Religion
En ce jeudi 25 mai, les kimbanguistes ont fêté Noël. Dans leur uniforme blanc et vert, les membres du Mouvement social et de surveillance kimbanguiste (MSSK) défilent devant leur Dieu réincarné en un sexagénaire congolais replet, Simon Kimbangu Kiangani, vêtu pour l'occasion d'un costume africain uni bleu sombre.
Les kimbanguistes ont célébré hier leur fondateur en l'Esprit-Saint, et en ses trois fils l’incarnation ou la réincarnation des trois personnes de la Trinité chrétienne.
Petit-fils du prophète de Nkamba, leur « chef spirituel et représentant légal » actuel, « Papa » Simon Kimbangu Kiangani, est lui-même la deuxième réincarnation du Saint-Esprit, et la Ville sainte de Nkamba, la « Nouvelle Jérusalem », ou l'on déambule pieds nus ou en chaussettes, le port de chaussures y étant proscrit, sauf pour les soldats congolais commis à la garde du Dieu vivant et de sa famille.
« Peloton à l'honneur ! À gauche, gauche ! » Les cantiques de louange qui ont résonné pendant plusieurs heures dans l'immense temple de Nkamba ont fait place à une musique plus militaire et la foule des fidèles vient présenter les honneurs au Saint-Esprit lui-même.
Nul n'est trop jeune pour défiler. Succédant à ses aînés, un gamin haut comme trois pommes, jambes à l'équerre et le regard altier, effectue un salut impeccable, suivi par quatre garçonnets moins assurés.
Véritable Noël
Célébration de la fête de Noël Kimbanguiste
C'est en l'an 2000 que les kimbanguistes ont cessé de célébrer Noël le 25 décembre. Cette année-là, Salomon Dialungana Kiangani, Christ réincarné, né officiellement le 25 mai 1916, a « révélé » la « véritable date de la naissance de Jésus Fils de Dieu ».
Ce « don de la date » a été rappelé à plusieurs reprises aux fidèles pendant la cérémonie religieuse de près de six heures ayant précédé les défilés, en « l'absence physique du Saint-Esprit », parti s’enregistrer le matin dans un bureau de vote des environs en vue d'élections encore incertaines.
Venu de Belgique, Freddy-Mafu Kayita, trentenaire, n'est arrivé que depuis quelques heures à Nkamba, mais il est déjà conquis. Né et élevé en Allemagne dans une famille catholique avant d’entamer un chemin de conversion il y a une dizaine d'années, il est « satisfait » d'avoir trouvé ici « la confirmation » du résultat de ses « recherches », notamment sur les souffrances de la « race noire ».
« Adam et Ève étaient Noirs », dit-il, et les Africains subissent les effets de leur déchéance et de la colère divine provoquée par leur « péché envers Dieu », mais l'Église kimbanguiste « veut sortir la race noire de cette malédiction, pour lui rendre sa souveraineté perdue ».
Nkamba, La Nouvelle Jérusalem congolaise
Le mausolée de Simon Kimbangu à Nkamba dans la province du Kongo-Central.
Au total, ils sont environ 4.000 à s'être réunis en République démocratique du Congo, sur la colline sainte de Nkamba, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Kinshasa.
Berceau du kimbanguisme, Nkamba est le lieu de naissance de Simon Kimbangu, fondateur de cette religion née au XXe siècle dans ce qui était alors le Congo belge et qui, selon un de ses dirigeants, apporte au monde le véritable message de la révélation divine « voilé » en partie par Jésus-Christ, en qui les Kimbanguistes reconnaissent le sauveur de l'humanité.
Les fidèles de l'Église de Jésus-Christ sur la Terre par son Envoyé spécial Simon Kimbangu (EJSSK) révèrent en cet homme la "première incarnation" de l'Esprit-Saint annoncé par Jésus à ses apôtres dans le Nouveau Testament. Ils reconnaissent en ses trois fils "l'incarnation ou la réincarnation" des trois personnes de la Trinité chrétienne. Leur "chef spirituel et représentant légal" actuel, Simon Kimbangu Kiangani, petit-fis du fondateur, est pour eux la deuxième "réincarnation de Dieu le Saint-Esprit".
Selon l'enseignement kimbanguiste, Adam et Ève étaient Noirs, et ont été créés à Nkamba, ville natale de Simon Kimbangu et de ses trois fils, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Kinshasa. Nkamba est la "Nouvelle Jérusalem" que les fidèles reçoivent pour mission de contribuer à construire.
Pour les kimbanguistes, la réincarnation de Jésus en Afrique inclut le Continent dans le projet de salut de Dieu pour l'humanité.
Le livre saint des kimbanguistes est la Bible (Ancien et Nouveau Testaments), mais celle-ci occupe un rôle secondaire dans le magistère, après la révélation de Simon Kimbangu, qui se poursuit à travers les paroles et les prophéties de ses successeurs d'essence à la fois divine et humaine.
Religion d'émancipation de l'Homme noir
Le prophète Simon Kimbangu, fondateur de l’Église kimbanguiste. (© DR)
Le kimbanguisme est une religion née dans la première moitié du XXe siècle sur le territoire de l'actuelle République démocratique du Congo reprenant de nombreux éléments du christianisme importé par les missionnaires, mais en l'agrémentant de spécificités locales.
Son fondateur, Simon Kimbangu, n'a eu un ministère public que de quelques mois, en 1921, avant d'être condamné par les autorités de ce qui était alors le Congo belge pour incitation à la révolte et d'être emprisonné jusqu'à sa mort, en 1951.
Mais sa prédication a trouvé un fort retentissement au sein d'une population colonisée prête à entendre son message d'émancipation de l'Homme noir.
Persécutés par les autorités coloniales belges, les premiers kimbanguistes ont fini par obtenir l'autorisation de leur culte en 1959, l'année ayant précédé l'indépendance du Congo.
Selon l'Église, 33.000 familles, soit 155.000 personnes ont été déportées à l'intérieur du pays entre 1921 et 1951. Mais pour l'historien belge David Van Reybrouck, les archives administratives de l'époque coloniale indiquent un nombre dix fois moins élevé.
Tout en professant un message éminemment non-violent, les kimbanguistes affichent une organisation, un fonctionnement, et un décorum très militaires et attachent une importance toute particulière à la musique.
Implanté essentiellement en RDC, le kimbanguisme a essaimé dans certains pays voisins d'Afrique centrale, mais aussi en Europe, par le biais de la diaspora congolaise. L'EJSSK revendique 32 millions de fidèles. En RDC, leur nombre est évalué généralement à environ 10% de la population, soit entre 7 et 8 millions.
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