Société
La vérité va certainement éclater dans les prochains jours sur le double meurtre de deux experts onusiens dans le Kasaï central, en mars 2017. Kinshasa a certes gagné la bataille à Genève en empêchant une enquête internationale sous la direction de l’ONU.
Parallèlement à cette enquête officielle, les USA et la Suède, deux pays auxquels appartiennent les deux experts assassinés, entendent aussi mener leurs propres investigations. Washington et Stockholm espèrent ainsi requérir suffisamment d’éléments accusateurs pour porter plainte contre la RDC.
Tout sera fait pour élucider le double meurtre de l’Américain Michaël Sharp et de la Suédo-Chilienne Zaïda Catalan, deux experts des Nations unies enlevés le 12 mars 2017 au Kasaï central et retrouvés morts 16 jours après dans une fosse commune. Déjà, il y a une avancée certaine quant à l’enquête. Elle sera conduite par les instances judiciaires de la République démocratique du Congo mais des experts des Nations unies vont travailler avec leurs collègues congolais sur cette affaire.
C’est une victoire diplomatique que Kinshasa a gagnée contre l’Union européenne, les Etats-Unis ainsi que les ONG nationales et internationales qui, eux, voulaient une enquête indépendante sous les auspices de l’ONU. Kinshasa a bénéficié de l’appui des pays africains pour garder la présidence de cette enquête au nom de sa « souveraineté ».
Dès lors, le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies a adopté, le vendredi 23 juin, à l'unanimité, une résolution appelant le Haut-Commissaire à nommer une équipe d'experts internationaux pour enquêter non seulement sur le meurtre de deux experts onusiens mais aussi sur les violations du droit international humanitaire et des droits de l'Homme commises dans la région du Kasaï. Ici, le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, entend envoyer un message fort aux présumés auteurs de ces exactions que la communauté internationale a fermement l'intention de les traduire en justice. « Nous soutenons pleinement l'établissement d'une commission d'enquête internationale et la considérons comme un pas de plus vers l'identification et la poursuite des auteurs de graves violations des droits de l'Homme », a dit M. Zeid dans un communiqué de presse.
Le Haut-commissariat aux droits de l’Homme tient mordicus sur l’indépendance des enquêteurs. « Cette équipe mènera son enquête de manière entièrement indépendante, dans le respect des normes internationales et conformément au mandat qui lui a été conféré par le Conseil. La résolution réitère clairement l'importance d'assurer la protection de toutes les personnes qui collaborent avec l'équipe, ce qui souligne la nécessité que le groupe d'experts opère en totale indépendance. Nous comptons sur la pleine coopération des autorités, en particulier pour nous octroyer un accès illimité à tous les sites, dossiers, individus et lieux concernés », a-t-il ajouté. Quant aux victimes, estime le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme, « qu'elles aient été tuées, mutilées, soumises à des violences indescriptibles ou forcées de quitter leur maison méritent qu'on leur rende justice ». Bien plus, le Haut-Commissaire a alerté ses services afin qu’ils continuent à « observer la situation des droits de l'Homme, à établir des rapports et à apporter une assistance technique » aux autorités de la RDC.
La région du Kasaï connaît une tragédie sans précédent depuis l’assassinat du chef Kamwena Nsapu en août 2016 par les forces de sécurité de la RDC. L’église catholique a dénombré, dans son message du 23 juin, 3 983 morts, plus de 20 villages totalement détruits. Les agences humanitaires ont signalé l’existence de 1,3 million personnes déplacées internes et de 30 000 réfugiés recueillies en Angola. La terreur et la violence dans les cinq provinces du Kasaï ont aussi causé de graves dégâts sur les édifices publics et sur les institutions ecclésiastiques de l’église catholique.
Preuves contre preuves
Les corps des deux experts de l’ONU, l’Américain Michael Sharp et la Suédoise Zaida Catalán, avaient été découverts le 27 mars, deux semaines après leur enlèvement.
Non contents de ce qui s’est décidé à Genève, les Américains et les Suédois sont déterminés, eux aussi, à mener leurs propres investigations pour découvrir la vérité sur l’assassinat de leurs compatriotes.
Il nous revient des sources bien informées que Washington et Stockholm ont déjà instruit leurs experts à mener des investigations sur le terrain, notamment, dans le Kasaï. Ces investigations parallèles devront aider les deux pays à constituer un dossier bien ficelé contre les commanditaires de l’assassinat de leurs compatriotes. Une fois toutes les preuves rassemblées, Washington et Stockholm comptent porter plainte contre la République démocratique du Congo.
Tout compte fait, plusieurs projecteurs seront braqués sur la tragédie du Kasaï. Déjà, les enquêteurs onusiens, bien qu’ils doivent collaborer avec les Congolais, n’entendent pas concéder une quelconque complaisance dans ce dossier. Ils seront rigoureux pour découvrir toute la vérité. Ainsi, les Nations unies ont, d'ores et déjà, exigé que tous les sites susceptibles d’apporter un brin de lumière soient accessibles et à tout moment. Une façon de dire qu’ils ne se laisseront pas mener en bateau.
De leur côté, les Américains et les Suédois partent avec des préjugés que la justice congolaise n’est ni libre, ni indépendante pour mener une enquête crédible. Dès lors, ces deux pays veulent utiliser toutes les voies possibles pour produire des preuves contre les présumés auteurs et commanditaires de l’assassinat de leurs compatriotes. Kinshasa est prévenu, rien ne doit rester caché dans ce dossier.
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Ils nous font confiance
Les États-Unis avait déjà appelé le Conseil de sécurité et le Secrétaire général des l'ONU à initier une enquête sur le double meurtre de ses deux experts tuées dans le Kasaï.