Société
Pierre-Olivier Sur, le Bâtonnier du Barreau de Paris a fait une promesse : celle de se retrouver prochainement à la barre du Tribunal de Bukavu, sur le banc des victimes. La cause à défendre lui tient à coeur : celle des femmes victimes de viols collectifs en République démocratique du Congo (RDC). Depuis plus de 20 ans, l’Est du Congo est en proie à des conflits à répétition. Une quarantaine de groupes armés sévissent toujours dans la région et 500.000 femmes sont victimes de violences sexuelles selon les derniers chiffres publiés par l’ONU.
Former les avocats congolais
Pour venir en aide aux femmes congolaises, Pierre-Olivier Sur veut avant tout « briser le silence » qui entoure les viols dans les conflits armés : le viol désormais utilisé comme arme de guerre. Pour cela, le Barreau de Paris a décidé de renforcer sa coopération aux avocats congolais du Bukavu. Une convention a été signée début juin entre le Barreau de Paris et celui de Bukavu, au Sud-Kivu. « L’aide n’est pas financière, mais en moyens humains » a précisé le Bâtonnier de l’Ordre qui souhaite ainsi investir des avocats parisiens dans la formation de leurs confrères congolais. L’objectif est d’être présent sur le terrain auprès des avocats congolais et surtout aux côtés des victimes afin « d’obtenir les conditions optimales d’un accès au droit et à la justice ».
Une justice indigente
Pour le Bâtonnier de Bukavu, Jean-Claude Bagayamukwe, cette aide est indispensable, tant les conditions d’exercices des avocats congolais sont précaires. « Nous sommes submergés de dossiers au Sud-Kivu et les avocats doivent tout faire : mener l’enquête, chercher les preuves, courir après les examens médicaux à l’hôpital et tout cela sans moyen financier » dénonce le Bâtonnier de Bukavu. « Nous avons mis en place des consultations gratuites pour ces femmes, souvent très pauvres, mais l’aide juridictionnelle de l’Etat n’est jamais versée », raconte Jean-Claude Bagayamukwe.
« Où passe l’argent de l’aide juridictionnelle ? »
« Les avocats ne sont pas payés et les victimes ne sont jamais indemnisées » nous explique encore le Bâtonnier de Bukavu. « Où passe l’argent ? Il se volatilise, mais à quel niveau ? Ce sont les cotisations des avocats de Bukavu qui nous permettent de fonctionner, l’Etat nous laisse sans aide ». Le Bâtonnier de Bukavu espère que la convention signée avec le Barreau de Paris permettra également de « mettre la pression sur les autorités congolaises pour qu’elles s’occupent enfin de l’aide juridictionnelle ».
Lutter contre l’impunité
Les 200 avocats de Bukavu attendent beaucoup de l’aide de leurs confrères parisiens. Après la signature de cette coopération judiciaire, les Barreaux de Paris et Bukavu se rapprocheront très rapidement afin de trouver « le bon moment et la bonne affaire » pour se rendre en République démocratique du Congo. « Vraisemblablement avant la fin de l’année » précise Etienne Lesage, avocat et membre du Conseil de l’Ordre du Barreau de Paris. Pour Jean-Claude Bagayamukwe, c’est un « combat de longue haleine » qui se poursuit contre les viols de masse en RDC. Une lutte contre l’impunité, sans laquelle « le Congo ne pourra retrouver la paix et la sécurité ».
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