Marché de change : le Franc congolais reprend timidement sa valeur

L’autorité monétaire a encore du travail à faire. La monnaie nationale devra retrouver sa valeur afin de permettre aux Congolais de mieux
subvenir aux besoins tant des ménages que du monde des affaires.

Après des turbulences observées le week end dernier, la monnaie nationale reprend petit à petit de la valeur. Sa dégringolade semble ainsi
diminuer. Alors qu’un dollar américain s’échangeait contre 1120 FC, la devise américaine s’échange, depuis le lundi 3 octobre 2016 contre 1080 Francs congolais. Selon les spécialistes, les turbulences du week end n’étaient qu’une spéculation de la part de certains intervenants sur le marché de change.

A les en croire, en effet, cette accalmie est consécutive à l’intervention de la Banque centrale du Congo (BCC) qui a vendu, à travers l’adjudication, 50 millions de dollars américains pour contrer la dépréciation du franc congolais.

La Troïka stratégique, une réunion qui met autour du Premier ministre, le gouverneur de la BCC, les ministres des finances, de l’économie, du budget reconnait la fébrilité de cette opération qui donne les résultats à court terme. Elle a annoncé, sans donner des précisions, que des mesures immédiates seront prises et qu’un comité spécial devra se charger de cette
question de la dépréciation de la monnaie nationale et de l’inflation.

Au 27 septembre, les statistiques de l’Institut d’émission indiquent qu’une poursuite des pressions a été notée sur le marché des changes.
Le taux de change indicatif et parallèle moyen ont enregistré, d’un mois à l’autre, des dépréciations de 1,6 % et 4,8 %, se situant
respectivement à 1.040, 96 CDF le dollar américain et 1.137, 47 CDF.

S’agissant des réserves de change, elles se sont chiffrées à 996,21 millions USD, correspondant à 4,40 semaines d’importations des biens
et services.

Entre temps, sur le marché des biens et services, les spéculations continuent d’être observées, principalement en ce qui concerne les
biens de grande consommation. Un sachet de sucre (5 kg) coûte 5.500 Francs congolais contre 4.800 FC la semaine dernière. Une augmentation de 12 %. Le chinchard, aliment très prisé par les consommateurs kinois, se vend à 3.400 FC le kilo alors qu’il y a une semaine, la même quantité coûtait 2.800 CDF.

Des évidences

Des commerçants affirment revoir les prix à la hausse, prétextant s’être adaptés au taux de change. « Pour nous approvisionner, nous
avons besoin de la devise américaine. Et chaque fois que celle-ci bouge, elle a une incidence sur le prix de vente », a déclaré Jean-Richard, un vendeur du marché Simba Zikida, dans la commune de Kinshasa.

Quant aux consommateurs, il n’en est pas question. « Des vendeurs sont toujours prêts à revoir les prix à la hausse lorsque la monnaie locale se déprécie. Mais quand c’est le contraire, silence radio », s’est indigné un consommateur qui a requis l’anonymat.

La RDC peine, depuis quelques années, à asseoir les bases de son économie. Compte tenu des incertitudes, notamment sur la reprise des
cours de matières premières, le pays s’est vu obligé de revoir à la baisse son taux de croissance. Ainsi, cette croissance économique, sur la base des données de production à fin juin 2016, est estimée à 4,3 % en 2016 contre 6,9 % en 2015.

Du point de vue de l’offre, cette croissance resterait soutenue par la contribution du secteur tertiaire qui se situerait à 2,6 points contre
3,5 points en 2015, grâce au dynamisme observé dans la branche « transports et voies de communication » avec 1,2 point de
contribution.

Quant à l’approche par la demande globale, des contributions de 3,7 points et 0,6 point respectivement pour la demande intérieure et la
demande extérieure nette. Dans la même veine, le solde brut des chefs d’entreprises s’est affiché à -4,8 % au mois de septembre contre -1,9
% un mois plus tôt.