Société
L'appel de l'opposition congolaise à une journée "villes mortes" pour exiger le départ du président Joseph Kabila en décembre était diversement suivi mercredi matin en République démocratique du Congo.
Le mot d'ordre de "carton jaune" au chef de l’État lancé par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement était largement suivi à Kinshasa, mais ignoré à Lubumbashi, la deuxième ville du pays.
La capitale paralysée
Kinshasa: peu de circulation sur le Boulevard du 30 juin ce mercredi 19 Oct. 2016. (© Sonia Rolley/RFI)
A Kinshasa, les rues étaient dans l'ensemble désertes vers 09H00 (08H00 GMT). Les transports en commun publics circulaient à vide ou presque alors que les minibus privés 207 "esprits de mort" étaient invisibles et la circulation en général pratiquement inexistante.
La quasi-totalité des boutiques étaient fermées et la seule activité visible était celle des "mama ya mapa", vendeuses qui arpentent les rues avec une bassine chargée de pains sur la tête, et des stations-services, ouvertes, mais sans clients.
Les hordes d'écoliers en uniformes bleu et blanc ont disparu et la mégapole de quelque dix millions d'habitants normalement grouillante et bruyante semblait comme frappée de torpeur.
Un important déploiement policier et militaire était visible autour du Palais du peuple (Parlement) et dans plusieurs "quartiers chauds".
Haut-Katanga : Lubumbashi semble avoir ignoré l'appel à la grève
Place de la gare à Lubumbashi (Archives mediacongo.net)
A Lubumbashi, fief de l'opposant en exil Moïse Katumbi (un des leaders du Rassemblement), l'activité fut normale.
Lundi et mardi, les autorités ont exhorté sur les médias publics locaux "la population à vaquer normalement à ses occupations", avertissant que les fonctionnaires qui ne viendraient pas travailler mercredi seraient sanctionnés.
"La politique de villes mortes au Congo ne peut pas marcher car nous vivons au jour le jour", a déclaré à l'AFP Kyungu Kabulo, cambiste indépendant, en rappelant le lot quotidien d'une population largement sans ressources dans un des pays les moins développés de la planète.
"Je suis d'accord avec les opposants", mais "j'ai une famille nombreuse à nourrir", a-t-il ajouté, "les dirigeants du Rassemblement qui nous demandent de rester à la maison, eux ils ont de l'argent, de quoi manger et leurs enfants sont en Europe".
Lubumbashi a, donc semble-t-il, ignoré l'appel à la grève de l'opposition tout comme la ville portuaire de Matadi à l'ouest et celle de Kisangani, à l'est.
Les rideaux sont par contre restés fermement tirés à Mbuji-Mayi, la troisième ville du pays et capitale diamantifère. Dans ce fief de l'UDPS, le premier parti d'opposition, les écoles sont restées fermées, les rues désertes jusqu'en début d'après-midi.
Bilan mitigé à l'Est
Goma: des opposants déposent des cartons jaunes au bureau du gouverneur
Sur la rive sud du lac Kivu, la ville de Bukavu, fief de Vital Kamerhe - l'homme qui fait figure de favori pour prendre la tête du nouveau gouvernement devant être constitué dans les semaines qui viennent - a totalement ignoré l'appel du Rassemblement, selon le correspondant local de l'AFP.
A Goma, ville jumelle de Bukavu sur la rive nord du lac, le mot d'ordre de "ville morte" était diversement suivi, selon deux journalistes de l'AFP sur place. La circulation était normale mais la majorité des boutiques était fermée vers 10H00 (08H00 GMT).
Les étals du grand marché de Goma sont restés vides une bonne partie de la journée, et à Beni une centaine de personnes est venue déposer des cartons jaunes à la mairie, symbole d'avertissement aux autorités par rapport à la fin du mandat de Joseph Kabila.
Pareil à Goma où des banderoles demandant le départ de Joseph Kabila. Les cartons jaunes devaient être déposés au gouvernorat par quelque 200 manifestants. La police anti-émeute, largement renforcée dans la ville, a finalement dispersé le rassemblement à coup de gaz lacrymogènes. Des pneus ont été brûlés, des pierres jetées, et la route barrée. En fin d'après-midi, le calme était revenu dans la ville frontalière avec le Rwanda.
A Butembo, des manifestants se sont même amusés à fabriquer un cercueil jaune, symbole de la fin du mandat de Joseph Kabila.
Mardi, la majorité et une frange de l'opposition ont signé un accord, à l'issue de pourparlers du "dialogue national", renvoyant l'élection présidentielle à avril 2018 et le maintien du président Kabila à son poste jusqu'à la prise de fonctions de son successeur.
L'UDPS a rejeté cet accord qui, selon elle "impose unilatéralement (à la tête de l’État) Joseph Kabila en violation flagrante de la Constitution" et a appelé à un "dialogue réellement inclusif" pour sortir le pays de la crise politique qu'elle traverse.
Lors de sa dernière mobilisation contre le pouvoir, 49 civils et 4 policiers ont été tués, selon l'ONU, les 19 et 20 septembre à Kinshasa dans des violences dont les autorités et la coalition d'opposition se renvoient mutuellement la responsabilité.
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