Haut Katanga : le chef de guerre Kyungu Gédéon se rend aux autorités provinciales

Le chef de guerre Kyungu Mutanga Gédéon et cent de ses combattants se sont rendus ce mardi 11 octobre aux autorités de la province du Haut Katanga, au village Malambwe (70 km de Lubumbashi).

Fatigué et amaigri, Gédéon Kyungu a déposé à Lubumbashi, en compagnie de ceux qui l’accompagnaient, ses armes et s’est engagé à œuvrer pour la paix. Ils ont remis aux responsables militaires les armes , les arcs, les flèches et les amulettes qu’ils détenaient.

"paix pour tous"

Coiffé d’un chapeau sur lequel on pouvait lire : "paix pour tous", ce seigneur de guerre est parti du village Malambwe à Lubumbashi est arrivé à bord d'une jeep de l'armée.

M. Kyungu Mutanda, accusé d'être à la tête des "Bakata Katanga" (un groupe rebelle sécessionniste) ayant semé la terreur au Katanga ces dernières années, a été accueilli par des danses et des chants festifs interprétés par une fanfare.

"J'avais reçu des armes en 1998 [pendant la deuxième guerre du Congo, NDLR] de feu Mzee Laurent Désiré Kabila pour barrer la route aux ennemis rwandais", a-t-il déclaré en kiluba.

Le chef du Mouvement des indépendantistes révolutionnaires africains (MIRA) révèle qu’il est venu répondre "à l'appel du président Joseph Kabila [exhortant les groupes armés à se rendre, NDLR], je suis venu déposer les armes", a ajouté le chef milicien, barbu et chapeauté, qui arborait un tee-shirt à l'effigie du président Kabila barré du slogan "Shikata" ("Wumela", en kiluba).

"Nous voulons la paix. Je n'ai peur de personne, ni de la justice de mon pays", a-t-il lancé. 

"La paix sans effusion de sang"

Le gouverneur de province du Haut Katanga salue cette reddition, "parce qu’elle prouve qu’on peut faire la paix sans effusion du sang", a-t-il déclaré. Il a garanti la protection des forces de sécurité à Gédéon et ses acolytes.

"L'ex-seigneur de guerre Gédéon a déposé les armes. C'est une victoire pour le peuple congolais", a exprimé à l'AFP le général Philémon Yav, chef de la 22e région militaire, couvrant l'ancienne province du Katanga.

"Les négociations pour aboutir à ce résultat ont duré plus d'une année", a ajouté l'officier, appelant les quelques dizaines de groupes armés encore actifs dans l'Est du pays à "suivre ce bon exemple".

Interrogé sur le statut de l"ex-chef rebelle", le général Yav a affirmé que celui-ci était "sous la surveillance de l'armée", mais qu'il n'était ni détenu, ni en résidence surveillée.

Le groupe Maï-Maï du milicien Kyungu Mutanga Gédéon a semé la terreur et commis des exactions dans les territoires de Mitwaba, Pweto et Manono entre 2004 et 2006. Arrêté, il avait été condamné à mort en mars 2009 pour "crimes de guerre, crimes contre l'humanité, mouvement insurrectionnel et terrorisme" avant de s'évader en septembre 2011.

Après son évasion de la prison de Kasapa à Lubumbashi, Gédeon Kyungu s’est réinstallé dans le territoire de Mitwaba où il s’est réorganisé et semé de nouveau la même terreur.