bulawayo)